AccĂšslibre et gratuit (activitĂ© Ă  partir de 7 ans) Dimanche 19 juin de 10h30 Ă  15h30. Rendez-vous : bois de Cornecu, lieu-dit MouliĂ©ris / cimetiĂšre de Saint-Lizier, prĂ©voir des chaussures de marche. En cas de pluie, l’activitĂ© sera transfĂ©rĂ©e sur Je suis ravie d’avoir l’occasion de vous prĂ©senter aujourd’hui le talent de Claudia Cauville, artiste cĂ©ramiste et tellement plus encore, et d’avoir pu Ă©changer avec elle autour de son travail personnel d’artiste mais aussi de son atelier de cĂ©ramique La Mine, inaugurĂ© en septembre 2019. Une rencontre inspirante 
 J’aimerais pour commencer que tu nous prĂ©sentes ton parcours, tes formations, tes expĂ©riences, tout ce qui a construit ton identitĂ© artistique. Au dĂ©part je voulais faire du design produit, mais comme mon profil Ă©tait trĂšs artistique, Kathryn Hearn la directrice de Ceramic design Ă  Central Saint Martins a souhaitĂ© me rencontrer. Ce n’était pas un choix Ă©vident mais j’ai pris goĂ»t pour la matiĂšre, ma formation a durĂ© trois ans. AprĂšs mon diplĂŽme j’ai effectuĂ© plusieurs stages auprĂšs de cĂ©ramistes ou designer dont j’aimais le travail Kiln rooms, Silo Studio, Ariane Prin. Je continuais aussi de produire mes collections de diplĂŽme dans un atelier partagĂ©, ce qui m’a permis de vendre mes piĂšces chez Epurama, Ă  Paris. À la suite de ses expĂ©riences j’ai eu envie de faire un Master Ă  l’Ecal dans l’artisanat et le luxe pour me spĂ©cialiser davantage et me confronter Ă  d’autres objets. J’ai eu Ă  la chance d’avoir deux formations qui se complĂštent une formation artistique qui m’a permis de dĂ©velopper mon identitĂ© artistique et une formation plus factuelle, critique, qui m’a permis d’ĂȘtre efficace. À la suite de mon master, j’ai fait plusieurs stages, l’un chez chez India Madhavi archi d’intĂ©rieur et l’autre chez HermĂšs dans le dĂ©partement corne et bois. Ces deux expĂ©riences m’ont confortĂ©e dans l’idĂ©e que j’avais goĂ»t pour la matiĂšre et la couleur, mais que la production manuelle me manquait 
 Je devais retourner Ă  la terre. Je me suis donc inscrite dans l’atelier partagĂ© Clay, Ă  Paris, oĂč j’ai pu observer un engouement pour la cĂ©ramique. Puis j’y ai fait de belles rencontres. Je me suis dit qu’il Ă©tait temps que je rĂ©alise mon rĂȘve, d’ouvrir mon atelier ! La famille moderne, collection en faĂŻence autour du thĂ© et du objet est nommĂ© d’aprĂšs les amis et la famille de Claudia, elle reprĂ©sente sa notion de la famille. As-tu la sensation d’ĂȘtre Ă  la place Ă  laquelle tu t’imaginais ĂȘtre avant ce parcours ? J’ai longtemps hĂ©sitĂ© avant de me lancer
 J’ai rĂ©alisĂ© rapidement qu’il fallait ĂȘtre pluridisciplinaire pour rĂ©ussir faire de la communication, donner des cours, ĂȘtre photographe. Je me suis laissĂ©e guider, et suis finalement retournĂ©e Ă  la terre car c’est dans ce dialogue que j’étais la plus heureuse. J’ai ouvert mon atelier, La Mine, fin septembre 2019. C’est l’une de mes plus belles rĂ©ussites. C’est un atelier pluridisciplinaire, qui accueille des artistes rĂ©sidents, des workshops et Ă©galement des expositions. J’ai pour objectif d’en faire un lieu de rĂ©fĂ©rence de la cĂ©ramique contemporaine. En ce moment j’en profite pour faire le point sur mes prochains objectifs mais je fonctionne beaucoup Ă  l’intuition. La famille moderne, collection en faĂŻence autour du thĂ© et du cafĂ©.Carafe noire Jean-Baptiste Tu me parles d’intuition 
 Ça m’interpelle, comment te sers-tu de cette intuition ? Mes premiĂšres intuitions sont souvent bonnes. Je pense que l’intuition vient du rapport aux autres, comment on les ressent dĂšs les premiĂšres de dĂ©velopper mon sens critique personnel et j’analyse beaucoup ce qui m’entoure. Je suis trĂšs gĂ©nĂ©reuse quand j’aime une personne mais je dĂ©teste l’ j’ai pris la dĂ©cision d’inviter des cĂ©ramistes, Ă  exposer et vendre leurs piĂšces prochainement Ă  l’atelier. J’ai fait la rencontre de Lisa Allegra, et nous avons eu l’impression de se connaitre depuis toujours. Ce genre de rencontres me rĂ©jouit car ce sont des rencontres honnĂȘtes. Nous avons briĂšvement partagĂ© sur nos expĂ©riences mutuelles, le temps d’un cafĂ© et ce fut super enrichissant. Je suis heureuse de savoir que ce genre de rencontres peut aussi se faire sur Instagram ! Ça permet aussi de se sentir moins seule, de faire partie d’une communautĂ© qui s’entraide ! Parlons de ton rapport Ă  la matiĂšre. Pourquoi la terre ? Jai toujours eu une sensibilisĂ© pour les couleurs et la matiĂšre. La terre m’a permis de m’épanouir. Je ne crois pas ĂȘtre prĂ©destinĂ©e pour la terre mais j’apprends tous les jours en la travaillant. C’est une matiĂšre vivante, qui Ă©volue au contact des doigts et de la chaleur, ça crĂ©e des dĂ©couvertes infinies. J’ai cru comprendre que tu utilisais un processus industriel pour la fabrication de tes piĂšces. En quoi cela consiste-t-il et qu’est-ce que cela t’apporte ? Les piĂšces issues de la collection de mon diplĂŽme, Modern Family, ont Ă©tĂ© moulĂ©es. À l’école, nous avions tout un Ă©quipement qui m’a permis d’adopter un processus industriel. Je pouvais avoir de multiples modĂšles de la mĂȘme forme et expĂ©rimenter davantage sur les couleurs. Et puis, les formes voulues Ă©taient assez complexes Ă  modeler Ă  la main. Aujourd’hui je fais le cheminement inverse, sans machine, faute de place et de moyen. Je fabrique mes piĂšces au modelage, ce qui me permet d’expĂ©rimenter sur la forme d’avantage. C’est une redĂ©couverte de la matiĂšre, surtout que maintenant je suis passĂ©e au grĂšs pour des raisons pratiques, je rĂ©apprends Ă©galement Ă  utiliser les Ă©maux. Mon travail est plus sculptural. La famille moderne, collection en faĂŻence autour du thĂ© et du cafĂ©.ThĂ©iĂšre Brigitte On parle souvent des sources d’inspiration des artistes, parce qu’on est fascinĂ© par cette force qui les pousse Ă  l’acte crĂ©atif, mais je trouve qu’il y a plus fascinant encore l’intuition qui fait dire qu’une piĂšce est terminĂ©e, et rĂ©ussie. Pourrais-tu nous raconter ce qui te permet, toi, de savoir qu’une de tes piĂšces est rĂ©ussie, que tu peux la proposer pour une exposition ou Ă  la vente ? En ce moment j’expĂ©rimente beaucoup sur la forme du vase. J’accentue ce qui le caractĂ©rise son ouverture, ses anses. Je joue avec les vides et les pleins. Pour moi, une piĂšce terminĂ©e est une piĂšce qui ouvre le dialogue, intrigue, interroge. Une harmonie entre la couleur et la forme. C’est pourquoi, j’adore quand mon travail Ă©voque des rĂ©fĂ©rences personnelles, des rĂ©miniscences. Ça veut dire qu’il y a un dialogue qui se crĂ©e. A mesure que je travaille, je visualise un tableau, une famille d’objets et j’aime m’en rapprocher le plus possible. Si je ne suis pas contente d’une piĂšce, de la couleur par exemple, j’ai beaucoup de mal Ă  la vendre car pour moi c’est un travail inaccompli. Godess collectionUne collection de bijoux en porcelaine inspirĂ©e des dieux et dĂ©esses bijoux graphiques et colorĂ©s qui rendent hommages Ă  toutes les vente sur le site de La Mine Ce qui m’a tout de suite interpellĂ©e lorsque j’ai dĂ©couvert ton travail, c’est la notion de partage que tu incarnes. J’ai eu la sensation qu’il s’agissait lĂ  d’un des piliers de ton travail. La Mine semble parfaitement rĂ©pondre Ă  cela. Peux-tu nous en dire plus sur ce projet ? J’ai conçu La Mine pour que ce soit un lieu de convivialitĂ©, prĂ©texte Ă  l’échange et au partage, Ă  l’image de ma vision de la cĂ©ramique. Je voulais que son nom Ă©voque la notion de travail et de difficultĂ© mais aussi de rencontre. Je ne suis quasiment jamais seule Ă  l’atelier, dĂ©jĂ  parce que nous sommes trois Ă  le partager mais aussi parce que mes amis adorent venir manger, prendre le thĂ©. On bosse dur mais on aime aussi se faire plaisir. Mon Ă©ducation a forgĂ© une vision du travail basĂ© sur l’échange. Qu’est ce que ce partage, cette transmission de savoir-faire Ă  travers les workshops et les cours reprĂ©sente pour toi ? Je veux recrĂ©er du lien entre le savoir, les artisans et le public. Je pense qu’on est tous artisans de notre vie et chacun peut apprendre Ă  concevoir ses vĂȘtements, ses objets ou encore son pain. J’essaye de proposer des workshops intĂ©ressants et diversifiĂ©s pour rendre la matiĂšre accessible et enrichissante. Cela permet aussi Ă  un public novice de comprendre la difficultĂ© de cette matiĂšre, et ainsi de redonner de la valeur au travail de la terre, de mieux comprendre l’artisanat. DerniĂšrement nous avons eu un workshop vannerie & cĂ©ramique, avec l’artiste Emilie Lay, ce fut une belle rĂ©ussite. Les piĂšces qui ont Ă©tĂ© créées Ă©taient sublimes. Godess collectionUne collection de bijoux en porcelaine inspirĂ©e des dieux et dĂ©esses Antiques. Tu sembles multiplier les projets, tu dĂ©finis ton travail Ă  mi-chemin entre l’art et le design », je me reconnais aussi beaucoup dans ce dĂ©sir de ne pas s’enfermer dans une case. Pourquoi est-ce si important pour toi ? Je crois que mes influences sont multiples, je me nourris de rĂ©fĂ©rences antiques aussi bien que de moderne et je trouve l’inspiration partout. Il y a dans mon travail une dualitĂ© entre l’objet utile et l’envie artistique, les deux me procurent un certain bonheur. Aujourd’hui je fabrique des bijoux en porcelaine, rĂ©alise des vases, travaille avec la marque Bangle up, rĂ©alise la communication visuelle de La mine, mais qui sait de quoi demain sera fait ? Cette dĂ©finition me laisse plus de libertĂ© mais probablement qu’elle va Ă©voluer durant ma carriĂšre, affaire Ă  suivre 
 Une journĂ©e de travail Ă  La Mine, atelier de cĂ©ramique parisien. Merci mille fois Ă  Claudia de s’ĂȘtre prĂȘtĂ©e au jeu d’avoir acceptĂ© de se dĂ©voiler avec tant de justesse. Retrouvez son travail sur son compte Instagram ainsi que sur le site web de La Mine, et n’oubliez pas de jeter un oeil Ă  la programmation des workshops ! CrĂ©dit photos – Claudia Cauville

Lesarchives par sujet : christies. 12 3 4 5 Suivant Pleyber-Christ 29410, FinistĂšre, Bretagne 3082 .hab ÉvĂ©nements autour de Pleyber-Christ Annonces autour de Pleyber-Christ Agenda Pleyber-Christ Annonces Pleyber-Christ (emploi, entreprises Ă  reprendre, locaux pro) Sainte-Christie 32390, Gers, Occitanie 568 .hab ÉvĂ©nements autour de Sainte-Christie Annonces autour de

Les gorges de l’ArdĂšche sont farouches, tortueuses et profondes. La riviĂšre a creusĂ© un magnifique canyon dans les masses calcaires. L’eau a dissout dans des parties plus intimes de nombreuses grottes. Si ces gorges sont trĂšs connues et sur frĂ©quentĂ©es avec comme point d’orgue l’arche du Pont d’Arc, un Ă©lĂ©ment fait parler de lui, un peu indirectement, c’est le charbon de bois. Comment ça ? L’une des plus merveilleuses grottes ornĂ©es du monde, avec les tĂ©moignages dessinĂ©s par des hommes et/ou femmes et enfants il y a 36 000 ans, recĂšle un art pariĂ©tal unique dont une bonne partie est dessinĂ© au charbon de bois. La grotte Chauvet, Ă©crin de chefs d’Ɠuvres de l’art pariĂ©tal, oĂč pour la premiĂšre fois dans la chronologie de l’histoire de l’Homme, celui ci s’exprime au travers de symboles qui ont formes animales. La course des chevaux, les lions qui attaquent les bisons et les rhinocĂ©ros laineux Ă  bande noire sont autant de merveilles rĂ©vĂ©lĂ©s par la capacitĂ© d’artistes primitifs, maitre du fusain, a reproduire leur commun de chasseurs. Jouer avec les aspĂ©ritĂ©s, durcir le trait, estomper celui ci s’il faut ou dessiner un Ɠil autour d’un dĂ©tail de calcite ovale montre que ces hommes ont du bien des fois dessiner pour s’exercer auprĂšs de leurs feux avec les restes carbonisĂ©s des bois. Ils avaient compris que le HB, mine tendre, est meilleurs pour dessiner. Cela accroche mieux sur la parois dĂ©gagĂ©e de sa couche de glaise. Ils ont carbonisĂ© du Pin Sylvestre, tendre et marqueur. Dans une encoignure de draperie calcaire, j’ai vu » cet homme de l’Aurignacien, affuter son fusain. Il en reste des traces qui me sont aussi Ă©mouvantes que les splendides animaux dessinĂ©s. Ces artistes ont créés en exploitant des retraits de parois ou des bosses. Du grand art. Si les matĂ©riaux utilisĂ©s se partagent entre des pigments naturels et le charbon de bois, il y a, avec ce dernier, des morceaux Ă  terre qui sont restĂ©s tel quel. Vestiges d’activitĂ©s, ligne droite entre les palĂ©olithiques et les graffeurs modernes. Panneau de la galerie de l’Aurignacien. Je pense que la phrase les Aurignaciens maitrisaient parfaitement la combustion du bois » n’est pas exacte. Ou c’est la maitrise du feu ou la carbonisation du bois
 Le charbon de bois prend ici toute sa mesure dans l’évolution de l’Homme. Issu de cette maitrise qui a bouleversĂ© notre vie d’ĂȘtre humain, celle du feu, il est avec la taille des silex un des premiers objets » novateurs. Il se place au tout dĂ©but de notre capacitĂ© de transmettre, matĂ©riellement Ă  contrario du langage, des sensations et des formes d’autres ĂȘtres vivants. En l’associant au pigment naturel, l’Homme invente une forme de communication et pour la premiĂšre fois crĂ©e ce qu’on appelle aujourd’hui de l’Art. Pour qui, pour quoi, il est un peu trop facile d’y voir de la spiritualitĂ©, des dieux dans le reprĂ©sentation des lions. La seule chose que partage l’art et la spiritualitĂ© c’est l’imagination, infinie pour la premiĂšre et recroquevillĂ©e pour la deuxiĂšme. Le tracĂ© d’une courbe du dos d’un bison, les babines retroussĂ©es d’un fĂ©lin ou les formes clownesques d’un Mammouth sont l’affirmation du dĂ©but de l’Ère humaine, l’AnthropocĂšne. Au dĂ©but Ă©tait le charbon de bois.
dansbras ma Karine! et un clin d'oeil à ma sister de chaudron qui était digérer cette salade de fleurs 4 étoiles et vous montre une p'tite derniÚre et non des moindres pour la route celle de Thyflo. comment elle sait que j'adoooOOOre les potirons? j'comprend pas! ;) Bonne nuit fleurie pleine de couleurs! Lien permanent Catégories : Pull fleurs 1001 mains Tags : collectif, fleurs
SENS UNIQUE, Walter Benjamin - Fiche de lecture La nostalgie d'Enfance berlinoise prend ici statut de critique sociale La chaleur se retire des choses » parce que le capitalisme n'en a plus besoin, au temps de l'inflation et de la guerre Ă©conomique, pour dissimuler la cruditĂ© des rapports sociaux qu'il engendre. Dire la modernitĂ© Dans Sens unique, que Benjamin nommait sans plaisir son livre d'aphorisme », l'auteur articule une analyse dĂ©sespĂ©rĂ©e de l'illusion sociale, une dramatique eschatologie Si l'Ă©limination de la bourgeoisie n'est pas accomplie avant un moment presque calculable de l'Ă©volution technique et scientifique [. [
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] Lire la suiteCOMMUNICATION Les processus de la communicationÉcrit par Robert PAGÈS ‱ 6 234 mots Bavelas a substituĂ© Ă  une caractĂ©ristique rĂ©gionale l'ambiance de l'action une caractĂ©ristique certes relative au systĂšme gĂ©nĂ©ral de communication, mais dĂ©terminĂ©e par une variable technique strictement localisĂ©e. La notion d'autoritĂ©, transposĂ©e de la politique, c'est-Ă -dire de conceptions touchant le gouvernement ou la gestion de la sociĂ©tĂ© globale et les mƓurs qui s'y dĂ©veloppent, est remplacĂ©e par la centralitĂ©, propriĂ©tĂ© technique d'un systĂšme d'organisation. [
] Lire la suiteITINÉRAIRE ou VOYAGE SPIRITUELÉcrit par Universalis ‱ 1 079 mots ‱ 1 mĂ©dia L'Enfer est aussi le lieu littĂ©raire de la fabrication du feu, de la mĂ©tallurgie et de la technique. Un grand pas est fait au cours du xiie siĂšcle, quand apparaĂźt le Purgatoire entre Enfer et Ciel, au confluent d'une tradition irlandaise, qui situe au cƓur des Ăźles lacustres d'Irlande un Purgatoire verdoyant d'attente tranquille, et d'une tradition orientale, qui loge un lieu de tortures Ă  l'intĂ©rieur de l'Etna ou du Stromboli. [
] Lire la suitePEINTURE L'espace picturalÉcrit par Henri VAN LIER ‱ 2 613 mots Mais, en mĂȘme temps, ils demeurent en rĂ©fĂ©rence perçue avec l'environnement, par opposition Ă  ce qui se passe en musique ou en littĂ©rature. Pelliculaires et visibles, ils sont tout Ă  la fois immatĂ©riels et mondains ». Il en va de mĂȘme de l'acte qui les pose. Car il leur correspond un geste, ce qui n'est pas le cas en musique ou en littĂ©rature ; un geste opĂ©ratoire, Ă  la diffĂ©rence de la danse ; mais un geste qui n'est pas vraiment ouvrier comme celui du sculpteur et du bĂątisseur. [
] Lire la suiteMARCEAU MARCEL 1923-2007Écrit par Didier MÉREUZE ‱ 1 444 mots ‱ 1 mĂ©dia FondĂ© sur une technique sans faille, associant Ă  la maĂźtrise du corps rythme, musicalitĂ©, rĂ©flexion, Ă©motion, chacun de ses mouvements Ă©tait une tentative pour suspendre la vie. Son art Ă©tait l'aboutissement d'un long travail qui l'amenait Ă  puiser au plus intime de lui-mĂȘme et de sa mĂ©moire. Celle d'un enfant juif nĂ© le 22 mars 1923 Ă  Strasbourg, dans une famille modeste d'origine polonaise. [
] Lire la suiteDÉCHRISTIANISATIONÉcrit par Henri DESROCHE ‱ 4 195 mots Or, pendant des siĂšcles les valeurs occidentales se sont identifiĂ©es aux valeurs chrĂ©tiennes la vie quotidienne et saisonniĂšre est encadrĂ©e dans un calendrier chrĂ©tien et, si le temps est ainsi christianisĂ© Ă  l'intĂ©rieur de ce calendrier, les espaces sont christianisĂ©s autour des clochers, comme les vocabulaires le sont par une philosophie dĂ©rivĂ©e des thĂ©ologies chrĂ©tiennes. [
] Lire la suiteBRECHT BERTOLT Écrit par Philippe IVERNEL ‱ 5 507 mots ‱ 6 mĂ©dias Tous les effets d'une théùtralitĂ© sans fard – masques et musique exotiques, pĂ©ripĂ©ties et rebondissements, entrecroisement arbitraire et rencontre miraculeuse de deux sĂ©ries d'aventures, les aventures de la servante au grand cƓur, Grusche, et du juge des pauvres, Azdak, théùtre dans le théùtre – invitent Ă  une rĂ©flexion, uniquement suggĂ©rĂ©e dans le texte, sur la sociĂ©tĂ©, la justice et la maternitĂ©, sur les rapports entre l'art et la technique, la technique et la politique. [
] Lire la suiteRÉALISME art et littĂ©ratureÉcrit par Gerald M. ACKERMAN, Henri MITTERAND ‱ 6 499 mots ‱ 3 mĂ©dias Dans l'histoire du rĂ©cit, le rĂ©alisme est de tous les temps ; mais Ă  chaque Ă©poque il renaĂźt sous une forme neuve, qui rĂ©volutionne, en mĂȘme temps que notre vision et notre comprĂ©hension du rĂ©el, la poĂ©tique des genres. [
] Lire la suiteWANG LES QUATRE XVIIe s.Écrit par Françoise DENÈS ‱ 4 469 mots ‱ 1 mĂ©dia Wang Hui emprunte Ă  Fan Kuan et Ă  Guan Tong la technique des contours prĂ©cis et des petits traits en gouttes de pluie », mais il transforme les paysages statiques et majestueux de ces deux maĂźtres des Song du Nord en un tourbillonnement de roches d'une richesse inouĂŻe. La pĂ©riode de maturitĂ© de la fin des annĂ©es 1660 se poursuit encore aprĂšs 1670. [
] Lire la suiteALINARI LESÉcrit par Elvire PEREGO ‱ 1 435 mots ‱ 2 mĂ©dias L'expĂ©rience des grands voyageurs et des premiers ateliers photographiques des temps modernes alimente un faisceau de pratiques sociales et d'usages nouveaux la documentation au service des peintres et des beaux-arts, la constitution personnelle d'albums de collection, l'impression ou le rĂ©cit de voyage, les sĂ©ries de vues stĂ©rĂ©oscopiques, puis l'essor de la carte postale, image se doublant d'un espace de correspondance, lieu du lien et de l'Ă©change. [
] Lire la suiteBRA THÉOPHILE 1797-1863Écrit par Jacques de CASO ‱ 1 357 mots ‱ 1 mĂ©dia Outre cette production, Bra exĂ©cuta un petit nombre de portraits de personnalitĂ©s de son temps, Ɠuvres remarquables par leur pĂ©nĂ©tration psychologique, notamment le buste du docteur BĂ©clard marbre, 1825, AcadĂ©mie de mĂ©decine, Paris, celui de François Broussais plĂątre, 1822, musĂ©e de GuĂ©ret, de Guizot, marbre, 1835, coll. privĂ©e. L'envers d'une carriĂšre officielle Bra Ă©crivain et dessinateur Plus proche des intellectuels de son temps que des peintres et des sculpteurs, Bra a laissĂ© de nombreux Ă©crits. [
] Lire la suiteTÉLÉCOMMUNICATIONS La communication sans filÉcrit par Alexandre COTARMANAC'H ECHEVARRIA, RenĂ© WALLSTEIN ‱ 6 699 mots ‱ 5 mĂ©dias Or les rĂ©seaux 2G, qui Ă©tablissent entre les abonnĂ©s en communication des chemins ou circuits technique dite Ă  commutation de circuits qu’ils sont seuls Ă  utiliser pendant la durĂ©e de l’appel, sont mal adaptĂ©s Ă  la commutation de donnĂ©es. Ces derniĂšres, pour ĂȘtre traitĂ©es efficacement, nĂ©cessitent la mise en Ɠuvre d’une autre technique qui a Ă©tĂ© mise au point pour Internet la commutation de paquets. [
] Lire la suiteESTHÉTIQUE EsthĂ©tique et philosophieÉcrit par Mikel DUFRENNE ‱ 7 366 mots On doit donc, laissant de cĂŽtĂ© les circonstances psychologiques de la crĂ©ation, chercher comment elles ont accĂ©dĂ© Ă  l'ĂȘtre ; puisque cet ĂȘtre a Ă©tĂ© produit, puisqu'il porte souvent la marque des outils qui l'ont fabriquĂ©, il faut savoir comment, avec quels matĂ©riaux, selon quelles procĂ©dures technique de l'Ă©chafaudage pour la construction des cathĂ©drales, technique de la boĂźte pour la composition des toiles de Poussin, technique de l'ordinateur pour la composition des piĂšces musicales de Xenakis. [
] Lire la suiteSOCIOLOGIE Les mĂ©thodesÉcrit par FrĂ©dĂ©ric LEBARON ‱ 7 640 mots ‱ 6 mĂ©dias Dans un premier temps, l'interprĂ©tation statistique Ă©tablit les faits statistiques observĂ©s. Dans un second temps, l'interprĂ©tation sociologique les confronte Ă  la problĂ©matique, aux hypothĂšses et aux questions formulĂ©es initialement. Les conclusions statistiques et les conclusions sociologiques doivent ĂȘtre cohĂ©rentes le texte sociologique repose sur les faits statistiques Ă©tablis. [
] Lire la suiteDE CHIRICO GIORGIO 1888-1978Écrit par GĂ©rard LEGRAND ‱ 1 728 mots Il a la rĂ©vĂ©lation, Ă  Turin, de la suspension du temps Ă©cho possible de L'Éternel Retour dans l'allongement insolite de l'ombre des statues Ă  certaines saisons. Pour qu'une Ɠuvre d'art soit vraiment immortelle, il faut qu'elle sorte complĂštement des limites de l'humain le bon sens et la logique y font dĂ©faut. De cette façon, elle s'approchera du rĂȘve et aussi de la mentalitĂ© enfantine. [
] Lire la suiteCONRAD JOSEPH 1857-1924Écrit par AndrĂ© TOPIA ‱ 1 775 mots ‱ 1 mĂ©dia MĂȘme son art de romancier a cet aspect bifide tout en suscitant, par la magie de la voix et du rĂ©cit, l'illusion romanesque et la fuite dans un ailleurs, il se rapproche des expĂ©rimentations modernistes par sa technique de dislocation chronologique et de montage de points de vue. L'expĂ©rience des limites Comme Joyce, T. S. Eliot, Pound et D. H. [
] Lire la suiteIMPROVISATION MUSICALEÉcrit par AndrĂ©-Pierre BOESWILLWALD, Alain FÉRON, Pierre-Paul LACAS ‱ 5 113 mots ‱ 3 mĂ©dias La variation propose Ă  nouveau le sujet dans le temps mĂȘme oĂč elle le modifie. L'improvisation joue de l'identitĂ© apaisante et de l'altĂ©ritĂ© surprenante ; elle se rĂ©fĂšre Ă  un objet musical thĂšme, sujet qu'elle prolonge, condense, fait Ă©clater, colore ou dĂ©figure, selon un processus analogique dĂ©voilant des dimensions latentes du thĂšme choisies dans la totalitĂ© indĂ©finie du possible sonore. [
] Lire la suiteVINAVER MICHEL 1927-2022Écrit par Monique LE ROUX ‱ 1 703 mots Mais celle-ci est occupĂ©e cette fois par des activitĂ©s liĂ©es Ă  la vie théùtrale traductions, enseignement universitaire, direction de la collection RĂ©pliques pour l'Ă©laboration d'un rĂ©pertoire contemporain, mise en Ɠuvre d'une mĂ©thode de micro-analyse des textes, mise en Ɠuvre de cette technique dans deux ouvrages collectifs, Écritures dramatiques. [
] Lire la suiteDÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL HistoireÉcrit par Jean-Jacques FRIBOULET ‱ 8 118 mots ‱ 4 mĂ©dias Son niveau technique et Ă©conomique est Ă©quivalent Ă  celui de l'Europe. Au sud, l'Afrique noire fait cohabiter des civilisations primitives avec des sociĂ©tĂ©s au niveau technique plus avancĂ©, proche de celui du Moyen Âge europĂ©en. Elle est dĂ©jĂ  soumise Ă  la saignĂ©e qui rĂ©sulte du trafic d'esclaves en direction de l'AmĂ©rique et du Moyen-Orient globalement 25 millions de personnes. [
] Lire la suiteRAFFARIN JEAN-PIERRE 1948- Écrit par Delphine DULONG ‱ 1 013 mots Lorsqu'il en devient prĂ©sident en 1988, il se consacre alors Ă  plein temps Ă  la vie politique. À partir de 1989, il cumule ses responsabilitĂ©s politiques locales et partisanes avec un mandat de dĂ©putĂ© europĂ©en. Mais c'est surtout en 1995 que sa carriĂšre politique s'envole. Cette annĂ©e-lĂ , alors qu'il vient d'ĂȘtre reconduit au Parlement europĂ©en, il est Ă©lu sĂ©nateur de la Vienne et conseiller municipal de Chasseneuil-du-Poitou. [
] Lire la suiteHALLUCINOGÈNES, littĂ©ratureÉcrit par Jacques JOUET ‱ 1 054 mots ‱ 1 mĂ©dia Lorsqu'il annonce le temps des assassins » c'est-Ă -dire des haschischins, Rimbaud a quittĂ© le terrain de l'expĂ©rience. L'hallucination artificielle n'est dĂ©jĂ  que la mĂ©taphore d'un Ă©tat de voyance permanent qui n'est lui-mĂȘme que mĂ©taphore de la vocation poĂ©tique. Et si AndrĂ© Breton ne recommande pas les hallucinogĂšnes comme technique d'investigation, il a besoin de leur exemple pour prĂ©ciser le champ de sa doctrine Tout porte Ă  croire qu'il [le surrĂ©alisme] agit sur l'esprit Ă  la maniĂšre des stupĂ©fiants ; comme eux, il crĂ©e un certain Ă©tat de besoin et peut pousser l'homme Ă  de terribles rĂ©voltes » Manifeste du surrĂ©alisme. [
] Lire la suiteWESTON EDWARD 1886-1958Écrit par Marc-Emmanuel MÉLON ‱ 970 mots Edward Weston y adhĂšre un temps avec son fils Brett et quelques autres dont Ansel Adams, Imogen Cunningham ou Willard Van Dyke. En 1937, Edward Weston est le premier photographe Ă  recevoir une bourse de la fondation Guggenheim qui lui permet de voyager et de photographier l'ouest et le sud-ouest de son pays. Ses nombreux voyages, tant au Mexique qu'aux États-Unis, lui fournissent une matiĂšre abondante. [
] Lire la suiteENCEINTESÉcrit par Philippe LEVEAU ‱ 5 790 mots ‱ 5 mĂ©dias Ces opĂ©rations de construction sont facilitĂ©es par l'amĂ©lioration technique et la diminution des coĂ»ts consĂ©cutives au dĂ©veloppement de l'usage de l'opus caementicium ou blocage. Ce procĂ©dĂ© – connu des Grecs sous le nom d'emplecton mais non utilisĂ© systĂ©matiquement – permet d'utiliser la main-d'Ɠuvre abondante et peu qualifiĂ©e que la conquĂȘte a mise Ă  la disposition de Rome. [
] Lire la suiteMAIMONIDE M.Écrit par Warren Zev HARVEY ‱ 1 794 mots ‱ 1 mĂ©dia De la logique Ă  la Mishneh Tƍrāh » Maimonide, nĂ© Ă  Cordoue, en Espagne, Ă©tudia la Bible et le Talmud avec son pĂšre, Rabbi Maimon, qui Ă©tait versĂ© dans l'exĂ©gĂšse rabbinique ; en mĂȘme temps, il s'adonna aux Ă©tudes scientifiques. AprĂšs la conquĂȘte de Cordoue en 1148 par la peu tolĂ©rante dynastie des Almohades, la famille Maimon dut quitter la ville et pĂ©rĂ©grina Ă  travers l'Espagne, l'Afrique du Nord – vivant quelque temps Ă  Fez –, la Terre d'IsraĂ«l, pour s'installer finalement en Égypte Ă  Fostat le vieux Caire, en 1165. [
] Lire la suiteCRITIQUE DE LA FACULTÉ DE JUGER, Emmanuel Kant - Fiche de lectureÉcrit par François TRÉMOLIÈRES ‱ 1 040 mots L'esthĂ©tique kantienne, trĂšs technique dans son expression, n'en a pas moins reçu un considĂ©rable Ă©cho c'est que la pensĂ©e critique offre une reformulation en profondeur des grandes questions du temps. Ainsi du sublime, qui dans le goĂ»t des LumiĂšres avait progressivement supplantĂ© le beau. Comment expliquer l'alliance paradoxale du plaisir, caractĂ©ristique du sentiment esthĂ©tique, et de ce qu'Edmund Burke, dans sa Recherche philosophique 1re Ă©d. [
] Lire la suiteGUILLEM SYLVIE 1965- Écrit par Bernadette BONIS, Jean-Claude DIÉNIS, AgnĂšs IZRINE ‱ 1 677 mots Cette irrĂ©sistible ascension la propulse au rang de premiĂšre danseuse en 1984 ; elle n'aura guĂšre le temps de s'habituer Ă  ce titre puisque, cinq jours plus tard, elle est nommĂ©e Ă©toile, sur proposition de Rudolf Noureev, alors directeur de la danse. Et cela au soir d'une prise de rĂŽle prestigieuse, celle d'Odette-Odile, l'hĂ©roĂŻne au double visage du Lac des cygnes. [
] Lire la suiteTRAITÉ DE LA PEINTURE, Leon Battista Alberti - Fiche de lectureÉcrit par Martine VASSELIN ‱ 1 110 mots ‱ 1 mĂ©dia » Dans le deuxiĂšme livre, aprĂšs un Ă©loge de la peinture, liĂ©e de tout temps Ă  la religion et Ă  la mĂ©moire des grands hommes, Alberti la dĂ©finit par son objet elle s'efforce de reprĂ©senter les choses visibles », elle est pour moi une fenĂȘtre ouverte par laquelle on puisse regarder l'histoire ». Mais si son objet est la reprĂ©sentation des corps visibles, son but est de raconter une histoire qui constitue le dernier degrĂ© d'achĂšvement de l'Ɠuvre du peintre ». [
] Lire la suiteMOZI [MO-TSEU] env. 479-env. 390 av. par LĂ©on VANDERMEERSCH ‱ 1 133 mots L'initiateur d'une doctrine antifĂ©odale Le ressort originel de la rĂ©flexion de MaĂźtre Mo fut sa rĂ©pulsion pour la guerre sous toutes ses formes, intĂ©rieures et extĂ©rieures, telle qu'elle sĂ©vissait de son temps en prenant des proportions terrifiantes. Il se sĂ©pare d'abord des confucianistes sur le reproche qu'il leur fait de prĂȘter la main, pour arriver au pouvoir, Ă  des complots gĂ©nĂ©rateurs de guerre civile ; et lorsqu'il entre lui-mĂȘme en scĂšne politiquement, c'est pour dissuader des princes puissants de lancer leurs armĂ©es sur de petits pays sans dĂ©fense. [
] Lire la suiteCAMPRA ANDRÉ 1660-1744Écrit par Pierre-Paul LACAS ‱ 989 mots ‱ 1 mĂ©dia Cette Ɠuvre, amalgame de tout ce qui plaĂźt aux amateurs du temps, est une suite de danses, pastorales, airs et chƓurs dont l'absence de cohĂ©sion quant au dĂ©roulement de l'intrigue chaque entrĂ©e » ou acte compte un sujet et une action diffĂ©rents Ă©tonne aujourd'hui. Si, dans l'opĂ©ra, le sujet engendre la musique, ici, c'est la danse et la musique qui dĂ©terminent l'action. [
] Lire la suiteTHÉÂTRE OCCIDENTAL HistoireÉcrit par Robert PIGNARRE ‱ 8 347 mots ‱ 1 mĂ©dia DĂ©jĂ , dans l'Allemagne traumatisĂ©e des annĂ©es 1920, un militant du groupe Spartakus, Erwin Piscator, pour rĂ©veiller dans le prolĂ©tariat prostrĂ© par la misĂšre l'instinct de la lutte, avait inaugurĂ© une technique de choc visant Ă  investir l'inconscient du spectateur. En Europe de l'Ouest comme aux États-Unis, la stylisation expressionniste, vulgarisĂ©e par le cinĂ©ma allemand de l'Ă©poque, et dĂ©tournĂ©e pour un temps de ses visĂ©es rĂ©volutionnaires, accoutume Ă  une vision plus synthĂ©tique un public fervent spectateur des jeux du stade, des combats du ring et des arĂšnes, des courses de bolides, des acrobaties aĂ©riennes, et qui dĂ©jĂ  s'apprivoise aux stridences syncopĂ©es du jazz, Ă  l'art abstrait », Ă  l'onirisme surrĂ©aliste, et bientĂŽt, Ă  travers Kafka, au vertige intellectuel de l'absurde. [
] Lire la suite Lafautearousseau – ActualisĂ© le 17.01.2016] « Les Dieux ont soif » est un roman d’Anatole France, publiĂ© en feuilleton dans la Revue de Paris du 15 octobre 1911 au 15 janvier 1912, puis en volume chez Calmann-LĂ©vy Ă  la mi juin 1912. « La sociĂ©tĂ© devient enfer dĂšs qu’on veut en faire un paradis. » Cette pensĂ©e si juste de Gustave Thibon accompagne le lecteur Samedi, 21 FĂ©vrier 2009 1202 6 - 5 Bali ..... Ange ou dĂ©mon? Au moment de quitter Bali, oĂč je viens de passer 15 jours, je suis dans une grande perplexitĂ©....que faut- t-il en penser? Cette ile paradisiaque doit -t-elle inspirer la crainte ou l'envie? J'ai ressenti Bali comme un lieu Ă  part, unique en son genre, et Ă  ce titre cette ile mĂ©rite qu'on s'y attarde un peu... C'est une ile magnifique, par la richesse et la variĂ©tĂ© de sa vĂ©gĂ©tation abondante et luxuriante dans un cadre exceptionnel qui allie mer et montagne, forĂȘt Ă©quatoriale et volcans aux pentes arides couvertes de lave .... plages de sable dorĂ© ou noir, bananiers et palmiers de toutes espĂšces le long des routes et les riziĂšres en terrasse ... bref, on n'en fini pas d'ĂȘtre Ă©bloui par cette nature gĂ©nĂ©reuse. C'est ensuite son peuple, car il s'agit vraiment d'un peuple » trĂšs particulier, qui donne l'impression d'avoir Ă©laborĂ© sa culture singuliĂšre sans interfĂ©rence extĂ©rieure. Mais ce n'est qu'une impression, car la culture balinaise est un vĂ©ritable puzzle qu'il serait trĂšs compliquĂ© de reconstituer ici. Je n'ai jamais rencontrĂ© dans dans d' autres lieux des gens aussi raffinĂ©s – surtout ici Ă  Candi Dasa Ă  l'Est de l'ile - dans leur comportement, leurs attitudes physiques, leur Ă©gard par rapport Ă  autrui, leur gentillesse, leur beautĂ© aussi, en particulier celle des femmes, minces, trĂšs Ă©lĂ©gantes dans leur longues jupes de batik et leur vestes brodĂ©es de dentelle transparente, qui nous sourient tout le temps et prennent des fou-rires incroyables entre elles, vous font mille courbettes pour vous servir et ĂȘtre attentives au moindre de vos dĂ©sirs de touriste, et qui, les mains jointes vous souhaite Ă  chaque plat enjoy your meal ! ». Les tables sont ornĂ©es de fleurs, souvent des hibiscus, qui flottent dans de petites coupes remplies d'eau. MĂȘme chose dans les chambres, les salles de bain, devant votre porte... L'art de la dĂ©coration est sans limite, les soins de massage d'une douceur extrĂȘme et parfumĂ©e ... Une autre expĂ©rience intĂ©ressante m'est arrivĂ©e hier soir j'avais trĂšs mal Ă  une oreille depuis 3jours, mal de tĂȘte... bref pas bien du tout, et j'avais fait venir un mĂ©decin Ă  l'hĂŽtel le matin, laquelle m'a donnĂ© un traitement antibiotiques, anti inflammatoires etc...3heures plus plus tard, je dĂ©cide me mettre quand mĂȘme le nez dehors, et vais m'Ă©tendre sur une chaise longue au bord de la plage, complĂštement naze ... un indonĂ©sien d'une quarantaine d'annĂ©e au teint trĂšs foncĂ©, ridĂ©, un bon sourire Ă©dentĂ© sur ce qui lui restait de dents jaunĂątres , passe et me demande comme toujours How are you today? ». J'avais vraiment, mais alors vraiment, envie de rester tranquille, et lui rĂ©pond Je suis malade! -Vous us avez mal oĂč? -A l'oreille ! -Laquelle? -Gauche !! Alors il s'approche de moi, et sans rien me demander, commence Ă  me regarder et Ă  me masser le tour de l'oreille, en descendant vers le cou, je le laisse faire car ça me fait plutĂŽt du bien, et le massage continue dans les doigts, les bras, les pieds.... il remonte ensuite Ă  l'oreille, au cou et aux Ă©paules... bref, cela dure une heure et je me sens bien. Il me dit qu'il pratique une technique de rĂ©flexologie » ... il m'explique qu'il m'a dĂ©coincĂ© des vaisseaux dans le cou, qui empĂȘchait les Ă©coulements de se faire normalement dans l'oreille, et qu'il a fait descendre tout ça jusque dans les mains et dans les pieds!Eh bien je peux vous dire qu'Ă  la fin de ce massage, je n'avais plus mal du tout!!! et que depuis, je n'ai plus mal!! J'Ă©tais sidĂ©rĂ©e... Bien sĂ»r, je continue de prendre mes mĂ©dicaments, mĂȘme si cet homme m'a beaucoup impressionnĂ©e deux prĂ©cautions valent mieux qu'une!! Cela fait partie de la culture balinaise, et est aussi un bon exemple de la fascination que ces gens peuvent exercer sur nous. Vous imaginez le tableau j'Ă©tais sur la plage sous les palmiers, face Ă  une mer dĂ©chaĂźnĂ©e, entrain de ma faire masser par les mains plus ou moins crasseuses d'un type que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam, auquel je n'avais rien demandĂ© .... une scĂšne absolument Ă©sotĂ©rique et dĂ©concertante et complĂštement irrĂ©elle! La religion hindouiste et la spiritualitĂ© sont omniprĂ©sentes, les priĂšres et les offrandes, domestiques et collectives se font tous les jours, voire plusieurs fois par jour, partout, dans les maisons, les boutiques, sur les trottoirs, au coin des rues ...Alors que je suis en ce moment entrain d'Ă©crire cet article en attendant le taxi, une jeune femme vient me dĂ©poser une offrande mon bureau – ces petits paniers qui sont le symbole de Bali - pour que la suite de mon voyage se passe bien !!! Je me souviens de la forĂȘt des singes » Ă  Ubud, oĂč nous sommes allĂ©s avec David, de cette femme, qui faisait des offrandes, en dĂ©posant par terre ces petits paniers garnis de fleurs, de morceaux de fruits et d'encens au fur et Ă  mesure les singes bien Ă©videmment venaient tout mettre en vrac.... et elle, imperturbable, continuait, et les paniers disparaissaient aussi vite qu'ils Ă©taient arrivĂ©s ! Mon guide me disait encore hier que chaque matin, il allait prier dans son temple de la maison » et faire une offrande au dieu Snag Hyang Widhi Wasa selon le principe divin unitaire , Wasa Ă©tant la somme et la source de tous les autres dieux et dĂ©esses infĂ©rieurs et puis une fois par semaine aux temples du village, et encore une fois par an tous les 210 jours exactement avec toute la communautĂ© du village il allait fĂȘter l'anniversaire du temple ... et comme je l'interrogeais sur le sens de tout ça, il m'a rĂ©pondu que cela lui permettait de monter dans la hiĂ©rarchie de ses ancĂȘtres, et se rapprocher des dieux, lui qui appartenait Ă  la caste infĂ©rieure Ă  Bali il y a 4 castes qui ne parlent pas la mĂȘme langue ! La langue de le caste supĂ©rieure est complĂštement incomprĂ©hensible pour quelqu'un de la caste infĂ©rieure! Mais cela va vite disparaitre car maintenant tous les enfants scolarisĂ©s apprennent tous la langue de la classe supĂ©rieure . Cela fait partie de la notion de hiĂ©rarchie qui est une rĂ©alitĂ© bien ancrĂ©e et acceptĂ©e dans la vie de tous les jours... Quand on dĂ©barque en touriste occidental, on a vraiment l'impression que les Balinais consacrent une trĂšs grande partie de temps Ă  la priĂšre et aux offrandes. Tant de spiritualitĂ© nous nous surprend et nous interroge ... Bref, paysages, gentillesse et raffinement de ses habitants, spiritualitĂ© bien rĂ©elle et authentique, Bali semble ĂȘtre un paradis terrestre. ___________________________________ Et puis, quand on sort de son hĂŽtel et de la ville cĂŽtĂ© touriste » ,que l'on bavarde un peu avec les gens, que l'on se perd dans les ruelles dĂ©labrĂ©es des habitants, on se prend une claque en pleine figure! Non parce que tout cela n'est pas rĂ©el et trĂšs profond , mais parce que Bali ce n'est pas seulement cela, et que le contraste est trop flagrant pour que l'on ne s'interroge pas. Bali , c'est la pauvretĂ© salaire moyen d'un ouvrier comme il y en a tant 85 dollars US par mois – pas d'indemnitĂ© chĂŽmage- pas de lĂ©gislation en ce qui concerne le temps de travail, les gens travaillent autant qu'ils peuvent, souvent 8 jours par semaine, je suis allĂ©e visiter une usine de fabrication de bijoux en argent un dimanche... il faut voir les conditions de travail des 8 ouvriĂšres qui Ă©taient lĂ  - photo , voire la misĂšre, des bicoques sales et branquignolantes, des rues dĂ©foncĂ©es qui sont de vraies dĂ©charges oĂč les chiens viennent fouiner pour ne pas crever de faim parce qu'on a rien Ă  leur donner Ă  manger » sic . C'est aussi des enfants qui sont scolarisĂ©s quand on peut pourtant la scolaritĂ© est obligatoire mais tout le monde s'en fou et qui dĂ©ambulent dans les ruelles, au milieu de tas d'adultes qui sont assis par terre en fakir, Ă  jouer aux Ă©checs ou Ă  rien faire ... attendre que ça passe » et que l'heure de la priĂšre sonne ... La grande affaire c'est de harponner le chaland, le touriste, avec une insistance dĂ©concertante qui porte souvent ses fruits! pour lui proposer tout et n'importe quoi. Ils n'ont pas assez Ă  manger, ils sont rĂ©duits Ă  aller dans la jungle » ramasser les fruits sauvages qui abondent coco, bananes, mangues, etc..., Ă  pĂȘcher pour rapporter les poissons Ă  la maison, pour les faire cuire sur des pierres chauffĂ©es au feu d'Ă©corce de noix de coco ... ensuite ils viennent nous servir Ă  l'hĂŽtel sur des plateaux d'argent, et jettent tout ce qui reste dans les assiettes .... Depuis 2 jours, un homme assez jeune Madey me sollicitait non loin de la piscine il y est manifestement autorisĂ© pour aller faire un tour en bateau, les fameux petits catamarans trĂšs colorĂ©s et plein de charme tout droit hĂ©ritĂ©s des pirogues Ă  balanciers de leurs ancĂȘtres –Je n'avais pas envie il pleut beaucoup en ce moment et aujourd'hui je n'Ă©tais pas trĂšs en forme sous le ciel vraiment menaçant . Il a tellement insistĂ©, que j'ai fini par cĂ©der. Il m'a emmenĂ©e Ă  2 pas de l'hĂŽtel. LĂ , j'ai dĂ©couvert la petite cahute au toit recouvert de tiges de cocotiers – plames noires » eh oui ça existe ! oĂč s'entassait une bonne vingtaine d'enfants et d'adultes, tous probablement de sa famille, dont 3 d'entre eux se sont prĂ©cipitĂ©s pour l'aider Ă  mettre le catamaran Ă  l'eau, en portant les flotteurs en bambou sur leurs Ă©paules. C'est manifestement trĂšs lourd, et il doivent se dĂ©foncer les Ă©paules Ă  chaque fois. Il m'a expliquĂ© qu'il avait achetĂ© ce catamaran Ă  crĂ©dit sur 20 ans, pour 12 millions de roupies indonĂ©siennes environ 1000 euros qu'il Ă©tait trĂšs loin d'avoir fini de payer, que c'Ă©tait son seul bien, que sa maison, il l'avait construite lui-mĂȘme, qu'il avait une femme et trois enfants 2 petites filles et un bĂ©bĂ© garçon , ouf! Ce sont les garçons qui prennent soin de leurs parents ĂągĂ©s . Il m'a proposĂ© d'aller dans sa maison voir son bĂ©bĂ© » , ce que j'ai refusĂ© car j'en serais sortie sans doute encore, le cƓur meurtri ...en laissant un paquet de sous on arrose » beaucoup ici , ce dont je n'aurais pas Ă©tĂ© particuliĂšrement fiĂšre ... J'ai admirĂ© l' habiletĂ© Ă  diriger son petit bateau nous Ă©tions 3, lui son frĂšre et moi une seule grande voile dĂ©chirĂ©e, la pointe en bas, qui pivote par l'avant , et le mĂąt qu'il dĂ©boite de son socle, pour le faire tomber contre la baume ils les attachent ensemble d'un bout Ă  l'autre du bateau, qui devient une espĂšce de barque, et on rentre au moteur. Je suis retournĂ©e Ă  la hĂ»te» plus tard, et j'ai compris que tout ces gens Ă©taient de la mĂȘme famille, et qu'ils partageaient les revenus du catamaran ! 25 euros les 2 heures . Et puis enfin, il y a la politique les Ă©lections approchent, je n'ai jamais vu un tel Ă©pandage de drapeaux, d'affiches etc... qui enlaidissent considĂ©rablement le paysage. Et pourtant, quand je les interroge, les gens me disent qu'ils n'y prĂȘtent aucune attention, qu'ils ne vont mĂȘme pas voter, qu'ils s'en fiche, que les promesses disparaissent comme elles sont venues, que c'est une guerre des chefs, et qu'en rĂ©alitĂ©, seule la corruption rĂšgne dans le pays. La corruption, on me l'a dit maintes fois, est partout. Et pourtant je pense que seule la reprise en main de ce pays par des gens intĂšgres et dĂ©sintĂ©ressĂ©s, pourrait changer les choses, et donner un peu de richesse et de repos aux plus pauvres. On en est loin apparemment, si j'en juge par la campagne Ă©lectorale en cours! Een conclusion, je me demande, si finalement, la religion » n'est pas le cache-misĂšre indispensable pour faire tenir le systĂšme en place. Si cette spiritualitĂ© dĂ©bordante, n'est pas ce qui permet d'occulter les vĂ©ritables problĂšmes, en servant d'hypnotique Ă  la population basique » et totalement rĂ©signĂ©e, qui ne croit et ne pense qu'Ă  ça, y passe tout son temps de libre, persuadĂ©e qu'ainsi, elle atteindra le paradis .... dans un autre monde. VoilĂ  l'interrogation que je me pose en quittant Bali, pour le peu que j'ai pu en observer en 15 jours seulement, l'art et la spiritualitĂ© au secours de la misĂšre ? Bali ange ou dĂ©mon ? Ou encore pour reprendre la trĂšs jolie expression de Yasmina Khadra Ce que le jour doit Ă  la nuit ». - Mais mon sĂ©jour Ă  Bali s'est terminĂ© sur une note optimiste et joyeuse, dans un bon restaurant de Candi Dasa, oĂč j'ai Ă©tĂ© invitĂ©e par un couple d'amĂ©ricains charmants Bill et Adina de Seattle dans l'Etat de Washington - photo, avec lesquels nous avons beaucoup discutĂ© de ces questions, et qui allaient je dois dire, dans le mĂȘme sens que moi. Nous avons Ă©changĂ© nos adresses et promis de nous revoir .
Dansl’est de la ville vivait un commandant Ă  la retraite qui, depuis longtemps, nourrissait de l’aversion contre les TĂ©moins de JĂ©hovah, et dont le fils, Ă  son grand dĂ©pit, faisait pourtant partie. Un jour de fĂ©vrier, cet ancien officier a parcouru 160 kilomĂštres jusqu’au domicile de son fils, qui habitait la ville de Nakuru, dans
1Pourquoi le soulĂšvement gbaya, la guerre de Karnou » dite aussi du manche de houe » du dĂ©but de la pĂ©riode coloniale a-t-il fait l’objet d’écrits substantiels alors que celui du dieu de Lam », en pays gidar, est restĂ© paradoxalement occultĂ© ? PrĂ©sentĂ©e comme un objet d’histoire bien identifiĂ©, la guerre de Karnou » illustrerait un cas avĂ©rĂ© de rĂ©sistance africaine face Ă  l’agression coloniale, alors que le dieu de Lam » relĂšverait d’évĂ©nements plus complexes et plus malaisĂ©s Ă  exposer. Encore que ces deux sĂ©ditions rĂ©vĂšlent de troublantes ressemblances. 2Tout d’abord, elles commencent Ă  la mĂȘme pĂ©riode, celle du dieu de Lam 1927 prĂ©cĂ©dant Ă  peine celle de Karnou 1928. Les protagonistes prĂ©sentent le mĂȘme profil » de sorciers », selon la terminologie coloniale d’alors. La vie et l’Ɠuvre des prophĂštes », Toumba chez les Gidar et Karnou pour les Gbaya, Ă©pousent une symĂ©trie confondante. 3Leurs magistĂšres respectifs commencent aprĂšs une disparition. Tous deux sont donnĂ©s morts et reviennent chez eux transfigurĂ©s ». La mĂȘme annĂ©e, 1924, ils inaugurent leurs premiĂšres prĂ©dications. Chacun dispose d’un sanctuaire, Ă©galement lieu de pĂšlerinage. Pour l’un, c’est un vaste camp de constructions de vannerie Ă  Lam ; pour l’autre, une bĂątisse vaste comme une Ă©glise » Bah 1974, dans le village de Nahim. Traditionnels dans leurs tenues, peau lombaire pour Toumba, pagne d’écorce de Ficus pour Karnou, ils n’en diffĂšrent pas moins physiquement. Toumba est dĂ©crit comme corpulent, et Karnou comme souffreteux ». Ils suivent un mode de vie singulier et n’acceptent que certaines nourritures. Leurs appartenances sociales respectives les auraient, d’une certaine façon, prĂ©parĂ©s Ă  leurs missions. Toumba appartient Ă  un clan de devins fameux ; Karnou est prĂ©sentĂ© comme un maĂźtre labi », un chef d’initiation. 4Ils dĂ©livrent leurs messages par le biais de mĂ©diums et/ou en contrefaisant leur voix. Quant au contenu, la ressemblance se fait plus prĂ©gnante encore. Tous deux invitent Ă  combattre et Ă  faire disparaĂźtre cette colonisation europĂ©enne qui avance inexorablement. Rejeter ce qui vient du Blanc », argent, impĂŽt, Ă©cole, etc., le tout, sur fond de discours messianique, celui du dĂ©sespoir, avec une transposition de la lutte Ă  travers la mobilisation de forces religieuses occultes. Leurs sacrifices seraient assez puissants pour chasser les colons », massacrer leurs suppĂŽts, les chefs qu’ils ont nommĂ©s et leurs protĂ©gĂ©s, les Peuls, les conquĂ©rants d’hier. 5Les troubles engendrĂ©s se jouant des toutes rĂ©centes frontiĂšres coloniales, s’étendent, avec le dieu de Lam », au Cameroun et au Tchad ; avec Karnou, l’embrasement est plus vaste encore Cameroun, Tchad, Oubangui. Le berceau de la rĂ©volte se situe, pour les uns, chez les Gidar, pour les autres, chez les Gbaya. 6Ces deux soulĂšvements ont pris au dĂ©pourvu l’administration coloniale, qui ne s’était prĂ©parĂ©e Ă  des rĂ©actions contre sa prĂ©sence que du cĂŽtĂ© des sociĂ©tĂ©s musulmanes, de leurs appareils dynastiques ou de certains cercles religieux – et n’avait, Ă  aucun moment, envisagĂ© une mobilisation d’une telle ampleur de la part de groupes paĂŻens inorganisĂ©s ». 7Ces mouvements, non seulement semblent totalement dĂ©connectĂ©s du monde musulman, mais ils leur sont antagonistes. L’administration coloniale apparaĂźt comme un nouveau suzerain des principautĂ©s peules, qui se sont implantĂ©es au xixe siĂšcle Ă  leurs dĂ©pens. En 1927, Ă  la demande des commandants » coloniaux, les lamidats peuls de Mindif et de Doumrou mobiliseront leurs cavaleries – curieusement dĂ©nommĂ©es partisans », dans les archives – pour mater l’insurrection gidar, comme le lamidat de Rey le fera en dĂ©cembre 1928 contre le soulĂšvement gbaya. 8On est alors en prĂ©sence des mĂȘmes types de combats, des embuscades derriĂšre des rideaux de mil et d’herbes hautes, conduits sans stratĂ©gie mais non sans tactique et savoir-faire. Puis ce sera, pour les insurgĂ©s, la mĂȘme confrontation Ă  la puissance de feu des colonnes de miliciens. Les deux prophĂštes connaĂźtront une fin semblable, leur disparition Ă©tant niĂ©e afin d’entretenir l’attente de leur retour pour un soulĂšvement enfin triomphant. 9Une interrogation demeure existe-t-il un lien entre ces deux soulĂšvements quasi concomitants ? Le point de jonction gĂ©ographique aurait pu ĂȘtre le pays laka, entrĂ© dans la rĂ©bellion de Karnou et proche des Lame et Kado, qui comptĂšrent parmi les plus engagĂ©s des affidĂ©s du dieu de Lam. Nous ne disposons d’aucun Ă©lĂ©ment pour avancer l’hypothĂšse d’une intelligence entre ces deux sĂ©ditions, ni mĂȘme d’une interinfluence. Le premier soulĂšvement, celui de Lam, s’est rapidement Ă©teint, en 1928, alors que la guerre de Karnou, parmi les Gbaya, devait durer, aprĂšs la mort de Karnou survenue en 1928, jusqu’en 1930 et mobiliser des troupes plus nombreuses. 10Outre les archives coloniales, le dieu de Lam a bien eu droit Ă  quelques mentions, de Jacques Lestringant 1964, Chantal Collard 1973 et Alain Beauvilain 1989 ; toutefois, aucun travail ne lui a Ă©tĂ© consacrĂ©. On peut s’en Ă©tonner. Pourquoi un historien camerounais aussi couvrant » que Mohammadou Eldridge 1934-2004, par exemple, ne s’en est-il pas saisi, ni n’a conseillĂ© ce sujet Ă  des Ă©tudiants de l’universitĂ© de NgaoundĂ©rĂ© fondĂ©e en 1993 ? La question semble d’autant plus lĂ©gitime que le lamidat de Mayo LouĂ©, dont Ă©tait originaire sa mĂšre et duquel dĂ©pendaient administrativement les Gidar de l’Est, se trouve en premiĂšre ligne dans les Ă©vĂ©nements du dieu de Lam. 11Ce sujet apparaĂźt aujourd’hui un peu dĂ©modĂ© comme s’il n’avait pu ĂȘtre Ă©tudiĂ© en son temps. L’histoire du dieu de Lam n’en demeure pas moins ambiguĂ« parce qu’elle relĂšve d’un double combat contre les principautĂ©s peules et l’administration coloniale. Les ingrĂ©dients du prophĂ©tisme millĂ©nariste, toujours complexe, avec ses issues mystiques pagailleuses, peuvent aussi dĂ©courager l’analyse. L’étrangetĂ© de ce soulĂšvement, rĂ©alisĂ© sur ses marges et non dans son Ă©picentre, Lam, suivi de son Ă©touffement rapide, concourt Ă  en faire un oubliĂ© de l’histoire. Il n’y aurait aucune nĂ©cessitĂ© Ă  y revenir, n’était-ce pour le prophĂšte, Toumba Modomdoko, personnage hors du commun, dont la carriĂšre se prĂȘte Ă  une constante réévaluation de la part de la sociĂ©tĂ© gidar. Le magistĂšre de Toumba Modomdoko, dit Mangilva ou le dieu de Lam » 1 Les recensements, commencĂ©s en 1935-1936, se font plus prĂ©cis en 1939-1941, mais le plus complet es ... 12Il est nĂ© Ă  Lam, en pays gidar. Lam, dĂ©formation de zam, en kada, langue des Gidar, dĂ©signe, selon Jean Mouchet 1967, un Ă©norme massif granitique plantĂ© en plaine. Bastion rocheux inexpugnable, ce massif a favorisĂ©, sur ses piĂ©monts, une concentration exceptionnelle de populations signalĂ©es par plusieurs administrateurs dans leurs rapports de tournĂ©e1. Il s’agit de quartiers agglomĂ©rĂ©s composĂ©s d’habitations en terrasses dĂ©bordantes tebalka, parfois coalescentes, accompagnĂ©es de greniers de diffĂ©rentes factures, l’ensemble sous une rĂŽneraie sans fin. Des haies composites Ă  base d’Adenium obesum et d’Acacia ataxacantha corsetaient chacun des quartiers, tout en doublant leurs lignes dĂ©fensives, cĂŽtĂ© plaine. Ces archĂ©ophytes sont longtemps restĂ©s en place Ă  Kongkong, ensemble de villages au sein d’un semis de roches ruiniformes, en face de Lam. On en trouvait encore des traces dans les annĂ©es 2000 alors qu’à Lam, l’administration coloniale avait ordonnĂ© leur dĂ©mantĂšlement dĂšs avant les annĂ©es 1930. 2 Nos principaux informateurs, hommes d’ñge pour la plupart, sont des proches de Mangilva, comme Damb ... 13Toumba Modomdoko, ou Na Domdoko, rĂ©side dans le sous-quartier de Bray, inclus dans celui, plus vaste, de Kisemo. Il est le fils de Saka Digisba, du clan Mandaway, celui des grands devins, encore que Saka lui-mĂȘme ne professe pas. Sa mĂšre, Diya, ou Diina Doduson, appartient au clan Makarba. AprĂšs la mort du chef de Lam, Nembata, fusillĂ© par les Allemands, Lam connaĂźt une Ă©poque de troubles. Dawaye Napal devient chef par intĂ©rim ; Saka, pĂšre de Toumba, est son notable principal. Il cherche Ă  imposer par la force le pouvoir de Dawaye Napal et dĂ©clare vouloir mener la chasse de nuit » – autrement dit, faire disparaĂźtre les opposants. Mais les partisans de Douloum, fils de Nembata, l’emporteront, et Saka mourra empoisonnĂ©. La famille de Toumba appartient bien au cercle du pouvoir de Lam2. Carte 1 Carte de situation de la rĂ©gion de Lam © Christian Seignobos Un personnage singulier dĂšs l’enfance 14Toumba a Ă©tĂ© Ă©levĂ© comme tout garçon gidar. Petit, il Ă©tait chevrier, avant d’accompagner son pĂšre sur les champs. Il a le teint clair et, jeune, il est dĂ©jĂ  replet. Son demi-frĂšre, Damba Govdo, le dĂ©crit comme agoraphobe. Il sort d’un cercle de camarades dĂšs lors qu’ils deviennent trop nombreux. Son comportement est jugĂ© trop calme, trop rĂ©servĂ© pour un garçon. NĂ©anmoins, on ne saurait s’en Ă©mouvoir, le caractĂšre prĂȘtĂ© aux Toumba », nom classificatoire des troisiĂšmes fils, chez les Gidar, Ă©tant celui d’ĂȘtres doux, peu aventureux voire benĂȘts. Post-adolescent, il ne se mĂȘle plus aux jeux et prend ses repas Ă  part. En se dĂ©sintĂ©ressant des filles, il s’engage dans une catĂ©gorie de cĂ©libataires volontaires boggor comprise comme sexuellement anormale. Cette dĂ©viance, conçue comme la consĂ©quence d’un sort, ferait de lui un sorcier » potentiel. Dans son cas, ce trait sera transcendĂ© comme le sceau d’une pseudo-divinitĂ© exprimĂ©e par Mangilva ». 15AprĂšs la mort de son pĂšre, il est recueilli par son oncle Govdo – qui hĂ©rite de sa mĂšre –, lui-mĂȘme devin rĂ©putĂ©, dont il subira l’influence. D’aprĂšs Chantal Collard 1977 329, le nombre de devins en pays gidar un pour une vingtaine d’enclos familiaux environ, est rĂ©vĂ©lateur de l’importance de leur rĂŽle et de la frĂ©quence de leurs interventions ». Nombreux aussi sont les procĂ©dĂ©s divinatoires. Le jet de pailles coudĂ©es, par exemple, rend compte d’une divination domestique, celle des metaw gumda ceux qui Ă©touffent le poulet, trĂšs courante chez les Gidar. Quant aux musu helgi devins aux pierres, ils opĂšrent Ă  partir d’une table divinatoire, avec des artefacts disposĂ©s en demi-cercle. Ces derniĂšres sĂ©ances mantiques intĂ©ressent la vie sociopolitique de la communautĂ©, aussi se dĂ©roulent-elles sous le contrĂŽle des autoritĂ©s du village. Les devins peuvent agir individuellement ou collĂ©gialement, selon la demande du chef. Dessin 1 Damba Govdo, demi-frĂšre de Toumba 2005. © Christian Seignobos 3 Chez les Giziga, les Tupuri, les Gizey, l’habitation des plus anciens et puissants ritualistes est ... 16Toumba disparaĂźt soudainement pendant sept lunes. Sa famille le pleure. L’histoire commence alors. Il serait ĂągĂ© de 25 ans, mais aujourd’hui, on parle de 32 ans, lorsque Dieu [descend] en lui », mangilva gik azani, selon de nouvelles formulations dont nous aurons Ă  reparler. Son histoire Ă©pouse dĂšs lors le parcours du prophĂšte inspirĂ©. Lorsqu’il rĂ©apparaĂźt Ă  Lam, Ă  l’aube, il porte des cheveux longs, hirsutes, ce qui, chez les Gidar, dĂ©note une marque de possession, de folie. Il se dĂ©clare Mangilva na Bray », le divin de Bray, nom de son quartier et qui est aussi l’appellation du bouclier en bois de caĂŻlcĂ©drat des Gidar. À l’annonce de sa divinitĂ©, sa famille prend peur Comment vont rĂ©agir les grands notables ? » Mangilva refuse d’entrer dans la concession de son oncle et on lui construit une case Ă  part, toute en vannerie3. Il cherche Ă  se dĂ©gager des liens du sang, adopte une existence Ă  l’écart et, pour mieux ce faire, il choisit de se soustraire au regard du commun. Son magistĂšre, qui se dĂ©roule de 1924 Ă  1927, commence Ă  l’époque des chefs Douloum, de Lam, et MĂ©li Toumba de Kongkong. Toumba, le rĂ©formateur religieux 17Toumba est appelĂ© Mangilva, le cĂ©leste », ou encore l’envoyĂ© de Dieu » Mangilva det leuwa. Lui-mĂȘme se prĂ©sente comme celui qui tient la main de Dieu, naw narma vaho aza Mangilva » moi/agripper/main/Ă  Dieu. 18Toumba va faire oeuvre de rĂ©formateur au sein du systĂšme religieux gidar. Il engage d’entrĂ©e deux combats Ă©manciper les Gidar et les groupes voisins de l’influence tutĂ©laire de Goudour, et limiter l’emprise sociale des forgerons sur la communautĂ© gidar. Mangilva donne l’impression de vouloir solder l’hĂ©ritage de Goudour, ancien grand centre religieux rĂ©gional. Ce dĂ©tachement de Goudour poursuit un long combat menĂ© par les clans venus de l’Est et du Sud Mundang et Mambay – sa famille est issue de LĂ©rĂ©, au Tchad – contre ceux prĂ©alablement Ă©tablis, qui se revendiquent de Goudour. 4 Daniel Barreteau, communication de notes de terrain 1995, en cite d’autres, qui relĂšvent du mĂȘme ... 19Goudour, situĂ© Ă  l’entrĂ©e des monts Mandara, au nord du pays gidar, fut un centre religieux exceptionnel dont l’influence toucha les monts Mandara et les plaines adjacentes sud-orientales. Il suscita, du xvie au dĂ©but du xxe siĂšcle, un Ă©norme pĂšlerinage, qui cessera en partie, pour les plaines, avec la conquĂȘte peule, au dĂ©but du xixe siĂšcle Seignobos 2014. Un grand nombre de clans gidar comptaient parmi les plus fervents affidĂ©s de Goudour. Les routes de pĂšlerinage qu’ils suivaient passaient par des relais rituels oĂč les dĂ©lĂ©gations de pĂšlerins s’agrĂ©geaient peu Ă  peu Ă  d’autres, chaque groupe composĂ© de quelques reprĂ©sentants, marquĂ©s d’ocre au front, poussant devant lui un tribut de moutons, Ă©galement estampillĂ©s d’ocre. À Hina, les Gidar ralliaient des dĂ©lĂ©gations venues des pays gude, bana et kapsiki. La codification des parcours a pu varier avec le temps4. Ces dĂ©lĂ©gations allaient formuler des requĂȘtes venues de chaque village, alors que d’autres en dĂ©posaient de plus personnalisĂ©es. De ce pĂšlerinage, qui battait son plein Ă  la fin de la saison sĂšche, les gens de Lam rapportaient des boules de mil de Goudour qu’ils mĂ©langeaient Ă  celles de Lam pour en distribuer des morceaux jusqu’aux plus lointains quartiers. Cette nourriture de Goudour » protĂ©geait de la famine, des Ă©pidĂ©mies, des dĂ©prĂ©dateurs de cultures. Le pĂšlerinage de Goudour reste inscrit dans toutes les mĂ©moires collectives, autant de celles des populations qui y ont adhĂ©rĂ© que de celles qui ont essayĂ© de s’affranchir de son influence. Mangilva ambitionne de se rĂ©approprier le fonctionnement de Goudour, tout en le restituant dans une aire plus en rapport avec l’espace gidar. Il veut reproduire des Ă©changes culturels et mercantiles dans le cadre protecteur d’une ferveur religieuse partagĂ©e, avec leurs cĂŽtĂ©s ludiques, compĂ©titions de danses, de chants, de courses. Dessin 2 ÉlĂ©ments d’architecture du gla l’habitation gidar Ă  l’époque de Toumba. © Christian Seignobos 20Mangilva se montre Ă©galement hostile aux maĂźtres de la pluie gidar, propriĂ©taires de pierres qui font pleuvoir buna et de celles qui bloquent la pluie kwoley, pouvoir qui leur vient Ă©galement de Goudour. Il voudrait les voir indĂ©pendants de Goudour et ne relever que des prĂ©rogatives rĂ©galiennes locales. 5 Dong-Douvah, sous-quartier de Douvah, peuplĂ© de forgerons Ă©galement rĂ©ducteurs de fer, sera toujour ... 21En s’attaquant aux forgerons, c’est encore Goudour qu’il vise car, si ces forgerons ne sont plus en lien avec Goudour qui, vers le xvie siĂšcle, s’est coupĂ© de façon radicale d’avec les gens de la forge, ils n’en revendiquent pas moins leur origine de Goudour, en rĂ©fĂ©rence Ă  une Ă©poque oĂč ils Ă©taient puissants. Mangilva relance lĂ  un conflit dĂ©jĂ  ancien contre la trop forte emprise des forgerons sur ces sociĂ©tĂ©s paysannes. La rĂ©gion de Goudour elle-mĂȘme avait bien antĂ©rieurement Ă©cartĂ© ce pouvoir en castant » les forgerons et en leur imposant d’enterrer les morts. Les Gidar apparaissent, Ă  travers leurs chartes de cohabitation, comme les hĂ©ritiers des plus anciennes institutions de la rĂ©gion. Mangilva demande de ne plus avoir recours aux forgerons en dehors de leurs activitĂ©s de mĂ©tallurgistes. Les Gidar, en effet, jurent de leur innocence sur la forge, vĂ©ritable autel. Les ordalies les plus puissantes se dĂ©roulent toujours dans l’enceinte d’une forge. La deuxiĂšme annĂ©e de son ministĂšre, les sectateurs de Mangilva iront jusqu’à arracher les tambours de fer des forgerons du quartier de Douvah5 que l’on avait fait sortir lors d’une fĂȘte vouĂ©e Ă  Mangilva, et qu’ils feront jeter dans une anfractuositĂ© de la montagne. 22Toutefois, au fur et Ă  mesure que les prĂȘches de Mangilva se radicalisent et s’orientent vers un soulĂšvement contre le pouvoir colonial, ses envoyĂ©s, auxquels s’adjoignent nombre de dĂ©lĂ©gations, mundang en particulier, lui conseillent de se rĂ©concilier avec les forgerons le jour venu, il faudra en effet des armes en nombre et s’en servir. À Lam, le chef de guerre, le gambara, appartient au clan MohoĂŻsoko clan forgeron issu de Goudour. À Bray mĂȘme, le quartier de Mangilva, croĂźt un Ă©norme tamarinier, l’arbre des forgerons, sous lequel se dĂ©cide la guerre Collard 1977 316. 6 Tuya pl. tuyengue, appelĂ© kuli chez les Mafa, Mofu, Giziga est prĂ©sentĂ© par tous les auteurs comm ... 23Poursuivant sa politique de monopolisation du religieux, Toumba va jusqu’à toucher au mĂ©canisme et Ă  la codification du mĂ©dium essentiel celui de l’adresse aux mĂąnes des ancĂȘtres, les tuya6. DĂ©sormais, les sacrifices ne se dĂ©roulent plus sur les autels Ă  l’entrĂ©e des concessions mais dans le secret des cuisines et en prĂ©sence des femmes, et sous l’injonction de partager la viande des sacrifices avec ses voisins. Alors que les Gidar pratiquaient deux types de sacrifice – soit l’animal est Ă©touffĂ© eretni wulani, soit on lui brise la nuque endlu wulani –, Mangilva impose un seul sacrifice, celui de l’animal immolĂ© ataw wulani. Il fait Ɠuvre de rĂ©formateur – les nouveaux codes sacrificiels qu’il enseigne lui seraient directement inspirĂ©s du Dieu crĂ©ateur Dieu du nombril ». Les Ă©lites chrĂ©tiennes d’aujourd’hui voudraient y voir un monothĂ©isme avant la lettre. 24Mangilva entend s’approprier le calendrier des rites et le dĂ©clenchement des fĂȘtes pour ainsi dominer l’intĂ©gralitĂ© de la vie religieuse. Dans la deuxiĂšme annĂ©e de son magistĂšre, il voudra ĂȘtre seul Ă  dĂ©cider quand et quel animal il faut sacrifier par lĂ , il se comporte en maĂźtre de la terre supĂ©rieur. Il impose aux chefs de terre de sacrifier aprĂšs lui, sur la place de leur quartier baldangay ; ensuite chaque chef de famille sacrifiera selon ses moyens. Lorsqu’il tente de s’accaparer, pour le transformer, le sacrifice de la croissance du mil et celui des rĂ©coltes, certains maĂźtres de la terre, refusant d’ĂȘtre relĂ©guĂ©s au rang de simples exĂ©cutants, s’exilent ; d’autres suivent, en rechignant, le signal dĂ©sormais donnĂ© par le seul Mangilva pour ouvrir fĂȘtes ou sacrifices. Des maĂźtres de la terre se dressent contre lui c’est le cas de ceux du clan Medefsere de Bidzar ou du clan Muldama de Lam, qui rejoignent d’autres opposants parmi les maĂźtres de la pluie, comme celui de Bidzar Miliya. Certains des disciples de Mangilva pensent qu’il va trop loin. Peut-on Ă  la fois mener une rĂ©volution religieuse interne et conduire une rĂ©bellion Ă  l’extĂ©rieur ? Lorsque, cherchant Ă  regagner le soutien de ces chefs de terre, Mangilva tentera de faire machine arriĂšre, il sera trop tard. Beaucoup s’afficheront plutĂŽt aux cĂŽtĂ©s des chefs nommĂ©s par l’administration. Dessin 3 Toumba Modomdoko dit Mangilva ou le dieu de Lam ». © Christian Seignobos Dessin 4 Une poterie tripode. © Christian Seignobos 25Ce que cherche Ă  faire Mangilva n’est pas fondamentalement nouveau. Dans le passĂ©, le rĂ©pertoire rituel a toujours Ă©tĂ© manipulĂ© pour rĂ©pondre Ă  des intrusions extĂ©rieures ou Ă  la volontĂ© hĂ©gĂ©monique d’une coterie ou d’un individu Van Beek 2017 45. Les actions de Mangilva ne sortent pas du cadre rituel en vigueur, elles ne sont qu’amĂ©nagements et puisent leurs inspirations dans un rĂ©servoir symbolique dont certains rites sont remis au goĂ»t du jour. Ce qui achoppe, c’est le calendrier trop rapide des rĂ©formes », mĂȘme si les temps incertains et angoissants de l’arrimage de ces sociĂ©tĂ©s Ă  l’administration coloniale en fournissaient le prĂ©texte. Celui qui bouscula la sociĂ©tĂ© gidar » 26C’est ainsi qu’il est prĂ©sentĂ© par un certain nombre d’informateurs gidar. Tous s’accordent sur ce point il a voulu changer les rapports hommes-femmes. Lui-mĂȘme refusa toute femme, sa part de divinitĂ© ne pouvant s’accorder avec le commerce charnel. Mangilva s’élĂšve contre la violence faite aux femmes, interdisant qu’on les lie et qu’on les batte. Il prĂȘche pour une forme d’égalitĂ© devant les fautes. Il contribue Ă  faire cesser le monopole des hommes sur la nourriture carnĂ©e. Jusque-lĂ , les femmes gidar n’avaient pas un accĂšs libre Ă  la viande, notamment celle des gallinacĂ©es. La viande se cuisinait dans les mezenzen, poteries tripodes, se passant de foyer dans la case vestibule, sous la surveillance du chef de famille qui, seul, avait autoritĂ© pour la distribuer. Avec Mangilva, les femmes prĂ©parent la viande, gĂ©nĂ©ralement celle des sacrifices, dans la cuisine avant de la rĂ©partir. Le chef de famille qui se trouve contraint de prĂ©lever des animaux dans le troupeau de sa femme doit payer avec des mesures de gabak, bande de coton de 4,5 cm de largeur, tissĂ©e par les hommes et utilisĂ©e comme unitĂ© monĂ©taire. L’émancipation des femmes commence avec la nourriture – elles deviennent maĂźtresses de leur cuisine – et aussi par leur participation Ă  la confection de mets rituels. L’introduction de ces nouveaux comportements au sein des familles rallie la gent fĂ©minine Ă  Mangilva. 27Chez les Gidar, de mĂȘme que chez les Daba voisins et les Kapsiki, la circulation des femmes dans la sociĂ©tĂ© est Ă©tonnamment fluide. Nombreuses sont les femmes qui se flattent d’avoir contractĂ© une douzaine de mariages et plus. Le mariage par rapt ngumu est le plus rĂ©pandu Collard 1977, souvent organisĂ© par la fille ou la femme elle-mĂȘme. Il peut aussi ĂȘtre provoquĂ© par un pĂšre qui pousse sa fille Ă  contracter ailleurs un mariage afin de rĂ©cupĂ©rer dot et nouvelle alliance. La femme circulera ensuite pour visiter les enfants qu’elle a obligation de laisser auprĂšs de ces prĂ©cĂ©dents maris. Ce fut, par le passĂ©, une façon d’étendre le tissu relationnel pour ces trop petites communautĂ©s dans l’incapacitĂ© de contrĂŽler politiquement des espaces suffisamment vastes. NĂ©anmoins, fluiditĂ© de la circulation des femmes ne signifie pas libertĂ© de conduite des femmes au sein de la famille, mĂȘme si les filles de chefs ont pu, plus que les autres, en tirer avantage. Mangilva va trouver ses plus fermes appuis auprĂšs de personnages fĂ©minins que seule la sociĂ©tĂ© gidar Ă©tait capable de susciter. Todou, fille de chef, femme de chef et mĂšre de chef, fut une personnalitĂ© centrale de Lam Ă  cette Ă©poque. Elle n’était pas d’origine gidar, mais la fille du chef daba, de Kola, proche du pays hina. Elle fut mariĂ©e au chef Moubaya, de Lam. À la mort de ce dernier, elle est hĂ©ritĂ©e par son fils Nembata. Todou donne un fils Ă  Nembata, Hamaoka, qui deviendra Ă  son tour le chef de Lam. Elle sera ensuite hĂ©ritĂ©e par Bakari, frĂšre de Nembata. Une femme fait partie de l’hĂ©ritage d’un homme, mais le statut de Todou lui donne une libertĂ© de choix parmi ceux qui ont des droits sur elle. Todou est une femme dont on vantait encore la beautĂ© lors de nos enquĂȘtes, mais c’est plus encore sa personnalitĂ© que l’on a voulu retenir. Ces princesses sont libres de parole, souvent savantes et naturellement au fait des intrigues de cour. Avec l’ñge, elles acquiĂšrent le statut enviĂ© de conseillĂšres dans les cercles du pouvoir. Leur vie rend compte de la complexitĂ© des relations sociales et de pouvoir dans ces sociĂ©tĂ©s. Dans le cas prĂ©cis de Todou, mĂȘme Mangilva recherche son influence. 28Bakari complote auprĂšs du commandant » de Guider avec les turjman interprĂštes peuls du poste pour prendre le pouvoir Ă  Lam et Ă©carter son neveu Hamaoka. Todou dĂ©cide d’aller vivre chez Mandi, frĂšre de Bakari, et, de lĂ , elle intrigue pour maintenir son fils Hamaoka au pouvoir, avec l’assentiment et l’appui de Mangilva. Todou a hĂ©ritĂ© de son pĂšre, chef et maĂźtre de la pluie Ă  Kola, des pierres de pluie » dont de redoutables kwolay. Elle les transmettra Ă  son fils et s’appliquera Ă  le faire savoir. DĂšs lors, le conflit entre Hamaoka et son oncle Bakari se poursuit par le biais des attributs du pouvoir. Bakari, bien que nommĂ© par l’administration, doit acquĂ©rir, de son cĂŽtĂ©, des pierres de pluie » que l’opinion juge peu prestigieuses, donc moins puissantes. Hamaoka se voit quant Ă  lui gratifiĂ©, grĂące aux siennes, de plus de pouvoir, au point que cet excĂšs de tuya aurait Ă©tĂ© la cause de sa stĂ©rilitĂ©, ce que Collard 1977 321 signale Ă©galement. 7 Wanaka donna deux fils Ă  MĂ©li Toumba, un fils Ă  Douloum, un Ă  Hamaoka et, enfin, un dernier Ă  Tizi ... 29Au temps de Mangilva, une autre femme dĂ©fraye la chronique, ManĂ©kĂ©. SurnommĂ©e Wanaka, elle aussi bĂ©nĂ©ficie de la rĂ©putation flatteuse faite aux princesses. MariĂ©e Ă  MĂ©li Toumba, chef de Kongkong, elle s’enfuit pour Ă©pouser le chef douloum de Lam, frĂšre aĂźnĂ© d’Hamaoka, puis Hamaoka, devenu chef, et enfin Bakari7, devenu Ă  son tour chef de Lam. Elle Ă©tait la grand-mĂšre du chef de Lam, Hamiti Tizi, au moment de nos enquĂȘtes. 30Ces deux femmes trĂšs influentes furent, l’une comme l’autre, des soutiens indĂ©fectibles de Mangilva. Celui-ci prend plutĂŽt conseil auprĂšs de Todou, dont il serait, selon l’un de nos informateurs, le directeur de conscience ». Ces dĂ©ambulations matrimoniales de Todou et Wanaka entraĂźnent des imbroglios politiques sans fin et engendrent des haines durables. Cette derniĂšre, en particulier, devait accentuer les dissensions entre Lam et Kongkong. D’aucuns affirment que les affaires matrimoniales auraient Ă©tĂ© un Ă©lĂ©ment, et non des moindres, qui poussa Kongkong Ă  trahir Lam et Ă  rejeter Mangilva. À la recherche des influences, gidar et extĂ©rieures, concernant Mangilva 8 Nous faisons rĂ©fĂ©rence, pour cette partie, Ă  des Ă©lĂ©ments recueillis dans un document dactylographi ... 31Contrairement Ă  l’hagiographie populaire qui en fait un prophĂšte ex nihilo, Mangilva est bien le produit de la notabilitĂ© de la sociĂ©tĂ© gidar et de son ouverture au monde de l’époque. Loin d’ĂȘtre sorti de nulle part, il appartient Ă  un clan de devins Mandaway, celui qui se rĂ©unit annuellement dans le bois sacrĂ© ou dans une grotte Ă  Dahal prĂšs de Kongkong, pour la grande fĂȘte aprĂšs la rĂ©colte tla net derdew8. 9 Chaque groupe, dans la rĂ©gion, dispose de rites pour prĂ©voir les Ă©vĂ©nements de l’annĂ©e Ă  venir, apr ... 32Dans cette grotte, les anciens du clan Mandaway rĂ©alisent des boules de terre reprĂ©sentant chacune un quartier. Ils montent rĂ©guliĂšrement les inspecter. Si l’une se fend, ils la lissent Ă  nouveau avec de l’argile fraĂźche. Au bout de quelques semaines, ils en tirent augure et dĂ©duisent, des boules fendillĂ©es, les menaces qui pĂšsent sur certains quartiers. On allume un feu et les orientations de la fumĂ©e confirment les indications premiĂšres. Dans cette grotte, est Ă©galement dĂ©terrĂ©e une jarre de biĂšre restĂ©e scellĂ©e depuis l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Le collĂšge des devins du clan Mandaway, associĂ© Ă  des chefs de terre, se rĂ©unit pour boire cette biĂšre tout en listant les Ă©vĂ©nements Ă  venir pour l’ensemble de la communautĂ© gidar et prĂ©voir les sacrifices Ă  rĂ©aliser pour obvier aux rĂ©sultats manciques nĂ©fastes. Ils enterrent ensuite une nouvelle jarre pleine pour remplacer la prĂ©cĂ©dente9. 33AprĂšs avoir soldĂ© l’annĂ©e qui vient de s’écouler, on jette un coq Ă©missaire en brousse, vers Djougui, qui est censĂ© emporter malheurs et maladies, puis on met symboliquement le feu Ă  la brousse pour en chasser les derniĂšres impuretĂ©s... La fĂȘte commence alors Ă  Konkong, puis Ă  Lam et dans tous les villages, selon un circuit oĂč, au cours de chacune des fĂȘtes, les Mandaway dĂ©voilent les Ă©vĂ©nements futurs rĂ©vĂ©lĂ©s dans la grotte. Les femmes peuvent alors Ă©craser le mil nouveau en plein air et chanter. 34Govdo, oncle et beau-pĂšre de Mangilva, est le second du grand devin mandaway, Tambayo, qui prĂ©side ce cercle prestigieux. Toumba est d’une certaine façon prĂ©parĂ© au prophĂ©tisme, et il a mĂȘme pu s’employer par la suite Ă  convaincre certains devins que sa venue Ă©tait annoncĂ©e. DĂšs 1926, Toumba se serait fait aider par certains devins pour libĂ©rer la voix des tuya » qui, sortant des mares comme Ă©manant de puissances telluriques, se seraient ainsi exprimĂ©s en sa faveur. 35Si l’hagiographie officielle s’y oppose formellement, Toumba n’en a pas moins subi des influences peules particuliĂšrement visibles dans sa rĂ©forme des conduites sacrificielles. Son nouveau sacrifice, il le dĂ©nomme le plus souvent da sadlaga sadaka des musulmans. 36Mangilva intervient dans les comportements alimentaires, interdisant – comme chez les musulmans – la consommation des animaux morts et non Ă©gorgĂ©s. Il ne boit pas de biĂšre de mil. À cette Ă©poque, la biĂšre, bouillie alcoolisĂ©e, est trĂšs contrĂŽlĂ©e par la gĂ©rontocratie et ne se consomme guĂšre en dehors des rituels ; or on l’a vu Mangilva entend bien les rĂ©former. Il demande que, dĂ©sormais, les cadavres des Gidar ne soient plus emballĂ©s dans des peaux de chĂšvres, mais dans un linceul de coton godon ou gabak, rejoignant lĂ  aussi une pratique musulmane. 37Toumba a pu acquĂ©rir des rudiments sur l’islam par quelques sorties sur des marchĂ©s extĂ©rieurs tenus par des Peuls. Il est avĂ©rĂ© que, jeune, il accom­pagnait son pĂšre, Saka, qui s’exprimait un peu en fulfulde langue peule avec le notable Vatawlan qui, lui, le parlait au grand marchĂ© de Doumrou. Ils troquaient, contre des rouleaux de gabak, du gros bĂ©tail et des moutons pour le chef. Les peuls sont eux-mĂȘmes prĂ©sents Ă  Lam, en particulier dans le commerce des perles, en rade foraine, Ă  la devanture » du chef, pratique qui prĂ©cĂ©da les marchĂ©s ouverts par la colonisation chez les paĂŻens. Certains commerçants de perles et de sels s’installent mĂȘme Ă  Lam, comme ce curieux Mal Bello, un affranchi de Doumrou. Il serait venu apprendre la pharmacopĂ©e gidar auprĂšs de tradipraticiens disna miya rĂ©putĂ©s, comme Zourmba Tambayo, Mal Bello livrant en Ă©change sa propre science. Toumba, en auditeur silencieux, y aurait souvent accompagnĂ© Tambayo... Par la suite, Mal Bello intrigua dans la collecte des impĂŽts pour le compte du lamido de Mindif. SuspectĂ© d’ĂȘtre un agent double, il sera chassĂ© de Lam quelques annĂ©es avant que Mangilva ne s’engage dans sa vie de prophĂšte. Les prĂ©dications de Mangilva 38Mangilva livre deux discours simultanĂ©s car il mĂšne un double combat. L’un vise Ă  subvertir l’oeuvre des ancĂȘtres en y introduisant des nouveautĂ©s de nature Ă  Ă©largir le champ religieux gidar. Loin de vouloir ĂȘtre le prophĂšte des seuls Gidar, Mangilva cherche Ă  rallier les Daba, Giziga, Mundang, Mambay et Fali – mais une telle entreprise ne peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e que sur le long terme. 39Le second discours est celui de la prĂ©dication du prophĂšte millĂ©nariste, Ă  laquelle ne manque aucun canon. Il s’agit, en l’occurrence, d’allier Ă  une parole mystique, inscrite dans le temps, les moyens d’un soulĂšvement brutal contre le pouvoir colonial exorbitant qui se met alors en place avec la construction de postes, de routes dĂ©jĂ  automobilisables, l’arrivĂ©e du tĂ©lĂ©graphe, l’imposition de cultures riches », les recensements nominatifs qui contraindront Ă  jamais au paiement de l’impĂŽt, ou encore les miliciens et toute une hiĂ©rarchie de chefs au service de cette contrainte administrative. 40Mangilva prophĂ©tise un monde qui se dĂ©truira pour ĂȘtre remplacĂ© par un autre qui ne sera pas celui des Blancs ». Il donne Ă  voir un avenir autre, une sorte de monde d’avant » mais en meilleur, la terre sans mal » de tous les prophĂštes millĂ©naristes. Sacrifices et privations sont prĂ©sentĂ©s comme le nĂ©cessaire prĂ©lude Ă  l’inĂ©vitable flot de bienfaits qui ne manquera pas de suivre le dĂ©part de l’administration coloniale. Toutefois, les discours que nous avons collectĂ©s demeurent avant tout trĂšs anti-Peuls. Ils peuvent se rĂ©sumer dans cette diatribe Les Peuls ont pris nos fils comme esclaves, nos filles comme sulaa’be concubines esclaves. Ils ont tuĂ© les vieux pour dĂ©truire notre savoir, ont brĂ»lĂ© nos villages et razziĂ© nos troupeaux. Les Blancs sont venus dominer les Peuls, qui voient aujourd’hui leurs forces dĂ©cuplĂ©es grĂące aux fusils des Blancs. Par la puissance de nos sacrifices les Blancs partiront aussi rapidement qu’ils sont apparus, les Peuls affaiblis sans leur tuteur seront Ă  leur tour massacrĂ©s et chassĂ©s des plaines. 41Ces harangues empruntent au discours des devins, souvent allusifs, volontiers confus et plein d’énigmes. Sur cette fin du monde promise, les prĂȘches dĂ©lirants » ne le sont que par la mĂ©connaissance que nous avons d’un langage prophĂ©tique partagĂ© par la plupart de ces groupes, qui y trouvent leur intelligence du monde. Tous partagent ces infracroyances concernant, par exemple, les Ă©clipses partielles de soleil qui manifestent le mĂ©conten­tement de Dieu et cette peur continuelle d’un retour Ă  la nature sauvage des animaux domestiques, etc. Il en va de mĂȘme lorsque Mangilva annonce que la terre se couvrira de tĂ©nĂšbres, que chacun devra se barricader avec des rĂ©serves de mil, de son de mil, de fruits sĂ©chĂ©s comme pour parer Ă  une famine. La lune va mourir, puis renaĂźtre et le peuple avec elle. Beaucoup mourront, les familles survivantes reconstruiront un monde nouveau. Cette ambiance millĂ©nariste s’accompagne de mots d’ordre visant Ă  dĂ©jouer, par des sacrifices, les malheurs naturels et un cycle mĂ©tĂ©orologique accablant. 42Les diffĂ©rents informants ont gardĂ© en mĂ©moire les injonctions Ă  sacri­fier du bĂ©tail et les mots d’ordre de Mangilva mafate », Ă©gorgez ! » pour prĂ©venir une Ă©pidĂ©mie ; Ă©gorgez ! » pour Ă©loigner la sĂ©cheresse ; Ă©gorgez ! » pour provoquer un soulĂšvement. Dans le mĂȘme temps, ses directives Ă  l’encontre de la colonisation se bornent Ă  refuser de payer l’impĂŽt de capitation le garaama ou d’utiliser des piĂšces de monnaie – pataka 2 F, suley 1 F, et siisi 0,50 F au dĂ©triment des bardaw fer de houe aplati, gabak et mazla cauris, jake en fulfulde. 43Le parcours de Mangilva en tant que prophĂšte peut s’envisager en deux temps. Les deux premiĂšres annĂ©es sont employĂ©es Ă  imposer une nouvelle forme de religiositĂ©, refondant les rituels, les simplifiant, les rendant plus comprĂ©hensibles au plus grand nombre, musulmans compris. S’il essaie de s’imposer aux chefs de terre, il se garde, au dĂ©but, de les affronter dans leur pouvoir politique et celui de leur justice, prĂ©rogatives qui leur permettent de tenir leur rang. 44La derniĂšre annĂ©e, poussĂ© par les zĂ©lotes sortis de la foule des pĂšlerins, son discours se radicalise et se fait plus violent, le soulĂšvement approche. Se sentant suffisamment forts, ses disciples » vont pouvoir disperser des rĂ©unions de contestataires. Il est Ă  remarquer nĂ©anmoins qu’il y a peu de violences physiques, un certain nombre d’opposants se voyant contraints de quitter Lam. 45Mangilva sait que sa rĂ©volution religieuse » lui a aliĂ©nĂ© le cercle des notables, aussi recherche-t-il un consensus auprĂšs des maĂźtres de la terre. GrĂące Ă  la richesse que gĂ©nĂšre l’énorme pĂšlerinage de Lam, il parviendra Ă  en acheter » un certain nombre. Lam, centre de pĂšlerinage 1925-1926 46Au sein de cette mosaĂŻque de populations disparates ne pratiquant ni les mĂȘmes langues, ni les mĂȘmes cultures, existe, moins visible, un ensemble d’infracroyances et de symboles partagĂ©s dans le cadre d’une commune religion du mil » des façons de se conformer face Ă  la mort, de se purifier, de jurer de son innocence... Surtout, ces populations partagent les mĂȘmes aspirations face aux maux qui les assaillent, Ă©pidĂ©mies, invasions acridiennes, sĂ©cheresses... Qu’un centre religieux Ă©merge pour rĂ©pondre aux angoisses des hommes, Ă  leur recherche de fĂ©conditĂ©, de rĂ©ussite dans leurs entreprises alors les foules accourent. Qu’un pĂšlerinage se crĂ©e, et avec lui se dessinent des chemins propres Ă  dĂ©cloisonner toutes les petites patries ethniques, des clauses de circulation avec sauf-conduits, objets ou marques auxquels tous vont adhĂ©rer. Ces cultes, en rassemblant des foules, drainent – pour l’époque – d’énormes richesses. Ils seront aussi des lieux d’échange et d’intrigue politique. On est surpris de la rapiditĂ© de leur mise en place. Dans le passĂ©, certains ont Ă©tĂ© Ă©phĂ©mĂšres, tandis que d’autres, comme Goudour, se sont institutionnalisĂ©s sur plusieurs siĂšcles. Les envoyĂ©s de Mangilva 10 Dawaye Nday, un forgeron mohoĂŻsoko, Garzam du clan Mandaway et bien d’autres encore Dlogomo Paliy ... 47DĂšs son retour Ă  Lam, Mangilva fait mander ses amis Dawaye Nzalam, de Nyoua, et Dawaye Loblob, de Kongkong. Il leur rĂ©vĂšle que Dieu est en lui et il les envoie accomplir les premiers sacrifices propitiatoires. Par la suite, il recrutera d’autres disciples10. Ils sont dĂ©signĂ©s comme la faada – le conseil », chez les Peuls – de Mangilva. Dawaye Nzalam est l’interprĂšte de Mangilva lorsqu’il vaticine derriĂšre l’écran de sekko de son enclos. 48Les autres sont des envoyĂ©s de Mangilva qui rĂ©sident et se dĂ©placent chacun dans sa province. Ces disciples-envoyĂ©s sont appelĂ©s metive ou encore gewled nani, en gidar. Certains les dĂ©signent par gawla ou encore, comme pour les Peuls, par azia adjia. Dawaye Nday est le reprĂ©sentant de Mangilva pour tout le pays gidar. Dawaye Loblob a la responsabilitĂ© du pays mundang de LĂ©rĂ©, Garzam officie auprĂšs des Giziga de Midjiving et de Moutouroua, et Dlogomo auprĂšs des montagnards daba et hina. Ils sont envoyĂ©s selon la connaissance qu’on leur attribue des langues et moeurs de leurs voisins. Sur place, ils rĂ©sident dans l’entourage des chefs locaux comme reprĂ©sentants officiels de Mangilva. Des reprĂ©sentants proprement daba ou mundang, Ă©galement investis par Mangilva, iront toucher des groupes plus pĂ©riphĂ©riques encore. 49Leur mission premiĂšre est d’enseigner les pratiques sacrificielles de Mangilva, les nouveaux rituels, puis de veiller Ă  leur bonne exĂ©cution. Ils reprennent exactement le rĂŽle endossĂ© par les envoyĂ©s du grand Goudour et les mĂȘmes pratiques, consistant Ă  se dĂ©placer sans ĂȘtre vus la nuit et Ă  rester enfermĂ©s le jour. La charge rituelle portĂ©e serait trop forte pour le commun des mortels, et, plus prĂ©cisĂ©ment, les femmes et les enfants. Toumba, une fois mis Ă  l’écart dans son camp de sekko et sous ses auvents, se conforme Ă  l’étiquette du chef de Goudour, qui ne saurait apparaĂźtre en public et ne sort qu’à partir du milieu de la nuit. 50On se dĂ©place encore – en l’absence de langue vĂ©hiculaire –, comme cela se faisait durant la pĂ©riode prĂ©coloniale, en s’appuyant sur le relais des alliances matrimoniales. Ainsi un reprĂ©sentant de Lam arrivĂ© Ă  Lara, chez les Mundang, pour prĂȘcher le cĂ©leste de Lam » wofa lam peut-il rĂ©sider chez un frĂšre du chef, avant qu’un Mundang de Lara, parlant tupuri, l’escorte dans sa belle-famille chez des Tupuri de DoubanĂ©... GrĂące Ă  la paix coloniale, au cours de cette dĂ©cennie 1920, les gens se dĂ©placent librement, quoiqu’en armes. Aussi, le pĂšlerinage de Lam va-t-il rapidement connaĂźtre un grand essor, brassant Gidar, Mundang, Mambay, Daba et Fali. Tous se dĂ©couvrent une conscience rĂ©gionale jadis plus pressentie que vĂ©cue. C’est lĂ  sans doute le vĂ©ritable miracle » de Mangilva. Dessin 5 Le camp du dieu de Lam » Ă  ses dĂ©buts, reconstitution. 1. La cellule de Toumba ;2. L’espace d’attente abritĂ© par des auvents ;3. L’esplanade pour les danses et autres manifestations ;4. L’enclos de rĂ©ception des offrandes des pĂšlerins ;5. Les maisons des oncles » de Toumba, avec les greniers de stockage des dons ;6. Les corrals pour les offrandes de bĂ©tail. © Christian Seignobos Le camp du dieu de Lam 51Dans le quartier de Bray, le camp du dieu de Lam ressemble Ă  une enclave singuliĂšre avec, presque au centre, la demeure de Mangilva entourĂ©e d’une double enceinte de sekko tressĂ©s par les spĂ©cialistes des architectures de vannerie, les Giziga voisins de Moutouroua. Des hangars accueillent la foule qui attend pour prĂ©senter ses requĂȘtes avec, Ă  l’arriĂšre, une aire pour les rĂ©jouissances et les danses. Rapidement trop Ă©troite, elle sera remplacĂ©e par une autre, plus vaste, Ă  l’entrĂ©e de Lam. Les pĂšlerins trouvent Ă  se loger pour la nuit dans les diffĂ©rents quartiers. 11 On collectait les way tu’buza bomeeje en fflde, lingots de fer cylindriques de Pala, les bardaw, ... 52On observe Ă©galement trois corrals pour les bovins, caprins et ovins, une aire pour verser les dons en mil, niĂ©bĂ©s, arachide. Les greniers de rĂ©serve sont placĂ©s sous la surveillance des oncles et frĂšres de Mangilva. On signale aussi des magasins pour entreposer la monnaie de fer11 et les rouleaux de gabak. 53Les Daba de Mousgoy, les Hina, les Fali de LibĂ© sont les plus gros contributeurs de fer bardaw et de petit bĂ©tail. Les Mambay et les Mundang de LĂ©rĂ© apportent des paniers de poissons secs, des bovins et mĂȘme des chevaux. On comptabilise les fers venus de chez les Kado, des poneys de chez les Musey... En 1925-1926, Lam est prĂ©sentĂ© comme une vĂ©ritable ruche durant les mois de saison sĂšche. Selon les ultimes tĂ©moins de cette pĂ©riode, les offrandes affluent continuellement comme des retours sans fin de razzias ». 12 Il s’agit d’un mĂ©tier horizontal Ă  pĂ©dales, Ă  bandes Ă©troites, qui appartient au vaste complexe de ... 13 Cache-sexe en rideau de devant bleu, blanc, jaune, rouge ; ou triangulaire, sur cuir, avec perles ... 54La journĂ©e durant, tout un personnel s’active pour amĂ©nager ce camp de paille et vanneries, extensible et rĂ©tractable en fonction des arrivĂ©es et des dĂ©parts des pĂšlerins. La famille de Mangilva, ses disciples ainsi que les adeptes secondaires de cette rĂ©novation religieuse apparaissent, Ă  des degrĂ©s divers, comme les bĂ©nĂ©ficiaires du systĂšme mis en place par Toumba. Les gens de Lam parlent de cette Ă©poque comme un sommet dans l’art du tissage pourtant rĂ©cemment introduit par des colporteurs bornouans. Chaque concession dispose d’un Ă  deux mĂ©tiers12. Lam se met Ă  cultiver intensivement deux variĂ©tĂ©s de cotonniers pĂ©rennes, empruntĂ©es aux Peuls de Binder, Gossypium arboreum et G. hirsutum. Avec le pĂšlerinage, la production de gabak de Lam connaĂźt un grand succĂšs. De nombreux enclos montent des canevas pour rĂ©aliser des cache-sexes perlĂ©s avec leurs jeux de couleurs, leurs trompe-l’oeil propres Ă  alimenter de vĂ©ritables concours d’élĂ©gance13 – au point qu’un certain nombre de nos informateurs ont pu affirmer que les bonnes choses avaient commencĂ© Ă  arriver avec Mangilva ». 55Le pĂšlerinage permet d’agrandir le cercle d’appartenance et de diffuser les nouvelles pratiques rituelles de Mangilva. Il provoque un premier brassage, inusitĂ©, de groupes qui font assaut de sĂ©duction Ă  travers des chants, des danses, des coiffures, des parures... Comme Ă  Goudour, le pĂšlerinage est d’abord festif, les dĂ©lĂ©gations viennent avec la joie », parĂ©es de leurs plus beaux atours, accompagnĂ©es de diffĂ©rents tambours et d’une grande variĂ©tĂ© de flutiaux et de sifflets. Les Gidar de Lam, hĂ©ritiers de ces fĂȘtes du pĂšlerinage, ont, jusqu’au dĂ©but des annĂ©es 1980, prĂ©sentĂ© les meilleurs ballets et les plus belles parures, en particulier lors des fĂȘtes des rĂ©coltes. Ces fĂȘtes seront courues par tout le monde coopĂ©rant des annĂ©es post-indĂ©pendance 1960-1975 et, lors de concours de danse, les ballets de Lam seront assurĂ©s de les remporter signalĂ© Ă©galement par Collard 1977 315. 14 Il existe chez les Mundang, et surtout chez les Musey, des collĂšges de possĂ©dĂ©es. Leur prĂ©sence ren ... 56Les gens sont canalisĂ©s pour se prĂ©senter devant Mangilva dans une sorte de pre-naos. Le jour, il s’exprime sans Ă©lever la voix, de maniĂšre monocorde, derriĂšre un Ă©cran de sekko, entre propos audibles et vaticinations que l’on doit traduire aux pĂšlerins. Les salutations types se succĂšdent Nous sommes venus rencontrer le bien, car nous avons appris qu’il y a ici la prĂ©sence d’une divinitĂ©. » La dĂ©lĂ©gation dĂ©cline son origine et formule ses requĂȘtes. On vient implorer la protection de Mangilva de façon collective contre les Ă©pidĂ©mies, la variole mondek – chez les Gidar, on jure aussi de son innocence sur ce mal – ou la mĂ©ningite mataw hula... On vient quĂ©mander plus de vigueur virile, plus de fĂ©conditĂ©, de rĂ©ussite sociale ou encore d’ ĂȘtre aimĂ© par le chef »... Il existe auprĂšs de Mangilva un collĂšge de femmes qui compose des chants de louange en s’accompagnant de flĂ»tes, mais il ne s’agit pas ici de femmes possĂ©dĂ©es par un quelconque esprit14. 15 Lorsque nous Ă©tions VSN volontaire du Service national, en 1970, nous nous sommes rendu sur la ro ... 57À partir du milieu de la nuit, Mangilva a une façon trĂšs particuliĂšre de dĂ©livrer ses messages, juchĂ© sur des fourches faĂźtiĂšres des plus hauts caĂŻlcĂ©drats de Lam. Les informateurs rappellent son inĂ©puisable dĂ©bit de paroles et ses cris impressionnants dans la nuit. D’autres disent qu’il utilisait la voix des tuya ou mĂ©langeait les deux. Cette façon de dĂ©livrer des messages n’est pas propre Ă  Mangilva, les chefs de quartier ayant l’habitude de se hisser sur leur grenier, la nuit, pour rĂ©vĂ©ler plus en dĂ©tail les rĂ©sultats de la divination annuelle d’aprĂšs les rĂ©coltes. Les divulgations passent par un mode particulier de tessiture. Vers le mois de novembre, dans les villages de Bidzar, Biou et mĂȘme Boudva, on peut entendre la voix des esprits ancestraux », traits qui, pour Collard 1977 122, serait plutĂŽt mundang. Ces voix de tuya » s’expriment sur le mode aigu et le plus souvent Ă  partir de rochers ou d’arbres. Des artifices techniques dissipent la voix, dont il est difficile de saisir l’origine Yves Plumey 1990 232-23315. 58Viennent Ă  Lam d’autres dĂ©lĂ©gations plus politiques. Les Mundang de LĂ©rĂ©, de Garey et mĂȘme les Kado de Pala et des Peve, pourtant Ă©loignĂ©s, se rĂ©vĂ©leront les plus rĂ©actifs aux messages de Mangilva. Les dĂ©lĂ©gations les plus prestigieuses viennent de LĂ©rĂ© avec le prince Gadianka, qui se prĂ©sente lui-mĂȘme comme le porte-parole de Mangilva. La ferveur populaire pousse bien des chefs Ă  venir porter allĂ©geance Ă  Mangilva villages de LibĂ©, Roum, Mijiving, Mousgoy – la nuit, afin de ne pas Ă©veiller les soupçons. MĂȘme des Peuls de Bindir et de Mindif envoient des Ă©missaires-espions pour Ă©valuer ce bouillonnement religieux, dont ils redoutent les consĂ©quences. 59L’influence de Mangilva atteint, Ă  l’ouest, les monts Mandara, Gude non inclus ; au sud, les Fali du PeskĂ©-Bori ; Ă  l’est, les Mundang de Torok et les Tupuri de DoubanĂ©. À son point extrĂȘme, elle touche des fractions musey, jusqu’au Logone, oĂč les populations se montrent toujours prĂȘtes Ă  entrer dans quelques alliances batailleuses et Ă  rallier de nouveaux cultes religieux Jacques Vossart 1971 136. 60Le messianisme a besoin, pour fonctionner, d’opacitĂ©, aussi les mots d’ordre Ă©manant de Mangilva trouvent-ils des interprĂ©tations diverses. Mais, autour de ses prĂȘches se crĂ©e un vĂ©ritable fonds Ă©motionnel commun. Mangilva va se trouver peu Ă  peu prisonnier de ses propres discours et de l’atmosphĂšre de ferveur que dĂ©gagent ses oracles au cours des pĂšlerinages. 61Avec le recul, certains informateurs constatent qu’il existe une vĂ©ritable dissonance entre les harangues vindicatives de Mangilva et le dĂ©roulement trĂšs amĂšne du pĂšlerinage sans exaltation populaire, ni rixes. On n’a pas connaissance d’une atteinte Ă  l’ordre public, et l’administration coloniale s’en est aussi peu prĂ©occupĂ©e. On constate que l’aire du pĂšlerinage n’est pas superposable totalement, loin s’en faut, avec celle du soulĂšvement espĂ©rĂ©. Certains groupes n’adhĂ©reront qu’au message religieux. Il est, en revanche, Ă  remarquer que ces mots d’ordre seront porteurs d’une grande force de subversion au Tchad, dans des communautĂ©s rĂ©ceptives, pour affronter l’administration coloniale. À partir des directives plus ou moins fantasmĂ©es de Mangilva se dessine alors un rĂ©el plan de subversion. Son discours tire bien sa lĂ©gitimitĂ© de la colonisation qu’il prĂ©tend combattre et dont, sans cesse, il Ă©grĂšne les mĂ©faits. À dĂ©faut d’un but clair, les prĂ©mices de ce soulĂšvement expriment un sens Ă©vident qui, toutefois, semble avoir Ă©chappĂ© aux chefs de subdivision. Pour une administration tout Ă  sa mission civilisatrice, la rĂ©alitĂ© objective est hors de propos elle n’entre pas dans le champ du message colonial et elle reste mĂ©connue. Ainsi se montre-t-elle incapable de reconnaĂźtre les signes religieux et de s’intĂ©resser Ă  ce phĂ©nomĂšne, pourtant on ne peut plus visible, que fut le pĂšlerinage de Lam, et dont aucune mention n’est faite dans les archives. L’administration coloniale militaire ne peut envisager chez les haa’be un ennemi capable de se dresser contre elle. À la dĂ©couverte de Toumba, les militaires en restent Ă  ce syllogisme le dieu de Lam », baptisĂ© sorcier », comme tous les sorciers, devins et apparentĂ©s, n’est qu’un agitateur potentiel de sa seule communautĂ© villageoise. Ils ne peuvent soupçonner la rapiditĂ© de propagation des mots d’ordre de Mangilva dans un tissu ethnique aussi Ă©tendu et divers. Ainsi le soulĂšvement du dieu de Lam » les prendra-t-il totalement au dĂ©pourvu. Dessin 6 Les danseurs de Lam 1972 reprenant des chorĂ©graphies initiĂ©es lors des pĂšlerinages de Lam des annĂ©es 1920. © Christian Seignobos Le soulĂšvement du dieu de Lam au Cameroun et au Tchad 62L’irruption de la colonisation a ravi aux paĂŻens de plaines du nord du Cameroun une revanche qu’ils prĂ©paraient de longue date contre l’occupant peul qui les avait spoliĂ©s de leurs terres et acculĂ©s depuis un siĂšcle sur des sites dĂ©fensifs. Certains s’étaient mis Ă  l’école des armĂ©es peules et leurs cavaleries caparaçonnĂ©es pouvaient rivaliser avec celles de n’importe quel lamidat. C’était notamment le cas des chefferies de LĂ©rĂ©, BiparĂ©, Lara, Hina et Mousgoy. Les paĂŻens avaient, par ailleurs, amĂ©nagĂ© et fortifiĂ© des sanctuaires dont les armĂ©es peules ne pouvaient venir Ă  bout elles multipliaient les siĂšges infructueux, qui devaient ĂȘtre levĂ©s dĂšs l’arrivĂ©e des pluies. À la fin du xixe siĂšcle, les interventions peules n’opĂ©raient que sous la forme de coalitions le plus souvent conduites par l’émir de Yola lui-mĂȘme. Une sorte de royaume ambulant se dĂ©plaçant Ă  travers cette immense province de l’Adamawa permettait tout Ă  la fois de contrĂŽler des vassaux indociles et de contenir les paĂŻens insoumis. Pour empĂȘcher ses vassaux peuls yillaga des lamidats de Mindif, de Binder et de Bibemi de trop s’accroĂźtre, l’émir favorisait des allĂ©geances directes Ă  Yola pour certains chefs paĂŻens, moyennant une conversion Ă  un islam de façade, comme ce fut le cas pour LĂ©rĂ© Seignobos et Tourneux 1978 et LibĂ©. Ces campagnes pendant la saison sĂšche devenaient une forme de gouvernement alors que les razzias se montraient par ailleurs de plus en plus improductives. Depuis leurs places fortes, en revanche, les paĂŻens lançaient des raids sur les routes caravaniĂšres, en particulier celle de Maroua-Garoua-Yola, sur les piĂ©monts orientaux des Mandara, qui traverse le pays gidar. 16 Nous reprendrons la dĂ©finition de kirdi » dans Baudelaire, 1946 10. Ce mot “kirdi” appartient ... 63À la veille de l’arrivĂ©e des Allemands, en 1900, l’émir Zoubeirou assiĂšge Lam une derniĂšre fois durant plus d’un mois, sans rĂ©sultat. Une dizaine d’annĂ©es auparavant, c’est l’émir Oumarou Sanda qui avait cherchĂ© Ă  s’emparer du rocher de Lam, le siĂšge Ă©tant conduit par Yerima Iya. L’armĂ©e peule campait Ă  l’arriĂšre de Mayo LouĂ©, poste de surveillance plutĂŽt que lamidat, créé tardivement, vers 1860, dans un souci stratĂ©gique pour contenir les Gidar Ă  l’est et les tenir Ă©loignĂ©s de la route Maroua-Yola Eldridge 1988. L’armĂ©e de l’émir ne rĂ©ussit pas Ă  affamer les Gidar, dont la montagne recĂšle des points d’eau abondants et des rĂ©serves rĂ©guliĂšrement entreposĂ©es. Les Peuls dĂ©crivent par ailleurs les Gidar comme des hordes de cynocĂ©phales faisant rouler sur eux des pierres. Les insĂ©curitĂ©s dans ces commandements paĂŻens » devaient se poursuivre jusqu’au dĂ©but de la pĂ©riode coloniale, aussi Guider en 1922, comme plus tard KaĂ©lĂ©, seront-ils des postes administratifs créés ex nihilo pour protĂ©ger les diffĂ©rentes voies de Garoua Ă  Maroua, menacĂ©es par des turbulents kirdis16 ». 64Les lamibe chefs peuls se mettent rapidement au service de l’administration coloniale, tout en cherchant Ă  la subvertir et Ă  l’utiliser Ă  leur profit, en particulier durant la premiĂšre pĂ©riode, celle de l’administration militaire. Les lamibe n’ont qu’un discours les haa’be sont rebelles Ă  votre autoritĂ©, aidez-nous Ă  rĂ©asseoir notre pouvoir sur eux et nous les ferons obĂ©ir ». Or, dans le passĂ©, les lamibe n’ont jamais gouvernĂ© ces communautĂ©s haa’be, les Gidar en particulier. La prĂ©tention de vouloir faire lever les impĂŽts pour l’administration par ces anciens razzieurs Ă©tait, pour les Gidar, inacceptable. L’administration militaire ne voudra jamais admettre que le truchement peul leur aliĂ©nait irrĂ©mĂ©diablement les groupements paĂŻens et qu’il fallait les affranchir de cette tutelle. Cela Ă©tait d’autant plus insupportable pour les Gidar de Lam qu’ils Ă©taient restĂ©s indĂ©pendants – si l’on excepte une forme de cotutelle nominale, jamais effective, entre deux grands lamidats peuls yillaga rivaux Mindif et Binder. Aussi la soumission de Lam, sur ordre de l’administration, au plus picrocholin des lamidats peuls, Mayo LouĂ©, Ă©tait-elle particuliĂšrement inadmissible. Elle alimenta une rancoeur qui ne put s’exprimer en 1927, mais qui Ă©clatera une dizaine d’annĂ©es plus tard. Le monde qui s’offre aux haa’be Ă  travers l’administration coloniale leur semble incomprĂ©hensible dans ses dĂ©marches et dans ses objectifs. Les reprĂ©sentants de cette administration, peu nombreux, et changeant sans cesse, leurs sĂ©jours ne durant que de quelques mois Ă  moins de deux ans, rĂ©clamant trop de respect », semblent trop inaccessibles pour que puisse ĂȘtre Ă©tabli le moindre rapport personnel. Quant aux interprĂštes officiels turjman des Peuls ou des foulbĂ©isĂ©s, ils sont autant au service du commandant » que des lamibe dont ils sont parfois restĂ©s les sujets. Une sociĂ©tĂ© gidar ingouvernable, la pĂ©taudiĂšre de Lam 65Dans la sociĂ©tĂ© gidar de Lam, le pouvoir est partagĂ© par une infinitĂ© d’autoritĂ©s qui se combinent, s’ajoutent et souvent s’annulent. Nous ne retiendrons que les clans qui gravitent autour du chef ». Ils appartiennent pour l’essentiel Ă  deux sphĂšres les plus anciens viennent du Nord via Goudour, alors que ceux rĂ©cemment installĂ©s revendiquent des origines de l’Est et du Sud. Ils n’ont de cesse de rĂ©amĂ©nager une charte de cohabitation toujours ressentie comme provisoire. 66Le maĂźtre de la terre du clan Muldama, venu de Goudour, est un faiseur de chefs. Il est Ă  la tĂȘte du cĂ©nacle de notables, des aĂźnĂ©s de lignages, qui nomme le chef politique » parmi un clan des chefs de pluie. Selon les circonstances, ce cĂ©nacle peut dĂ©poser le chef, au terme d’une sĂ©ance de devins que le maĂźtre de la terre aura commanditĂ©e. Ce contre-pouvoir institutionnel fait de lui un perpĂ©tuel agitateur rompu aux alliances et retournements d’alliance entre les aĂźnĂ©s de lignages, souvent chefs de quartier. Des notables comme le chef des forgerons – souvent aussi chef de guerre clan MokoĂŻsoko –, celui des devins clan Mandaway, le chef du vent » clan Madirgirgiya, qui contrĂŽle Ă  la fois tornades et feux de brousse, peuvent par ailleurs, selon leur personnalitĂ©, ĂȘtre des opposants potentiels au chef de terre. 67Les derniers chefs Ă  avoir Ă©tĂ© nommĂ©s par ce cĂ©nacle furent Goubay Zoua, son fils Moubaya Goubay et Nembata, fils de Moubaya. Ce dernier sera exĂ©cutĂ© par les Allemands en 1905, pour avoir refusĂ© de se prĂ©senter devant eux et avoir fui sur la montagne. L’administration va alors nommer Douloum Nembata. Affranchi du cĂ©nacle de notables intronisateurs, Douloum comprend que ce changement l’autorise Ă  monopoliser tous les pouvoirs, dans la mesure oĂč il n’a de compte Ă  rendre qu’au bureau barriki de la subdivision. Cette logique cumulative se rĂ©vĂšle inacceptable pour la gĂ©rontocratie gidar. Le chef de terre Laadi, forte personnalitĂ© de Lam, convoque alors le collĂšge des notables et met en accusation Douloum. La diatribe conduite par Dikani, frĂšre de Laadi, peut se rĂ©sumer ainsi Es-tu toi, Douloum, le seul maĂźtre de Lam ? » Douloum va se plaindre de ses opposants » Ă  la subdivision. Dikani doit s’exiler au Tchad. Douloum crĂ©e alors un contre-cĂ©nacle avec ses propres notables. 17 Le gisement de marbre de Bidzar a Ă©tĂ© dĂ©couvert par le Dr Otto Mann dĂšs 1910. La cuisson a commencĂ© ... 68Non seulement les Gidar ne comprennent pas les nouveaux codes coloniaux, mais ils ne peuvent Ă©chapper aux obligations dictĂ©es par l’administration. Le poste de Guider, prĂšs du lamidat peul de Mayo LouĂ©, tĂ©moigne de cette double sujĂ©tion. Le Cameroun, placĂ© sous mandat, ne se verra pas imposer la culture du coton comme au Tchad. Toutefois, les Gidar vivent comme une vĂ©ritable contrainte17 l’entretien des fours Ă  chaux. DĂšs 1923, il faut fournir des corvĂ©es de bois de chauffe pour les fours, lesquelles ne seront levĂ©es ni pour les semailles, ni pour les rĂ©coltes. Le cadre de l’indigĂ©nat implique Ă©galement des obligations de portage et de construction de routes Garoua-Maroua. Une premiĂšre route passant par Guider et Lam est tracĂ©e. En 1923, on s’aperçoit qu’elle traverse des zones dĂ©trempĂ©es et, de surcroĂźt, situĂ©es en pays giziga, toujours pas astreint au rĂŽle de l’impĂŽt pour cause d’insĂ©curitĂ©. Ce tracĂ© sera temporairement abandonnĂ©. Il faut revenir sur les piĂ©monts rocailleux des Mandara, route qui sera ouverte en 1925. Un rĂ©seau de pistes secondaires rayonnant Ă  partir de Guider verra son achĂšvement en 1927. 18 Le capitaine Charles Vallin, dans une lettre adressĂ©e Ă  M. le commissaire de la RĂ©publique, en 1931 ... 19 Rapport de tournĂ©e effectuĂ©e du 14 au 24 mars 1927 par Lenoir, chef de la circonscription de Maroua ... 69Le portage implique une charge pour les populations riveraines des routes. Elles doivent non seulement des prestations d’entretien, mais aussi l’alimentation en eau de grosses jarres pour les porteurs et, tous les 15 kilomĂštres, l’entretien d’un campement administratif. Le bon fonctionnement de cette infrastructure de base sert Ă  noter les chefs locaux et Ă  se faire une idĂ©e de la qualitĂ© de l’encadrement des populations18. Un tribunal civil est ouvert Ă  Guider, la mĂȘme annĂ©e, tandis que les premiers marchĂ©s de brousse sont créés, d’abord Ă  Djougui. Les Gidar se sentent Ă  la fois Ă©touffĂ©s administrativement et Ă©puisĂ©s par des rĂ©quisitions sans fin. Il faut ajouter Ă  cela un contexte climatique dĂ©favorable dans lequel se dĂ©veloppent les prĂ©dications et les campagnes de sacrifices de Mangilva. En 1925, une saison de pluies trĂšs mal distribuĂ©es entraĂźne des rĂ©coltes dĂ©ficitaires, provoquant une disette. Les annĂ©es 1926 et 1927 seront Ă©galement mĂ©diocres quant aux rĂ©coltes19. Les prĂ©paratifs du soulĂšvement 70Les mots d’ordre venus de Lam, mĂȘlĂ©s aux injonctions de procĂ©der Ă  des sacrifices, parlent de chasser l’occupant colonial et le Peul. Ils demandent aussi de se prĂ©parer » – comprendre fabriquer des armes et faire des rĂ©serves. Des rĂ©gions entiĂšres se prĂ©parent » alors qu’à Lam, on cherche dĂ©sespĂ©rĂ©ment un leader pour prendre la tĂȘte de la sĂ©dition. Aucune stra­tĂ©gie n’est rĂ©ellement arrĂȘtĂ©e. Les chefs de guerre appartiennent Ă  des cercles concurrents jaloux de leurs prĂ©rogatives, et qui ne sont investis que le temps d’un conflit. Aucun ne possĂšde une envergure rĂ©elle, ni n’a vĂ©ritablement l’onction de Mangilva. Lui-mĂȘme est peu Ă  l’aise dans le monde des armes. On s’emploie Ă  chercher ailleurs. Mais les meneurs d’hommes que rencontrent les gambaredi chefs de guerre gidar auprĂšs des autres ethnies n’ont pas les mĂȘmes attributs et n’endossent pas le mĂȘme rĂŽle dans leurs communautĂ©s respectives. De gros problĂšmes d’intercomprĂ©hension se font jour. Ces rencontres, en revanche, donnent lieu Ă  maintes agapes. On y boit beaucoup et on ne rĂšgle rien. Le bilbil appelĂ© biya chez les Gidar, biĂšre de sorgo lĂ©gĂšre, diffĂ©rente de la bouillie alcoolisĂ©e traditionnelle, fait son apparition Ă  Lam. Bien que Mangilva n’y soit guĂšre favorable, la biĂšre, sous sa nouvelle recette, Ă©chappe au monopole de la gĂ©rontocratie pour commencer Ă  devenir ce qu’elle est aujourd’hui encore le socle de la vie sociale. 71On semble s’accorder sur un chef de guerre comme Maydoula, qui donnera le signal mais sera peu de temps aprĂšs dĂ©savouĂ© par les chefs de guerre des villages voisins. À Lam mĂȘme, on n’en fabrique pas moins des fers de lance, des flĂšches, des coutelas. Chaque guerrier doit disposer de deux carquois de 50 Ă  60 flĂšches. On confectionne aussi des boucliers de cuir. On fait des rĂ©serves de boulettes de poison sagittaire au Strophantus sarmentosus, apportĂ©es par les Hina et que l’on enferme dans des poteries entreposĂ©es au sec. 72Jusqu’à la fin de l’annĂ©e 1926, Ă  la veille du soulĂšvement du dieu de Lam, le lieutenant SempĂ©rĂ©, chef de la subdivision de Guider, de mĂȘme que son supĂ©rieur, le capitaine Coste, chef de la circonscription de Garoua, manifestent une totale ignorance sur ce qui se prĂ©pare. Continuellement accaparĂ© par les lamibe peuls comme celui de Mayo LouĂ©, SempĂ©rĂ© affirme, dans un de ses rapports, que l’apprivoisement des kirdis est en bonne voie. Ils apportent poulets, oeufs et farine de mil au commandant et partout l’accueil est empressĂ© ». Les quelques villages qui ne paient pas l’impĂŽt sont forcĂ©ment dĂ©signĂ©s comme des repĂšres de bandits ». Lui s’emploie Ă  faire rentrer l’impĂŽt, brĂ»le le sarĂ© habitation des rĂ©fractaires et rase celui de l’arnado chef paĂŻen qui ne se prĂ©sente pas Ă  lui, appliquant ainsi les consignes Ă  la lettre. Il dit aussi se battre pour faire cesser la traite qui se poursuit effectivement et reconduit les captifs dans leurs villages. C’est alors qu’il est pris dans un guĂȘpier kirdi ». En 1925, le lieutenant SempĂ©rĂ©, accompagnĂ© d’envoyĂ©s du lamido – ce qui, comme toujours, attise la haine des kirdis – manque de succomber dans une attaque de plusieurs centaines de Fali Ă  Gola, prĂšs de Bossoum. Avec seulement un sergent et neuf gardes, il doit forcer le passage d’un col pour regagner le campement de piĂ©mont et ses chevaux. Le bilan fait Ă©tat de cinq tuĂ©s kirdis et de six blessĂ©s, du cĂŽtĂ© du chef de subdivision. Mais, pour le lieutenant SempĂ©rĂ©, il ne se passe rien Ă  Lam. Les bons kirdis sont ceux qui travaillent aux fours Ă  chaux Ă  Biou et Bidzar. Il rĂ©clame enfin pour eux de suspendre le travail pendant la pĂ©riode des rĂ©coltes. À ses yeux, des kirdis rĂ©fractaires fourmillent parmi la population soumise et nous [...] font un tort considĂ©rable. Il existe notamment dans les villages de Lam, Kongkong, BĂ©douvard, Karba, Balia, quelques mauvaises tĂȘtes que l’éloignement du poste met en sĂ»retĂ© ». Jamais SempĂ©rĂ© ne mentionne Mangilva. 73Pourtant, dĂšs 1926, le chef de la circonscription voisine de Maroua, au nord de Guider, relĂšve, lui, une grande effervescence chez les Giziga de Midjiving, les Mundang de Boboyo et Gadas attaques de convois et plusieurs meurtres commis sur des trafiquants voyageant isolĂ©ment [...]. En janvier dernier une tournĂ©e pourtant bien menĂ©e du lieutenant Lebreuil, chef de subdivisions [Maroua] dans ces centres rebelles n’eut qu’un effet trĂšs momentanĂ© ». À ce moment-lĂ , rien, dans les diffĂ©rents Ă©vĂ©nements armĂ©s chez les Fali de Bossoum, les Daba ou les Giziga et les Mundang, ne laisse penser Ă  une convergence possible, ni que les uns et les autres soient en relation avec Lam. Toutefois, les administrateurs de Maroua reconnaissent, eux, que l’agitation semble gagner tout le pays. Ils relĂšvent notamment une suractivitĂ©, chez les rĂ©ducteurs de fer et les forgerons, dans les rĂ©gions traditionnelles de fabrication de loupes de mĂ©tal avec la limonite recueillie pendant la saison des pluies dans les mayos, chez les Daba. Enfin, parmi les administrateurs de Garoua, le chef de circonscription Coste signale dans un rapport de 1926, que les nouvelles transmises [envoyĂ©es par les lamibe] Ă©taient mauvaises beuveries oĂč les fĂ©ticheurs promenaient des flĂšches qui devaient tuer le blanc. Les villages fali de Bossoum et de RĂ©oci devaient faire leur la cause de Gola », poussĂ©s par des messagers du dieu de Lam – ce que ne dit pas le rapport. Tout en relativisant ce bouillonnement, le capitaine Coste n’en dĂ©cide pas moins de grossir de vingt-six gardes les effectifs de Guider. On compte deux sentinelles dont une Ă  la prison, un caporal et sept hommes, les autres gardes assurent la surveillance des Kirdis travaillant aux fours Ă  chaux [...], deux sont mis en escortes ou se voient confier des missions particuliĂšres. En admettant qu’il n’y ait aucun malade, le lieutenant [de Guider] ne dispose que de douze hommes [...]. Je demande que l’effectif du poste soit complĂ©tĂ© au chiffre fixĂ© qui est de trente-trois hommes. C’est un minimum ». Douze hommes » aurait Ă©tĂ© par ailleurs le chiffre rĂ©glementaire pour une escorte en pays kirdi. Trente-trois » hommes sera l’effectif qui aurait dĂ» faire face au soulĂšvement du dieu de Lam. La guerre de Lam n’aura pas lieu 74Alors que les troubles commencent Ă  Ă©clater un peu partout dans la rĂ©gion, entre Mindif et LĂ©rĂ©, et dont les Peuls sont les premiers Ă  faire les frais, Lam attend toujours le signal de la rĂ©volte. Un soulĂšvement sans meneur d’hommes 75Les Gidar sont surarmĂ©s, les chefs de guerre se disent prĂȘts Ă  diriger chacun leur contingent de guerriers... Les jours passent et la population de Lam se trouve comme paralysĂ©e devant la dĂ©cision Ă  prendre. La rĂ©volte s’enlise dans le marais des multipouvoirs de la sociĂ©tĂ© gidar. 20 Depuis le 21 fĂ©vrier 1922, la circonscription du Nord-Cameroun a Ă©tĂ© divisĂ©e en deux, une subdivisi ... 76Douloum, chef de Lam – par intermittence – depuis 1918, continue de rĂ©affirmer, haut et fort, ne tenir son pouvoir que de l’administration et non plus du chef de terre et du cĂ©nacle des notables. Laadi, le chef de terre, va chercher Ă  le faire chuter Ă  nouveau. Dans les annĂ©es 1920, tout le monde continue, peu ou prou, Ă  pratiquer la traite ; or Douloum a vendu une femme peule contre quatre boeufs. Un notable, Viyou, poussĂ© par Laadi, va le dĂ©noncer au chef de subdivision de Maroua20. Douloum, comme tant d’autres chefs Ă  cette Ă©poque, sera arrĂȘtĂ© pour fait de traite ». 77Le bureau de Guider remplace Douloum par son jeune frĂšre, Hamaoka, en fĂ©vrier 1926. Son commandement couvre alors Lam, Nyoua, Houmbal et Douvah-Guidi. DĂ©vouĂ© corps et Ăąme Ă  Mangilva, le trop jeune Hamaoka est en conflit ouvert avec son oncle Bakari. Laadi s’entend alors avec Bakari et donne sa fille en mariage Ă  ce dernier qui, lui, donne sa fille Ă  Boto, fils de Laadi. En tant que chef de terre, Laadi n’apprĂ©cie guĂšre les rĂ©formes » de Mangilva – pas plus qu’il ne prise les nouveautĂ©s introduites par l’administration coloniale – ; mais, surtout, il lui reproche de ne lui rĂ©trocĂ©der que trop peu de retombĂ©es des richesses du pĂšlerinage. Laadi tisse encore des alliances avec MĂ©li Toumba, de Kongkong, qui a l’oreille du chef de subdivision de Guider, et d’autres chefs moins prestigieux, bloquant ainsi une dĂ©cision quant au soulĂšvement qui, comme par le passĂ©, ne pouvait ĂȘtre que collĂ©giale. Aussi les rĂ©unions dilatoires s’enchaĂźnent-elles sans rĂ©sultat. C’est la pusillanimitĂ© de ces cercles de pouvoir que les Gidar veulent aujourd’hui dĂ©noncer. 78À cela s’ajoutent les rivalitĂ©s rĂ©currentes entre villages voire entre quartiers. Le gros quartier de Douvah, proche de Lam, a toujours manifestĂ© son opposition au chef de Lam. Les habitants de Douvah, en majoritĂ© originaires du pays giziga de Roum, se veulent indĂ©pendants de Lam. Pour ĂȘtre soutenus, ils se tournent gĂ©nĂ©ralement vers le lamidat de Mindif, alors que Lam-centre fait appel Ă  Binder. La veille de l’arrivĂ©e des Allemands, Douvah subit une razzia conduite par Binder avec la complicitĂ© de Lam, sous le chef Nembata. Les gens de Douvah doivent fuir dans la plaine et chercher Ă  survivre dans un lieu trĂšs exposĂ©, Ă  Golom. LĂ , ils connaissent la famine car toutes leurs rĂ©serves ont Ă©tĂ© pillĂ©es par Lam... Le chef de Douvah, MĂ©li Vondou, s’alliera Ă  MĂ©li Toumba de Kongkong et cherchera, lui aussi, Ă  se faire bien voir de l’administration. Il n’hĂ©sitera pas Ă  trahir Lam et, au-delĂ , Mangilva. La rĂ©volte, dans son Ă©picentre oĂč officie le dieu de Lam, se fait attendre. Les prĂ©mices du soulĂšvement n’apparaissent qu’à travers des hĂ©catombes d’animaux et le nom de Mangilva commence Ă  ĂȘtre utilisĂ© dans les rapports administratifs. Mangilva avait prescrit de se sĂ©parer de son bĂ©tail, faute de quoi les animaux se changeraient en bĂȘtes sauvages. Dans une lettre du 20 septembre 1927 du commandant de la rĂ©gion Nord au commissaire de la RĂ©publique archives non classĂ©es, sous-prĂ©fecture de Garoua Ses ordres furent exĂ©cutĂ©s car des arrivĂ©es tout Ă  fait anormales de bĂ©tail se produisirent sur les gros marchĂ©s de la rĂ©gion et mĂȘme Ă  Garoua oĂč les cours baissĂšrent. L’effet le plus immĂ©diat de la propagande Ă©tait, en tout cas, l’appauvrissement d’administrĂ©s dĂ©jĂ  trĂšs pauvres et qui se dĂ©barrassaient hĂątivement et inconsidĂ©rĂ©ment de leur seule richesse, leur cheptel [...] il est Ă  craindre qu’ils ne tentent maintenant de le reconstituer par des actes de banditisme au dĂ©triment des FoulbĂ©s voisins. 79Cette rĂ©volte Ă©clate en revanche avec violence un peu partout ailleurs, principalement au Tchad. Sous les injonctions de Mangilva, la date choisie pour le soulĂšvement est au cƓur de la saison des pluies. Les guerres entre voisins et Ă©gaux partageant les mĂȘmes codes ritualisĂ©s, contrĂŽlĂ©s par la gĂ©rontocratie des deux camps, ne se dĂ©roulent que sur les frontiĂšres et durant la saison sĂšche, aprĂšs que les rĂ©coltes ont Ă©tĂ© engrangĂ©es. MĂȘme les razzias peules cessent pendant la saison des pluies, chacun, musulman comme haa’be, suivant avec apprĂ©hension la croissance des petits mils et des sorghos. Mangilva invite, lui, Ă  une vĂ©ritable inversion des lois de la guerre. Il n’y a plus de rĂ©serves dans les silos, on annonce mĂȘme la soudure ; or l’ordre de Mangilva serait de laisser le mil pour la viande, afin que les guerriers puisent leurs forces dans une alimentation carnĂ©e, selon une promesse maintes fois rappelĂ©e dans les rapports administratifs – le messie de Lam disait Ă  tous ceux qui sacrifieront une vache je leur donnerai cinq vaches ». Il faut larguer les amarres avec le passĂ© et se jeter dans l’inconnu, vers les promesses de ce monde nouveau prophĂ©tisĂ©. Ce choix n’en prĂ©sente pas moins quelques avantages stratĂ©giques. Partout, les sorghos sont hauts, entre 3 et 3,5 mĂštres. Les guerriers peuvent se dĂ©placer dans cette mer de mil qui masque les villages et se prĂȘte Ă  tous les guets-apens. Ces campagnes dĂ©trempĂ©es, aux vĂ©gĂ©tations herbacĂ©es ou buissonnantes exubĂ©rantes, gĂȘnent les mouvements de cavalerie. Durant cette pĂ©riode, les montures de l’administration et celles des Peuls, harcelĂ©es par les mouches, se montrent peu efficaces. Une sĂ©dition par dĂ©lĂ©gation au Tchad contre l’administration coloniale 80Au-delĂ  de la propagande » millĂ©nariste de Mangilva qui crĂ©e un climat favorable aux Ă©meutes et rĂ©voltes, les populations du Mayo Kebbi, au Tchad Mundang, Kado, Peve, nourrissaient d’autres motifs pour fomenter une insurrection. Parmi eux, la dĂ©nonciation d’une application pour le moins abusive de l’indigĂ©nat » qui se doublait de l’obligation de la culture du coton. Elle fut conduite par un encadrement caporalisĂ© – c’est lĂ  un euphĂ©misme – et, de surcroĂźt, sans compĂ©tence agronomique. La rĂ©volte syncrĂ©tisera toutes ces frustrations sur fond d’angoisse partagĂ©e devant un avenir devenu incomprĂ©hensible et menaçant. Des Ă©vĂ©nements sporadiques, mais violents 81AoĂ»t 1927 fut pour le Tchad le dĂ©but de l’affaire du dieu ou messie de Lam » Lanne 1993 434. Le chef de subdivision de Pala, Mazeau, part pour une tournĂ©e Ă  Douey, LamĂ© et Dari afin de procĂ©der Ă  un recensement et, surtout, pour calmer les esprits Ă©chauffĂ©s par la propagande de Mangilva. Depuis quelques mois, cette propagande » progresse, en particulier chez les Mundang. Le 30 aoĂ»t, il est attaquĂ© Ă  Toukoukouri Koutoukouri, sur la carte IGN par une troupe d’indigĂšnes [Ils] lancĂšrent des flĂšches et des sagaies presque toutes empoisonnĂ©es. AprĂšs un feu de salve les assaillants reculĂšrent puis revinrent Ă  la charge. » Le chef de subdivision dĂ©cide alors de se replier sur son poste. Son retour s’accompagne de concerts de flĂ»tes et sifflets de guerre » et de volĂ©es de flĂšches Ă  chaque passage de village. Le 31 aoĂ»t, il apprend que les indigĂšnes des villages de Ngara, de Touya et de Touaye, rejoints par ceux du canton de Douey et des gens de Bissi Mafou subdivision de LĂ©rĂ©, rallient Toukoukouri pour, de lĂ , marcher tous ensemble sur Pala. Cette marche tournera court par manque de logistique, chaque rĂ©voltĂ© n’emportant que deux jours de vivres, et aussi parce que certains villages leur refusĂšrent le passage. Le gros village d’ErdĂ©, peuplĂ© de Peve, s’opposera Ă  sa traversĂ©e par les Mundang en marche sur Toukoukouri – s’ensuivirent flottement, menaces de mort... et arrĂȘt de la colonne. 21 AprĂšs l’enterrement de GauthionnĂ©, grand chef de race des Mundang », Gadianka, l’hĂ©ritier lĂ©gitim ... 82Toutefois, l’agitation monte du cĂŽtĂ© de rĂ©gions trĂšs peuplĂ©es comme LĂ©rĂ©, et le gros canton de Torok rejoint le soulĂšvement. La situation est sĂ©rieuse car les instigateurs de la rĂ©volte ne seraient rien moins que Gadianka, l’hĂ©ritier de Gong GauthionnĂ©, de LĂ©rĂ©21, frĂšre de l’actuel chef de canton de LĂ©rĂ©, Gong KidĂ©, Gandianka et SaĂŻla, chef du canton de Douey. Gandianka se fait le porte-parole du dieu de Lam dans la rĂ©gion de LĂ©rĂ© et anime le mouvement en sous-main. 22 Georges Beaudet, adjoint des services civils de l’AEF, a servi au Cameroun et au Tchad, oĂč il est c ... 23 Terme militaire des troupes coloniales de l’Afrique de l’Ouest, pour le chĂąteau » ou la demeure d ... 24 Rapport du 5 juin 1928, chef de circonscription Beaudet. 83Le chef de circonscription du Mayo Kebbi, Ă  laquelle appartient la subdivision de Pala, M. Beaudet22, le 11 septembre 1927, quitte prĂ©cipitamment Bongor pour Pala Ă  la tĂȘte d’une petite colonne de 20 gardes. Il va se positionner au centre du soulĂšvement, Ă  Toukoukouri, oĂč il fait fortifier le gĂźte-Ă©tape administratif. De lĂ , il sillonne la rĂ©gion de Pala, Douey et Lagon oĂč il est attaquĂ© par un fort parti mundang. Il y dĂ©crit des combats difficiles, menĂ©s dans des champs de sorghos trĂšs hauts. L’administrateur fait faucher les sorghos pour dĂ©gager les approches du tata23 » de l’arnado oĂč les Ă©meutiers se sont regroupĂ©s. La bataille dure plus de deux heures, le tata est enlevĂ© et brĂ»lĂ©, 300 Mundang sont refoulĂ©s. On compte, parmi eux, trois tuĂ©s et huit blessĂ©s ; du cĂŽtĂ© de la colonne du chef de circonscription, un Peul du convoi a Ă©tĂ© tuĂ©24. 25 Vanelsche sera ensuite engagĂ©, dĂšs 1928, dans l’écrasement du soulĂšvement de Karnou chez les Gbaya ... 26 Au coeur de la contestation, Beaudet avait installĂ© Ă  Lagon un commis des services civils, Duffner, ... 84Alors que le soulĂšvement au Cameroun se limite Ă  une multiplication d’attaques Ă  mains armĂ©es de reprĂ©sentants de la communautĂ© peule, la colonie du Tchad rĂ©clame au Cameroun le concours de dĂ©tachements supplĂ©mentaires. En septembre 1927, une colonne de 50 gardes et miliciens arrive du Cameroun avec, Ă  sa tĂȘte, le chef de circonscription de Garoua, Jean Vanelsche25, accompagnĂ© des chefs de subdivision de Garoua, Maroua et Guider. Ils vont alors renforcer un dĂ©tachement tchadien Ă©quivalent, commandĂ© par Beaudet26. Ils ramĂšneront peu Ă  peu l’ordre en quadrillant le pays et, dĂšs le 4 octobre1927, 40 gardes pourront rentrer Ă  Guider. Vanelsche, dans un long rapport 1927 5 et 7, rĂ©sume les Ă©vĂ©nements Gadianka [prince de LĂ©rĂ©] qui Ă©tait en rapport avec les Kirdis de la rĂ©gion de Guidder aurait avisĂ© Seila [chef de canton de Douey] qu’un homme de la montagne de ce pays, envoyĂ© de Dieu, avait ordonnĂ© l’abattage immĂ©diat de tous les bovidĂ©s, caprins et poulets sous peine de voir ces animaux se mĂ©tamorphoser en lions, panthĂšres et charognards et dit Ă©galement que les Français n’étant plus en force et ayant peur des indigĂšnes commencent Ă  Ă©vacuer le pays. Le Blanc de Guidder chassĂ© par les indigĂšnes s’est rĂ©fugiĂ© Ă  Garoua avec ses gardes. Il faut de toute nĂ©cessitĂ© mettre Ă  mort les EuropĂ©ens de LĂ©rĂ© et de Palla. Les hommes ressuscitĂ©s » nous aideront [...]. Les indigĂšnes de Bongor racontent... des morts parlĂšrent dans certains villages et donnĂšrent Ă  leurs habitants des directives subversives [...] une aggravation de la situation de la subdivision de Palla et la continuation des agissements du dieu de Lam pourraient provoquer un revirement des esprits dĂ©jĂ  bien excitĂ©s. Il importe qu’une solution complĂšte et dĂ©finitive affirmant notre autoritĂ© soit apportĂ©e Ă  la situation dans les rĂ©gions oĂč le mouvement a commencĂ© Ă  se manifester. Faute de quoi des troubles graves seraient Ă  craindre Ă  Bongor. Carte 2 Carte de situation du soulĂšvement du dieu de Lam ». © Christian Seignobos 85Au Tchad, le soulĂšvement se durcit, les postes administratifs sont menacĂ©s, on veut chasser l’administration, en particulier de Pala, poste trĂšs contestĂ© par le chef de Douey et ceux de la rĂ©gion. Le discours des insurgĂ©s s’est, lui aussi, radicalisĂ© et mĂȘme millĂ©narisĂ© ». Chez les Musey, les Masa et les Mundang, partout des guerriers morts renforceraient de façon occulte les rangs des Ă©meutiers, couplĂ©s Ă  des imprĂ©cations trĂšs mahdistes telles que les fusils des commandants ne cracheraient que de l’eau ». L’administration coloniale, entre frayeur et mauvais diagnostics 86La prĂ©sence de militaires et d’administrateurs civils sillonnant le pays calme les esprits, et certains des chefs trop compromis prennent la brousse ; pour autant, l’administration Ă©prouve une Ă©norme frayeur rĂ©trospective – sans en arriver Ă  formuler une analyse approfondie des Ă©vĂ©nements. Le soulĂšvement du dieu de Lam a touchĂ© une administration incrĂ©dule, dĂ©passĂ©e, puis paniquĂ©e. Celle-ci comprend enfin que ces mouvements ont partie liĂ©e et font tache d’huile, sans toutefois saisir qui dĂ©livre les ordres de mobilisation. Les sorciers », toujours, des illuminĂ©s » qui spontanĂ©ment » mobilisent des gens Ă©chauffĂ©s par la boisson, associĂ©s Ă  d’opportunistes bandits » profitant de la situation on en reste lĂ . Ces peuples organisĂ©s pour ne pas l’ĂȘtre », sans appareil dynastique – les Mundang exceptĂ©s – oĂč le pouvoir se trouve diluĂ© dans une infinitĂ© d’autoritĂ©s, n’empĂȘchent nullement la circulation des mots d’ordre, comme le signale Bah 1974 135, mĂȘme si, au passage des frontiĂšres linguistiques, se produisent des transformations, dilution ou amplification. Pendant deux Ă  trois ans, le dieu de Lam parvient Ă  crĂ©er un cercle d’affidĂ©s touchant une quinzaine de groupes haa’be, correspondant Ă  une aire de peuplement de plus de 600 000 personnes. 27 Le mahdisme s’était dĂ©veloppĂ© avec Rabeh lors de sa conquĂȘte du Bornou, Ă  la fin du xixe siĂšcle, et ... 28 RĂ©cupĂ©rĂ©e au poste de Guider par Lestringant, qui me la communique le 12 octobre 2004. 87DĂšs lors, le danger ne peut venir que d’ailleurs, ĂȘtre le fait d’agitateurs. DĂ©boussolĂ©s, les administrateurs au Tchad en viennent Ă  y voir la main de l’étranger. Beaudet, le 7 juin 1928, Ă©crit au lieutenant gouverneur du Tchad j’ai l’impression que nous ne connaissons pas le fond de l’affaire du dieu de Lam et que derriĂšre Toumba et ses acolytes pourraient se trouver des menĂ©es germaniques ou communistes, peut-ĂȘtre les deux ». C’est peu dire de cette incomprĂ©hension. Mais ils reprennent plutĂŽt leur hantise premiĂšre, qui fut plus grande encore chez les Britanniques du Nigeria, celle d’un mouvement mahdiste27 masquĂ©. Vanelsche lui-mĂȘme se montre sensible Ă  l’argument, dans une lettre manuscrite de 192728 Toumba, nĂ© Ă  Lam, Ă©tait fils de feu Seka et de Dina. Seka, le pĂšre, avait obtenu Ă  Binder Tchad une planchette d’origine coranique et Ă  pouvoir magique, il mourut cependant brutalement d’une drogue. Toumba reprit cette planchette et fit connaĂźtre sa divinitĂ© ? Ă  BourraĂŻ, Lam et Djougui. Il reçut la visite des gens de LĂ©rĂ©, Ă  qui il aurait confiĂ© le soin d’attaquer le poste de Guidder. 88Deux mois plus tard, en octobre, Vanelsche, de retour au Cameroun, passe par Binder pour chercher le fameux Malloum Bakory qui remit au “mangilva” de Lam et Ă  son pĂšre les talismans en question dans mon prĂ©cĂ©dent rapport. D’aprĂšs mon Ă©crivain d’arabe Malloum ShoulĂ© il y aurait Ă  Bindir [...] des reprĂ©sentants de la secte Mahdia qui a causĂ© naguĂšre aux rĂ©sidents de la Nigeria du nord les pires difficultĂ©s ». 89Ces lettres et rapports montrent, outre le poids de la rumeur, une forme de crĂ©dulitĂ© des Peuls devant les pouvoirs occultes paĂŻens et, du cĂŽtĂ© de l’administration coloniale, le crĂ©dit accordĂ© Ă  leurs interprĂštes peuls, souvent en collusion avec les lamibe. Dans un rapport confidentiel du Haussaire » le haut-commissaire de la RĂ©publique du Cameroun, Marchand, au gouverneur gĂ©nĂ©ral de l’AEF Ă  Brazza, le 7 novembre 1927, on peut lire L’affaire de Lam fait ressortir plusieurs choses. L’administration française a Ă©tĂ© surprise qu’un petit sorcier ait eu une telle audience, cela montre qu’elle ne connaĂźt pas le monde kirdi autre que par l’intermĂ©diaire des Peuls. Mais que la grande peur ne vient pas des fĂ©tichistes, mais toujours de l’islam, puisque cette affaire a renforcĂ© le renseignement qui s’est naturellement portĂ© sur les Mallum baladeurs Ă  travers l’Afrique. 90On retrouve, lĂ  encore, le mĂȘme fantasme de menace madhiste et, plus largement, de l’islam. 29 Cette incomprĂ©hension se poursuit avec un ancien administrateur colonial, historien du Tchad, dont ... 91Les archives nationales que nous avons consultĂ©es au Tchad sur le sujet ne rendent compte Ă  aucun moment d’une vĂ©ritable interrogation sur la cause de ce soulĂšvement et de ses Ă©pisodes violents. L’administration continue, imperturbable, sa mission civilisatrice. Deux ans plus tard, le chef de subdivision de LĂ©rĂ©, Manicacci 1929-1931 lance en grandes pompes la culture du coton avec, Ă  partir de 1930, non plus les variĂ©tĂ©s locales, mais le coton Triumph imposĂ© au Mayo Kebbi par la Cotonfran... et qui prendra pour nom coton manakatche ». Dans le cas de Mangilva et de sa rĂ©volte, une incomprĂ©hension totale persiste, jusqu’au bout29. Ce qui domine, c’est la peur rĂ©trospective d’une administration qui, plus ou moins consciemment, le fera, Ă  son tour, payer au prophĂšte de Lam. La chute du dieu de Lam » L’arrestation de Toumba Modomdoko 30 Informants Damba Govdo, Doudaka Bernadette, Kaodam Monglo, Dawaye Tougou Madi. 92Dans les traditions orales concernant la fin de Toumba, une version m’a longtemps semblĂ© insolite30. Le chef de Lam, Hamaoka Nembata, aurait Ă©tĂ© envoyĂ© par Mangilva Ă  Guider pour rĂ©clamer sept vaches laitiĂšres et des gourdes de miel au commandant », pour le dieu de Lam. Alors que Toumba ne boit pas de lait, nourriture des Peuls. Hamaoka, le messager, aurait Ă©tĂ© encadrĂ© par deux proches de Mangilva, Dawaye Loblob et Dawaye Zalang. AprĂšs qu’ils auraient formulĂ© leur demande, le Blanc de Guider », Ă  l’époque le lieutenant Belmondo, leur aurait dit ne rien comprendre. De quel Dieu me parlez-vous ? Qui alors vous commande, n’est-ce pas toi, Hamaoka ? » Les informateurs lui font ajouter des propos bien improbables J’irai Ă  Lam oĂč rĂ©side votre Mangilva pour me perdre ou pour l’arrĂȘter. » NĂ©anmoins, parmi des notes manuscrites du poste de Guider rassemblĂ©es – ici encore – par Lestringant, on peut lire la confirma­tion de cette Ă©tonnante provocation Le 7 aoĂ»t 1927, le chef de village de Lam dĂ©clare au chef de poste de Guider qu’il y a Ă  Lam un Mangilva dieu qui m’a chargĂ© de te demander, Ă  titre de cadeau, cinq vaches laitiĂšres et quatre grands boubous blancs ; en cas de refus il dit qu’il te chassera de Guider. 93Cette provocation, incomprĂ©hensible pour le commandant » du poste, aurait dĂ©cidĂ© ce dernier Ă  dĂ©faire Hamaoka du pouvoir pour le remplacer par le chef de terre comme interim, puis par son oncle. 94Certains Gidar pensaient que le soulĂšvement ne deviendrait possible Ă  Lam qu’aprĂšs avoir eu lieu ailleurs. Or, le soulĂšvement fait rage chez les Mundang, les Kado et les PĂ©vĂ©, il semble imminent chez les Giziga et les Daba voisins, et il ne se passe toujours rien Ă  Lam. Mangilva aurait-il provoquĂ© l’administration afin qu’elle vienne l’arrĂȘter, suscitant ainsi l’étincelle qui serait le dĂ©clencheur de la rĂ©volte ? 95Dans le cadre de nos enquĂȘtes, l’arrestation de Toumba est mise sur le compte de la trahison chefs et notables sont alors prĂ©sentĂ©s comme jaloux de la richesse engrangĂ©e par l’entourage de Mangilva par le biais d’un pĂšlerinage dont ils n’auraient jamais pu prĂ©lever leur part. Mangilva n’a pas la rĂ©putation de voler ni celle de contraindre. Les justiciables, qui font de plus en plus appel Ă  lui, reçoivent un jugement sans avoir Ă  verser d’épices ; ce faisant, Mangilva empiĂšte sur les prĂ©rogatives des chefs, ce qui leur devient intolĂ©rable. 96Le protĂ©gĂ© du commandant de Guider, MĂ©li Toumba, de Kongkong, claironne avoir testĂ© le pouvoir de Mangilva. Il aurait enrĂŽlĂ© deux cĂ©lĂšbres voleurs de bĂ©tail des Peuls, Voundoukou et Ge’don, pour s’emparer d’un troupeau de boucs castrĂ©s dĂ©diĂ© Ă  Mangilva – que les intĂ©ressĂ©s auraient ramenĂ© sans peine Ă  Kongkong. MĂ©li Toumba le fait livrer Ă  Guider en disant au lieutenant Ce sont lĂ  des bĂȘtes de Mangilva, un dieu vĂ©ritable n’aurait pas permis ce vol. » Si une telle anecdote semble n’avoir d’intĂ©rĂȘt qu’au regard des interrogations des Gidar sur la part de divinitĂ© de Mangilva, certains tiennent pour assurĂ© que le sort de Mangilva aurait, dĂšs lors, Ă©tĂ© scellĂ©. La subdivision de Guider se dĂ©cide Ă  agir sous la pression de l’administration du Tchad, oĂč se dĂ©roulent les actions les plus nombreuses et les plus violentes. Elle rĂ©clame instamment que le premier fauteur de troubles, Mangilva de Lam, soit arrĂȘtĂ©. Guider envoie alors ses gardes, qui investissent le camp de Mangilva, renversent les clĂŽtures et mettent le feu. On cherche Ă  arrĂȘter Toumba, mais sitĂŽt approchĂ© il disparaĂźt, devient de la terre ou entre dans une termitiĂšre ». Les goumiers, au nombre de quatre puis de seize, seraient venus Ă  quatre reprises pour l’arrĂȘter, en vain. Toumba comprend alors que la population ne va pas se soulever pour lui. La nuit, il se dĂ©chaĂźne et, comme Ă  l’accoutumĂ©e, perchĂ© aux sommets des canopĂ©es des grands cailcĂ©drats de Lam, il crie Je vous ai enseignĂ©, je vous ai appris Ă  sacrifier, Ă  vous protĂ©ger ; je vous ai fait prospĂ©rer. Vous avez commencĂ© Ă  tisser entre vous des propos Ă  mon encontre et certains cherchent Ă  me livrer. Le bien que je vous ai fait, vous me le rendez par le mal. » Bien qu’il se sente lĂąchĂ© par les siens, Ă  aucun moment il ne manifeste le dĂ©sir de s’enfuir. Il se cache dans la montagne ou dans les sous-quartiers de Douvah ou de Koussoukou. La traque durera un mois. Ses envoyĂ©s ou disciples », dans les versions actuelles, quant Ă  eux, ont pris la brousse dĂšs la premiĂšre descente des gardes. 31 À Guider, le lieutenant Belmondo est en place jusqu’au 16 aoĂ»t 1927. Etcheber lui succĂšde comme civ ... 32 Dans chaque quartier, on a placĂ© un mouchard nampur au service du chef de Lam, Bakari. Celui de D ... 97L’administration31, qui a enfin pris la mesure de la situation, a disposĂ© des gardes Ă  Kongkong, Ă  Djougui et Ă  Houmbal, derriĂšre la montagne de Lam, pour prĂ©venir ce soulĂšvement qui couve. Des pelotons de dizaines de cavaliers peuls de Mindif sont mobilisĂ©s et placĂ©s sur la limite entre le lamidat et Lam. C’est sur dĂ©nonciation de Doubla Masay, un chef de quartier de Douvah qui le faisait suivre, qu’un gradĂ©32 et quelques gardes vont mettre la main sur Mangilva. Il s’était cachĂ© Ă  Koussoukou, dans le creux d’un grand Ficus gnaphalocarpa. AprĂšs avoir menĂ© une vie sĂ©dentaire, reclus dans sa case – Ă  l’exception de ses dĂ©placements nocturnes –, il est devenu trĂšs corpulent. Il porte toujours une abondante chevelure couverte par un chapeau de paille Ă  large bord appelĂ© par les Peuls mbuululure et reste vĂȘtu d’une simple peau lombaire. Il porte l’étui pĂ©nien gidar bulala en fibres de racines de rĂŽnier, et sera arrĂȘtĂ© dans cet appareil. 98Les Gidar s’attroupent et grondent. On veut lui attacher la main gauche au cou, il dit que ce ne sera pas nĂ©cessaire, et on ne l’aurait finalement pas menottĂ©. Les informateurs ont toujours Ă©tĂ© unanimes quant Ă  l’amĂ©nitĂ© du caractĂšre de Toumba. C’est un non-violent. Comme certains font mine d’intervenir, il leur dit, ainsi qu’à ceux de sa famille Laissez, ne perdez pas votre vie pour moi. » Un garde l’interroge Alors c’est toi, le dieu de Lam ! » Il y a du pathos dans cette arrestation, du moins les informateurs s’emploient-ils Ă  la faire revivre. 99Une note – trouvĂ©e encore dans la subdivision de Guider – en rend compte diffĂ©remment Le Mangilva Toumba est le 20 aoĂ»t Ă  Douva [village gidar au nord-est de la montagne de Lam]. Il est arrĂȘtĂ© par un sergent en civil. Il appelle au secours. Les Kirdis lancent des flĂšches. Le sergent tire en l’air huit cartouches. Les Kirdis de Douva, non ceux de Lam, se rĂ©fugient sur la montagne de Lam Ă  l’arrivĂ©e du chef de subdivision. On incendie le sarĂ© du sorcier. 100Toumba a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© au mois d’aoĂ»t, tla na mogonok la lune des charo­gnards, mois nĂ©faste, pĂ©riode de la soudure oĂč ne sont cĂ©lĂ©brĂ©s ni fĂȘte, ni mariage. Il aurait passĂ© la nuit enchaĂźnĂ© dans le sarĂ© de l’ancien chef Hamaoka Ă  Didagla, au milieu du groupe de goumiers passablement inquiets. Les sectateurs de Mangilva s’étaient rassemblĂ©s sur la montagne de Lam, empruntant le passage aton deka girma passer sur la pierre », puis le second passage dĂ©fendu par des blocs de rochers gĂ©ants, sur le chemin dĂ©nommĂ© koo sauvĂ© ». Toute la nuit dans ce refuge, ils ont dĂ©battu, sans savoir quel parti prendre. Ils se reprocheront par la suite de n’avoir rien entrepris. Puis, au petit matin, la colonne s’ébranle vers Guider par Djougui. Des gens la suivent dans la brousse et se manifestent par des sifflets de guerre jusque vers Mayo LouĂ©, mais aucune attaque n’a lieu. 101C’est alors la curĂ©e, chefs et notables vident les greniers de Mangilva, se partagent ses biens, mil et bĂ©tail. Confirmation pour les Gidar que ce sont bien eux, ces jaloux », qui ont travaillĂ© Ă  la perte de Mangilva. Il s’agit notamment de MĂ©li Toumba, de Kongkong, qui se rĂȘve en leader des Gidar de l’est et cherche Ă  amoindrir Lam. Il a poussĂ© MĂ©li Voundou, de Douvah, Ă  trahir Mangilva. Enfin il s’est associĂ© au tandem Bakari-Laadi de Lam, de concert avec les interprĂštes peuls de la subdivision. Mangilva a Ă©tĂ© trahi par les siens, vĂ©ritable pain bĂ©ni pour tous ceux qui vont s’appliquer Ă  construire son image de messie. 102Lestringant 1964 385 signale, de façon laconique, la fin de Mangilva, arrĂȘtĂ© le 20 aoĂ»t 1927 AprĂšs son arrestation Ă  Douva, au milieu d’une foule surexcitĂ©e, la fiĂšvre retombe sans qu’un vĂ©ritable mouvement insurrectionnel ait vu le jour. » Le 5 octobre 1927, Vanelsch reçoit Ă  GolombĂ© une lettre du Lamido de Rey, complimentant l’administration pour la capture du Mangilva de Lam. 103CondamnĂ© Ă  dix ans d’internement Ă  Ébolowa, au sud du Cameroun, Toumba meurt Ă  la prison de Garoua, le 25 juin 1928. Rien n’a vraiment Ă©tĂ© dit des motifs pour lesquels la condamnation de Toumba Mo-domdoko a Ă©tĂ© prononcĂ©e. On ne relĂšve aucune accusation administrative Ă©crite. Mangilva se serait laissĂ© mourir de faim Ă  la prison de Garoua Beauvilain 1989 334. La nouvelle de sa mort est accompagnĂ©e d’un certain nombre de signes mĂ©tĂ©orologiques » – comme pour punir » ceux qui l’avaient abandonnĂ©. Des dĂ©prĂ©dateurs ravagent les rĂ©serves de grains, les semences dans les champs... sans oublier d’ultimes hĂ©catombes de bĂ©tail en sacrifices. Par la suite, certains Gidar mettront sur le compte de l’arrestation de Mangilva la pĂ©riode d’invasions acridiennes rĂ©currentes de 1930 Ă  1938 qui ravagĂšrent le pays. Le temps des rumeurs sans fin 33 ANY APA 12347 /ANY/APA 11738 D. 34 ANY APA 12035, signalĂ© aussi par Beauvilain 1989 333-334. 104L’administration ne communiqua que trĂšs peu sur l’arrestation de Mangilva alors que ses disciples » s’employaient Ă  cacher cette issue Mangilva vivrait ! Seul un serviteur aurait Ă©tĂ© apprĂ©hendĂ©, un autre Toumba »... il y en a tant. Les rumeurs quant Ă  cette fausse arrestation du dieu de Lam sont particuliĂšrement entretenues au Tchad, oĂč l’on soupçonne les populations d’ĂȘtre prĂȘtes Ă  fomenter de nouveaux soulĂšvements. Le chef de circonscription Beaudet, sans doute traumatisĂ© par la premiĂšre sĂ©dition qu’il a vĂ©cue, craint qu’une deuxiĂšme vague ne se produise. Aussi Maurice de Coppet, gouverneur du Tchad, dans une missive du 19 juin 1928, rĂ©clame-t-il avec insistance davantage de prĂ©cisions sur l’arrestation de Mangilva Quelles sanctions appliquĂ©es contre le dieu de Lam aprĂšs son arrestation ? » afin de pouvoir dĂ©samorcer cette agitation qui n’en finit pas autour de LĂ©rĂ©. Il renverra une lettre, le 13 novembre 1928, au chef de circonscription de Maroua33. Le gouvernement du Tchad ne s’alarme pas inconsidĂ©rĂ©ment, et l’on retrouve dans des lettres et leurs rĂ©ponses que si la pĂ©riode aiguĂ« de l’agitation créée par le dieu de Lam est rĂ©ellement terminĂ©e, il n’en reste pas moins que les informations que nous donne le chef de circonscription de Garoua signalent qu’il y a encore des agents de ce mouvement dans la rĂ©gion de Guider qui ont des intelligences dans la subdivision de LĂ©rĂ© ». On peut y lire encore que si les chefs de Douey SaĂŻla et de Lagon peuvent encore [...] garder leur libertĂ© dans un pays oĂč nous les traquons, une partie de la population indigĂšne ne manquerait pas de nous aider Ă  les capturer et les capturerait elle-mĂȘme si elle le pouvait. Il faut bien admettre qu’ils ont encore des partisans en nombre apprĂ©ciable ». Et de pointer encore la chefferie de LĂ©rĂ©. Cette inquiĂ©tude reste partagĂ©e au Cameroun, si l’on en croit la lettre au commandant de la rĂ©gion Nord, Guibet, reprenant un rapport du chef de circonscription de Maroua, Lenoir, en tournĂ©e Ă  N’Doukoula – Ă  la frontiĂšre nord du pays Gidar –, le 23 novembre 1927 34. Aux dires des gens de N’Doukoula [des Peuls], les Kirdis des rĂ©gions de Moutouroua, Midjivin, Boboyo, Loulou et Kola... sont en effervescence depuis les incidents de Lam. Ils continuent d’ailleurs Ă  envoyer des animaux en hommage Ă  Mangilva que le chef Amaouaka de Lam reprĂ©senterait, en affirmant que seul un serviteur a Ă©tĂ© pris par les Blancs et non le Mangilva lui-mĂȘme... Une prophĂ©tie partie de Lam annoncerait, dans deux mois, une sorte d’éclipse de soleil provoquant la mort des FoulbĂ© dont les animaux reviendraient aux Kirdis, en remplacement de ceux envoyĂ©s Ă  Lam ou Ă©gorgĂ©s suivant les recommandations de Mangilva. DĂ©fense serait donc faite aux Kirdis de continuer Ă  demeurer auprĂšs des FoulbĂ©... 105On enregistre un mouvement de repli de certains quartiers en plaine vers les zones refuges. De leur cĂŽtĂ©, les Peuls, trop isolĂ©s, comme ceux de N’Doukoula, s’empressent d’envoyer leurs troupeaux loin en transhumance et pour la premiĂšre fois vers le nord, les yayrĂ©s, pĂąturages inondĂ©s de la plaine du Logone, pour les protĂ©ger. 35 Mouchet a Ă©tĂ© un administrateur colonial atypique. Les interprĂštes officiels le dĂ©signaient comme u ... 106Mouchet35 devient chef de la subdivision de Guider en 1928, l’annĂ©e aprĂšs les Ă©vĂ©nements du dieu de Lam. Dans un rapport de tournĂ©e du 10 aoĂ»t au 7 septembre 1928, il Ă©crit 36 Le malaise que connaissent les sociĂ©tĂ©s kirdis devait disparaĂźtre devant les outils promĂ©thĂ©ens de ... La question la plus importante de la rĂ©percussion des anciens Ă©vĂ©nements de Lam prĂ©occupe Ă  tout instant le chef de subdivision [Mouchet]. Il a reçu des ordres trĂšs stricts Ă  ce sujet de Monsieur le chef de circonscription ; il a des informateurs qui le renseignent et tente de temps Ă  autre un raid surprise contre les sarĂ©s oĂč se cacheraient les soi-disant continuateurs du Mangilva. Jusqu’ici, les trois indigĂšnes dĂ©signĂ©s ont rĂ©ussi Ă  s’échapper, mais ils se sentent traquĂ©s et n’ont plus de domicile fixe. D’ordre de M. le chef de circonscription, des sanctions Ă©nergiques sont prises contre ceux qui avaient tentĂ© de leur donner asile. Si ces trois agitateurs ne tombent pas entre nos mains de vive force, ils seront livrĂ©s ou tuĂ©s par leur propre village, ou rĂ©duits Ă  demeurer pour toujours dans une autre rĂ©gion. Nous ne disons pas que l’unanimitĂ© de la population est avec nous dans ce pourchassement mais les chefs se dĂ©clarent fatiguĂ©s de la prĂ©sence de ces trois indĂ©sirables qui leur valent tant de visites imprĂ©vues [...]. Il faut noter en notre faveur la rapiditĂ© avec laquelle les villages ont fourni des travailleurs, non seulement aux fours de Bidzar, mais encore au dĂ©broussement de la piste automobile, Ă  l’occasion de la venue de la premiĂšre voiture dans la rĂ©gion de KongKong36 [...] de frĂ©quentes tournĂ©es dans le pays avec l’aide de l’automobile promise Ă  la subdivision, feront le reste pour la paix du groupement. 107L’administration poursuit sur sa lancĂ©e, dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©e construction de routes et de postes. Le mandat du chef de subdivision est clair – produire de la chaux envoyĂ©e par caravanes d’ñniers dans des sacs de cuir de 40 kg dans toutes les circonscriptions du nord oĂč les postes se dĂ©veloppent. L’aprĂšs-Mangilva Des rĂ©surgences sous contrĂŽle 108AprĂšs l’arrestation de Mangilva, la polĂ©mique qui Ă©clate au grand jour, Ă  Lam et dans tout le pays gidar, n’a pas cessĂ© jusqu’à aujourd’hui. Les contempteurs de Mangilva se manifestent enfin ouvertement S’il avait une part de divinitĂ©, comment s’est-il laissĂ© faire ? » Le camp des sceptiques grossit d’un seul coup ; ceux qui ont sacrifiĂ© leur bĂ©tail font l’objet de moqueries et une expression fait son apparition Menteur comme Mangilva ». Les concurrents de Lam, les Gidar de Kongkong, jaloux de la prospĂ©ritĂ© de son pĂšlerinage, multiplient les lazzis, danses et chants repris aujourd’hui Je n’ai plus de boucs, je n’ai plus de chĂšvres, ni de poulets, tout a Ă©tĂ© raflĂ© par ce Toumba Modomdoko. » Quant aux enfants, ils jouent au dieu de Lam en se distribuant des rĂŽles et en mimant les sacrifices contre la variole ou contre les charançons, contre le danger qui vient du nord » les Peuls. 109Certains accusent les notables, les chefs de guerre en particulier, de trahison On s’est prĂ©parĂ©s, en attendant un ordre qui n’est jamais venu. » D’autres dĂ©plorent un manque de prĂ©paration On Ă©tait prĂ©parĂ©s mais contre qui ? contre les Peuls, pas contre les fusils du commandant. » Pour d’autres encore, les sacrifices ne sont jamais perdus Accomplit-on en vain un sacrifice ? » Les femmes, de leur cĂŽtĂ©, affirment On ne peut pas revenir en arriĂšre, on ne nous frappe plus et nous mangeons librement avec nos enfants. » 110Le mandat donnĂ© au nouveau chef de Lam, Bakari, est de surveiller les sectateurs du Mangilva et d’empĂȘcher le retour de son culte. Les disciples » se sont dispersĂ©s, mais le culte de Mangilva perdure, cachĂ© Ă  Lam, encore ostensible chez les Daba, les Giziga Midjiving ainsi qu’à LĂ©rĂ©. On dĂ©compte quelques successeurs putatifs de Mangilva. Gazam, crĂ©dible dans le cercle de Lam en tant que disciple reconnu, s’y essaie, tout comme Sokron et Vatawlan. Mais leur manque de charisme est aggravĂ© par le fait que les temps ont changĂ© les imprĂ©cations apocalyptiques ne font plus recette. Zaday Zourmba bii Tambayo, du quartier Digar, entame lui aussi une carriĂšre de successeur de Mangilva, en s’appuyant sur la personnalitĂ© de son pĂšre, grand devin reconnu, dĂ©jĂ  mentionnĂ©. Toutefois, pour devenir prophĂšte, il convient d’ĂȘtre habitĂ© – condamnĂ© Ă  l’ĂȘtre aprĂšs un choc, un exil, un moment d’aliĂ©nation. Zaday, aprĂšs avoir assassinĂ© celui qui avait enlevĂ© sa femme, s’exila. Mais si, Ă  son retour, devenu helgi, devin avec les cailloux, il se dit rempli de l’esprit de Mangilva », il se montra par trop intĂ©ressĂ© alors que Mangilva ne l’était pas, ce qui rapidement le discrĂ©dita. Craignant quelques tracasseries de la part de l’administration, sa famille le poussa Ă  quitter Lam. Il partit vivre de son art chez les Giziga de Jappay. 37 ANY APA 11 768/D. 111ÉchaudĂ©e, l’administration coloniale ajoute un suivi du messie de Lam » au dossier des Affaires kirdis » Garoua. Pendant deux Ă  trois ans, est consignĂ©e lĂ  toute la dĂ©lation ordinaire villageoise. La suspicion tourne principalement autour de six personnes accusĂ©es de vouloir raviver l’effervescence Ă©teinte aprĂšs l’arrestation de Mangilva Toumba ». Certaines nuits, elles » tiendraient des rĂ©unions secrĂštes loin des habitations, puis, montĂ©es sur un toit de leur enclos, crieraient, chacune dans son quartier, des ordres et incantations Ă©manant de Mangilva – Mangilva revient, les pluies seront au rendez-vous, ce que vous avez sacrifiĂ© l’an passĂ© sera remplacĂ©, prĂ©parez les cordes pour attacher votre nouveau cheptel » – ou des appels Ă  rĂ©bellion de la terre sortiront des soldats de Mangilva armĂ©s de fusils qui chasseront les Blancs ». Les soupçons convergent sur Daouai Djelane Dawaye Nzalam ex-intendant de Mangilva », celui qui traduisait les paroles de Mangilva derriĂšre son Ă©cran de sekko. On le signale Ă  Moutouroua, Ă  Moumour et Ă  LĂ©rĂ©, oĂč il rencontrerait d’autres sorciers ». Il est accompagnĂ© de Zourmba Kassane, de Boudva, de MĂ©li Madi et Adayanka, de Djougui. Partout, il dĂ©clare Je suis le suka [serviteur] du Mangilva. Vous Kirdis vous dites qu’il n’y a plus de Mangilva. Je sais, moi, oĂč se trouve Toumba. » Les archives de Garoua ont consignĂ© certains rapports des indicateurs peuls ou foulbĂ©isĂ©s qui, dĂ©guisĂ©s en colporteurs, passaient de sarĂ© en sarĂ© pour rĂ©colter des informations. On retrouve dans ces rapports la translitĂ©ration directe du foulfouldĂ© au français. Dans l’un d’eux, Adayanka, devin connu de Djougui, pressĂ© par la foule voulant savoir s’il voyait Mangilva dans son fĂ©tiche », aurait eu cette rĂ©ponse Je ne vois pas Mangilva mais je vois le “commandant” et j’en tremble. » Comme tout suspect, Adayanka recevra la visite d’une dizaine de gardes et d’un caporal venus arrĂȘter les agitateurs – sans rĂ©sultat, mais son sarĂ© sera nĂ©anmoins pillĂ©. De peur de ces visites, les villageois poussent les sectateurs de Mangilva Ă  s’éloigner – ainsi Dawaye Nzalam s’exile-t-il au Tchad. Il n’est cependant pas question de persĂ©cutions » envers les disciples, et mĂȘme ceux arrĂȘtĂ©s furent rapidement libĂ©rĂ©s. Le dernier Ă  se rendre se remet le 20 novembre 1928 entre les mains de Mosche », Mouchet, le rĂ©sident de Guider37 qui l’autorisera Ă  se rĂ©installer dans son village. La chasse aux sorciers » reste ouverte 1928-1930 38 Ainsi relĂšve-t-on, dans un certain nombre de rapports ou missives, comme celle du 8 novembre 1927, ... 112AprĂšs Mangilva, l’administration regarde diffĂ©remment ces Kirdis sympathiques, remuants, mais potentiellement dangereux » Ă©voquĂ©s par maints rapports coloniaux. Elle engage, de 1927 jusqu’en 1930, un contrĂŽle des sorciers ». En vertu d’un admirable syllogisme, aprĂšs le grand agitateur que fut le dieu de Lam, tous les sorciers, devins et apparentĂ©s furent tenus pour des agitateurs en puissance38. 113Mangilva aurait eu, un peu partout, des Ă©pigones, individus inspirĂ©s capables de rencontrer dieu prĂšs d’une montagne, Ă  Balda, Ă  Dogba, Ă  KossĂ©wa ; ce qui dĂ©clenche alors en eux une folie passagĂšre suivie de sacrifices Ă  exĂ©cuter et Ă  partager. Mangilva a fait recette. Pour autant, l’administration n’en dĂ©laisse toujours pas ses fondamentaux, comme le rĂ©vĂšle le rapport du chef de circonscription de Garoua en 1928 ConformĂ©ment Ă  mes instructions, le chef de subdivision de Guidder traque sans relĂąche les ex-fidĂšles du “Mangilva” et les malfaiteurs de la rĂ©gion de Lam. » On mĂ©lange toujours sectateurs du messie », coupeurs de route et pillards de troupeaux peuls. L’administration n’a retenu, au Cameroun, aucune leçon du soulĂšvement de Lam. Le chef de circonscription de Garoua signale, le 11 mars 1928 Les Moudangs dĂ©pendant du lamido de Bibemi obĂ©issaient mal Ă  leur chef [peul] en ce moment. Monsieur l’administrateur adjoint Etcheber chef de la subdivision de Garoua ira dans une huitaine de jours visiter ces indigĂšnes qui sont de la mĂȘme race que ceux qui attaquĂšrent lĂąchement Monsieur l’Administrateur Beaudet. 39 Connu sous le nom de l’affaire de Lam » par l’administration coloniale et la derniĂšre guerre de ... 114Les Kirdis devront encore attendre avant d’ĂȘtre Ă©mancipĂ©s de la tutelle lendemain de l’arrestation de Mangilva, tout Lam vit trĂšs mal sa lĂąchetĂ© et son incapacitĂ© Ă  rĂ©aliser la rĂ©volte attendue. La tutelle peule n’ayant fait que se renforcer, cette mauvaise conscience va se doubler d’une violente frustration, alimentant chez les Gidar une formidable rancoeur. Celle-ci explosera dix ans plus tard, dans un soulĂšvement plus Ă  leur portĂ©e, contre le lamido peul de Mayo LouĂ© qui prĂ©tendait encore les gouverner39. 115À la fin des annĂ©es 1980 se dĂ©veloppe un double discours au sujet de Mangilva Ă  cĂŽtĂ© de celui, classique, focalisĂ© sur la lutte contre la coloni­sation et les Peuls, un autre voit le jour, sorte d’appropriation de la vie et du message de Mangilva par les Ă©lites chrĂ©tiennes gidar. À Lam, bastion catholique, ce dernier discours sur le cĂ©leste » nous est apparu largement dominant, lors de nos derniĂšres enquĂȘtes de 2007. 40 Et aussi du prĂ©fet Haman SaĂŻd, du chef de canton de Mayo-Oulo, BabalĂ© Oumarou, conseiller Ă©coutĂ© d’ ... 116Le vieux chef Hamati Tizi a dĂ», comme tous ceux du nord du Cameroun promus au rang de chefs de cantons, embrasser l’islam sous la pression de dĂ©putĂ©s musulmans, en 1973, lors d’une campagne d’islamisation orchestrĂ©e par le gouverneur du nord, Ousmane Mey40. Le prĂ©sident Ahidjo voulait un nord musulman uni autour de lui. Toutefois, en 2007, Hamati Tizi faisait peu de cas de son passage dans l’islam et la mosquĂ©e prĂšs de son sarĂ© Ă©tait depuis longtemps en ruines. À Lam, la mission catholique créée par les Oblats, avec le pĂšre Elie BĂšve, date de 1947. Parangon du missionnaire Ă  l’ancienne – longue barbe, soutane grise et croix pectorale –, le pĂšre BĂšve, que j’avais rencontrĂ© au dĂ©but des annĂ©es 1970, me confia, au cours d’échanges Ă©pistolaires, qu’à ses dĂ©buts, dans les annĂ©es 1950, il Ă©tait peu prĂ©occupĂ© par Mangilva qu’il jugeait comme un illuminĂ© ». C’était encore le temps oĂč les missions bataillaient contre les idoles ». Toutefois, en 2004, il pensait que les milieux religieux d’alors n’avaient pas portĂ© toute l’attention voulue au phĂ©nomĂšne Mangilva dans une sociĂ©tĂ© gidar trĂšs divisĂ©e sur le sujet. Une dĂ©marche sur l’inculturation, post-Vatican II, aurait donnĂ© une chance Ă  une forme de rĂ©habilitation de Mangilva. La mission de Lam devait ĂȘtre reprise par des oblats polonais et des prĂȘtres camerounais. TrĂšs impĂ©cunieux et rĂ©tifs aux thĂšses prĂ©cĂ©dentes, ces derniers se disent plus prĂ©occupĂ©s de pastorales et de dĂ©veloppement Ă©conomique. L’époque de Mangilva leur semble par trop lointaine. 117Les Ă©lites gidar chrĂ©tiennes, Ă  l’inverse, tiennent Mangilva pour l’instigateur d’une rĂ©volution religieuse endogĂšne. Elles prĂ©fĂšrent le prĂ©senter en prophĂšte annonciateur d’un monde nouveau qui ne pouvait ĂȘtre que le christianisme sous la forme de la mission de Lam. La vie et les actions de Mangilva sont alors passĂ©s au crible de cette interprĂ©tation. On identifie une version via l’Ancien Testament, une pierre d’attente », selon une formulation chrĂ©tienne ou par les Ă©vangiles Ă  travers l’image de St Jean-Baptiste. 118Dans la premiĂšre version, la rĂ©forme religieuse devient une premiĂšre Ă©tape dans la lutte contre les idoles ». Les sacrifices avec Ă©gorgement des animaux sont bien ceux de l’Ancien Testament. On souligne que Toumba restait Ă  l’écart des fĂȘtes paĂŻennes, celles des rĂ©coltes en particulier – tout en oubliant qu’il a tentĂ© de les subvertir et les rallier dans son obĂ©dience. Le personnage peut Ă©galement coller Ă  celui d’un messie. Le discours religieux qu’il manie est non violent. Il parle mĂ©taphoriquement de soulĂšvement mais ne s’engage pas lui-mĂȘme. Il ne s’est jamais mariĂ©. Il sera trahi par les siens et ses ennemis, les Peuls. Quant Ă  l’administration coloniale, elle l’arrĂȘte et s’en lave les mains. Enfin, il disparaĂźt mais se montre Ă  certains affidĂ©s. Ses envoyĂ©s deviennent dĂšs lors des disciples » voire des apĂŽtres » appelĂ©s meslim, comme ceux du Christ dans la traduction gidar des Évangiles. Pour ces mĂȘmes informateurs, Mangilva, tenant la main de Dieu, il intercĂ©dait pour le peuple gidar et tous ceux qui allaient vers lui Ă  travers son pĂšlerinage ». Son caractĂšre non violent, sa façon de dĂ©fendre les faibles, les femmes et, plus largement, l’ensemble de son combat pour davantage d’équitĂ© font de Toumba un moderne. 119Face Ă  la montĂ©e de l’islam radical dans le nord du Cameroun au cours de la dĂ©cennie 2000, les Gidar Ă©prouvent le besoin de voir dans Mangilva un prophĂšte ou un saint, afin d’ancrer leur foi dans leur histoire. Certains informateurs et informatrices comme Bernadette Doudake, baptisĂ©e en 1970 et qui, jeune, habitait l’enclos le plus proche de Mangilva, ĂągĂ©e en 2006 de 86 ans, dit partir Ă  l’église rĂ©guliĂšrement prier et penser beaucoup Ă  Mangilva ». 120Au terme d’une Ă©volution relativement rapide, la sociĂ©tĂ© de Lam a troquĂ© le messianisme de Mangilva pour le message Ă©vangĂ©lique. Si cette Ă©tude avait Ă©tĂ© conduite il y a trente ans au Tchad et mĂȘme Ă  Lam, la lecture aurait Ă©tĂ© tout autre. Elle aurait empruntĂ© celle du refus de la colonisation et l’annonce d’un monde nouveau sur le point d’advenir, l’indĂ©pendance et cela puisĂ© dans les mĂȘmes dires de Mangilva qui voulait donner le pouvoir aux fils du pays ». Ce discours premier de la lutte anti-coloniale n’est pas Ă©cartĂ©, pour autant et quelques Ă©tudiants gidar n’en continuent pas moins d’affirmer Mangilva nous a redonnĂ© notre honneur ». 121Dans le ressort mĂ©moriel concernant Mangilva se pose, pour les Gidar, jusque dans les annĂ©es 2000, toute l’ambiguĂŻtĂ© de lui accorder sa part de surnaturel ou celle de faussaire ». Mais tous de reconnaĂźtre que sa parole » a su mobiliser les sociĂ©tĂ©s paĂŻennes allant des monts Mandara au Logone et qu’il a hissĂ© Lam au-dessus de cet agrĂ©gat de peuples dominĂ©s, bravant tout Ă  la fois les conquĂ©rants peuls et les coloniaux. Ainsi la fabrique du mythe Mangilva se poursuit-elle, toujours inachevĂ©e et derechef incertaine.
Donc1 tour fera: 2 + 2 + 0,5 + 0,5 = 5 cm. La longueur de l'éclisse devra faireau minimum: 30 X 5 = 150 cm. 1°) Tracer sur le cerceau l'emplacement du tour du panier: Au crayon marquer
Technique de tressage de l'oeil, cocarde, clĂ©s etc... Cliquez sur les photos pour les agrandir Photos rĂ©alisĂ©es au club vannerie de Beaumont Dans mon exemple j'ai teintĂ© mon Ă©clisse de rotin avec de la teinture rose pour vĂȘtement, j'ai utilisĂ© une teinture pour coton, lin, soie etc.. , j'ai laissĂ© tremper mon Ă©clisse 1 semaine dans la mixture, mais pour certaine couleurs il faut laisser tremper plus longtemps. Le plus dure pour moi Ă  faire, le dĂ©part du tressage Ensuite il suffit de tresser dans le sens horaire Tout est cachĂ© et tenu dans le tressage le dĂ©part de la cocarde ou oeil ou clĂ©s et le dĂ©part et la fin du tressage de l'anse sont cachĂ© une fois le panier fini on ne verra plus rien Le rĂ©sultat final Dans les livres ils disent de faire 8 tours, par esprit de contradiction j'en ais fait 10. La fin serra prise lors du tressage du panier. Une autre possibilitĂ© pour finir la cocarde Newsletter Remerciement. Merci au club vannerie de Beaumont pour son aide. Ouvert le mardi et jeudi de 14H Ă  18H . Club vannerie de Beaumont Maison des association 63110 Beaumont Oeildu maĂźtre / Oeil de Dieu. Plat principal : Fond sur croisĂ©e. MatĂ©riel : Secteurs, gants, et ficelle (si vous n'en avez pas il y en aura de disponible, n'en achetez pas) PubliĂ© par Droopy Ă  09:07 Aucun commentaire: Envoyer par e-mail BlogThis! Partager sur Twitter Partager sur Facebook Partager sur Pinterest. LibellĂ©s : CroisĂ©e, Oeuil de dieu. vendredi 19 septembre ActivitĂ© atelier vannerie du 19 decembre Je pensais avoir du temps avec ces deux semaines de rĂ©pit mais les cĂ©rĂ©monies, obligations de fin d'annĂ©e m'ont laissĂ© que peu de temps. De plus mon Ă©pouse s'est ouvert la mais sur une sĂ©cateur Ă©brancheur ce qui nous a fait passer pas mal de temps aux urgences et a la clinique de la main. 14 points de suture, deux tendons touchĂ©s...Le positif c'est que nous savons maintenant ou se trouve dans la rĂ©gion l’établissement d'urgence spĂ©cialisĂ© main Clinique de l'Yvette 67 Route de Corbeil, 91160 Longjumeau. Une adresse a conserver et qui vous Ă©vitera de perdre du temps en cas de probleme. Une image pour cette occasion de fin d'annĂ©e dont certains anciens retrouverons des activitĂ©s d'atelier 2014. Cette Ă©toile de Kepler fait dans les 40 cm de haut... Renne Comme le veux la tradition dans certains pays, Noel c'est l'occasion de dĂ©corer. On a d'abord commencĂ© a trier de l'osier puis nous avons rĂ©alisĂ© un renne Un carton, un poinçon, 4 trous en ligne sĂ©parĂ©s de 2,5cm 4 brins forts, et 4 plus fins on pique les forts dans les trous du carton et remplis en commençant par le pied d'un brin. On pense a le passer au dessus de la clĂŽture afin qu’aprĂšs il ne se dĂ©fasse pas. On a choisi de faire une remplacement cime a cime afin de conserver la progression de couleur... Au bout d'un certain temps on conserve la queue avant la reprise... On abat les montants pied, puis on monte le cou. La fin on redescend en formant le museau en tortillant autour. On dĂ©coupe les cornes... et voilĂ ... Puis nous avons repris notre activitĂ© de vannerie sur le panier rond en crocanne... Scelette pour la vannerie Je vous avais prĂ©parĂ© les cotes de la planche... Tout est en produits de rĂ©emploi, on trouve des planches collĂ©es chez bricomarchĂ© a 6€40 Atelier Samedi 21 Novembre 9h30 Foyer Alexandre. un mois de novembre trouĂ© de congĂ©s, et pour moi une bonne bronchite ce qui fait que le blog n'est pas a jour. De plus je suis lĂ  semaine dans un lieu ou internet fonctionne 5 min puis plus rien ce qui ne facilite pas le partage. Au programme de ce samedi dĂ©but comme convenu a 9H30, salle Alexandre Au programme Amuse doigts Ă©toile pour noĂ«l, et tressage de "fouet polonais" Pour la suite on termine le panier sur croisĂ©e pour ceux qui l'ont commencĂ©. Pour les autres on en commence un... ou autre... Architecture vegetale J’espĂšre que nous trouverons le temps au printemps d'aborder l'architecture vĂ©gĂ©tale. Nous serons alors aux jardins du champ du coq... Pour vous faire une idĂ©e une vidĂ©o Atelier 24 octobre Amuse doigts support de boule a graisse pour les oiseaux La suite Vannerie sur arceaux, osier sauvage Fond sur croisĂ©e osier blanc MatĂ©riel de vannerie Pensez a apporter votre sĂ©cateur, couteau, pulvĂ©risateur et poinçon... Atelier 26 septembre 2015 Beaucoup de choses a partager et revoir... et pour moi s'adapter au nouveau type d'atelier. Outils de vannier Pour se faire une idĂ©e voici la page d'un des derniers fabricants Vous allez recevoir par email des tarifs si vous ĂȘtes intĂ©ressĂ© par un outils... Ce qui est utile DĂ©butants un sĂ©cateur felco n°4 que l'on trouve dans les jardineries dont truffaut. Un poinçon diam 6 tournevis cruciforme meulĂ© Un couteau opinel n°6 ou autre ou une serpette la bahco n°20 est pas mal 28€ C'est celle que je porte en permanence. Mordu et veux aller plus loin... Une batte Un poinçon Ă©pissoir EP145 Pour vous faire une idĂ©e de la France hyperrurale...une vidĂ©o de 1937 L'Ă©cole nationale d'osiĂ©riculture et de vannerie de Fayl-Billot lĂ  ou je passe ma semaine... Le bĂątiment principal est dĂ©saffectĂ© car pas entretenu et s'Ă©croule... L'atelier est dans le petit bĂątiment de gauche... Atelier Nous avons vu pas mal de choses pour un dĂ©but... 1 l'escargot Je vous ai fait dĂ©couvrir le genet, comme matĂ©riau tressable et le saule... Une tresse, une trace de poinçon de haut en bas et on insert un bĂąton et voilĂ ... 2 Fendre..; Revoir ce qui existe dĂ©jĂ  dans ce blog mot clef fendre 3 Oeil du maitre, oeil, cocarde, clĂ©s Meme clef que fendre ci dessus 4 Fond catalan Un brin d'osier = une cime, un ventre et un pied Le cercle, on commence par le bout fin puis on se dĂ©place vers le pied Vous avez vu la simplicitĂ© de fabrication. Je vous ai laissĂ© voir la notion d’enfonçures en nombre paire. Il est important que les enfonçures traverses soient fortes donc souvent on les doublent pour vous faire une idĂ©e Une vidĂ©o d'un atelier IdĂ©e de plessage pour les jardiniers, nos aurons une sĂ©ance aux jardins du champ du coq Reprise des ateliers vannerie 2015-2016 le 26 septembre Dates Les ateliers auront lieu normalement un jour par mois souvent le samedi aux dates suivantes 26 sept / 24 oct / 21 nov / 19 dec / 30 janvier / 27 fev / 26 mars / 9 avr / 14 mai / 25 juin Lieu AU foyer Alexandre 11 rue du Billoy Ă  Itteville au RDC Facade foyer Plan itteville Horaires 9h30 a 17h avec une pause repas de 12h a 13h30. Si vous en avez le besoin vous pouvez vous absenter un moment pendant la journĂ©e. a 16H45 fin de l'activitĂ© et netoyage de la salle. Note je commence a l'heure c'est a dire 9h30 + 5 min Programme de la premiĂšre journĂ©e du 26 septembre 1 - Faire connaissance se connaitre, vos attentes. Les pistes et comment on vas y aller. Les anciens / Les nouveaux 2 - FormalitĂ©s administratives, adhĂ©sion a l'association 20€ dont la moitiĂ© sert a payer l'assurance 3 - Le premier amuse doigts L'escargot pour les nouveaux et l'Ă©toile pour les anciens... 4 - Le fond catalan pour les nouveaux et un kit panier rond pour les anciens, reprise d'un fond sur croisĂ©e... Cahiers de vacances this page Dans Je Vais COMPLETER pendants les vacances nominale des lĂ©gales liens Qui donnent envie ... Vannerie spiralĂ©e Juin is la bonne saison versez les herbes rĂ©colter ... Vannerie traditionnelle Tressages vĂ©gĂ©taux en pĂ©rou Une rĂ©vision de ce que nous avons en partie abordĂ© ... Une boutique Qui montre de la DiversitĂ© traditionnelle Un reportage Sur un vannier Lundi 15 juin / IME et aprĂšs Le projet "l’École fleurie" se termine, mais c'est quand cela se termine que tout est possible. Autour de "Cache-Lune – Eric Puybaret" Constructions de vĂ©gĂ©taux Ma memoire a fait dĂ©faut ce n'est pas l'iran mais l'iraq ou se construisent des maisons Mudhif en vĂ©gĂ©tal a Ma-Adan - Iraq Pour plus d'images visiter - - Le principe est simple on rĂ©alise des faisceaux de "fibres" qui sont nouĂ©es. Pour les liens je vous ai montrĂ© un crochet drilleur 22€ et des liens armĂ©s deux boucles Je vous ferais un plan de ce qu'il serais possible de construire comme structure pour le forum et le posterais sur ce forum. Pour des Ă©lĂ©ments de "dĂ©coration Ă©nigmatiques" on peu rĂ©aliser des sphĂšres lune , Ă©toiles, takraw et autres... Lunes Etoile de Kepler Takraw Projet possible Ce qu'il reste 1 - a dĂ©terminer les Ă©lĂ©ments matĂ©riels du projet 2 - Quantifier ces Ă©lĂ©ments en durĂ©e de fabrication, rĂ©colte de matĂ©riaux 3 - Comparer avec le temps disponible. et rĂ©ajuster le projet... a suivre Lendemain atelier mardi 9 juin Fonds rectangulaires Nouveau monde et nouveau vocabulaire et en plus de nouvelles positions pour travailler. Je n'avais pas pour projet d'aborder ce sujet tout de suite mais c'est Ă  la demande gĂ©nĂ©rale... Donc 2 rives qui peuvent ĂȘtre doublĂ©es, et des enfonçures dont il vaut mieux qu'elles soient en nombre paire pb de passage des rives du mĂȘme cotĂ© et donc symĂ©trie de la construction On les aligne a moitiĂ© sur le bord de la chaise / sellette et les couvre d'un fagot, coussin, planchette Remplissage a brin perdu, remplacement tete a pied et rĂ©ciproquement. Tous les 2 tours on fait un tours mort sur la rive. On termine la clĂŽture par une super comme expliquĂ©e, puis on couvre le bout des enfonçures par une bĂąton piquĂ© dans le tressage au niveau de la bordure. VoilĂ ... La suite, le montage sur Ă©caffe ce sera plus tard...ainsi que les bordures sur rectangle...faites en 4 derriĂšre deux. Lego / Mecano Vous avez vu un certains nombre de tressages, a vous de rĂ©viser et tester. Note sur le panier en cours de confection La batte permet de tasser la clĂŽture. LĂ©gĂšrement sur une crocane cela aide a faire une panier avec plus de tenue. Quand les montants sont un peu faibles, on peu les doubler par des coursons. Coursons = bouts de bois qui doublent les monta,ts mais n’interviennent pas dans la bordure. Les coursons peuvent ĂȘtre piquĂ©s en double des montants dans le fond, mais plus gĂ©nĂ©ralement dans la torche du bas de la clĂŽture. Ils sont coupĂ©s quand on fait la bordure. Lendemain atelier mardi 2 juin Pas trĂšs actifs ce mardi ! Ça sent les vacances. Les liens sur les fournisseurs dont le site de vente internet est moins cher mais... top qualitĂ©... Image de crocane Ă  la romaine a trois brins ! Atelier Mardi 2 juin Itteville A la maison Franck Au programme RĂ©cap des "prĂ©sences en juin" Les temps de trempage des osiers Les fournisseurs Solide de Platon ou Ă©toile de Kepler en amuse doigts & travaux courants... Copie de paniers Annick et cordon de fond a 4 pour Marcel. Lendemain atelier 26 Mai Pas prolixe en ce moment, des problĂšmes d'Ă©paule, une douleur lancinante permanente en est une des causes. Sortie La sortie sur site vous a permis de vous promener parmi des lieux de rĂ©colte possible. Mais attention Ă  la maraude, soyez respectueux de la nature et de leurs propriĂ©taires. La sobriĂ©tĂ© est de rigueur. Pour vous retrouver une carte. Les rĂ©coltes sont de mise et la bonne humeur aussi. Notez avril mai juin, montĂ©e de sĂšve, les Ă©corces s’enlĂšvent facilement. Solide de Platon 30 bĂątons, 12 Ă©lastiques Les Ă©tapes suivantes pour mĂ©moriser W - 2 Ă©toiles - 2 Tipis - EmboĂźtage - PĂŽle - Diagonales - Correction des Ă©toiles le plus long Atelier Mardi 26 mai Attention changement ce projet est aussi variable en fonction de la mĂ©tĂ©o. Le souhait Nous allons faire une visite sur diffĂ©rents lieux de rĂ©colte de la rĂ©gion. Je passerais chez vous en voiture a partir de 15h. pour se rendre sur les lieux de rĂ©colte possible. Pour "marcel" l'atelier se fera a l’extĂ©rieur. Les dernieres information seront donnĂ©es le we prĂ©cĂ©dent par email. Atelier mardi 12 mai Notez bien Pas d'atelier la semaine prochaine ni Ă  l'IME lundi 17 ni a Itteville le mardi 18 ni Ă  Baulne Jeudi et vendredi 21 & 22 Ce que nous avons vu MatĂ©riaux c'est la bonne pĂ©riode avril, mai juin pour rĂ©colter et prĂ©lever l'Ă©corce des vĂ©gĂ©taux car nous sommes en pleine montĂ©e de sĂšve. Vous pouvez tresser les Ă©corces sur des moules boite a sucre, bols etc pour les tenir pendant le sĂ©chage. Un exemple de travail d'Ă©corce, de Matt Tommey Voir aussi ces pointeur pour des modĂšles. ou aussi lĂ  Pinterest certains ne connaissent pas cet outils voici un pointeur sur une collection d'image sur les paniers, je vous laisse le soins de dĂ©couvrir Attention addictif et outils a se perdre. A chacun de trouver son domaine de prĂ©fĂ©rence. IME 11 mai Les travaux progressent. une projection des photos prĂ©cĂ©dentes clic pour agrandir Le massif progresse au niveau de la construction, il reste les plantes a mettre en place. Enfin le groupe qui travaille sur le moulin continue "activement" a complĂ©ter l'ouvrage. IME 4 mai, le moulin avant et aprĂšs ;- Les travaux pour la classe fleurie continuent. clic sur images pour agrandir Quelques perles qui fleurissent la journĂ©es "je vais t'expliquer"... rĂ©ponse donnĂ©e spontanĂ©ment... Cette semaine on continu la fabrication du moulin a vent. clic pour agrandir dans la serre. Petites mains pour la fabrication des ailes Les ailes sont assemblĂ©es Autre Ă©quipe sur le corps du moulin Pour tester les ailes vont rejoindre le corps du moulin Moulin aprĂšs Il reste encore a faire le toit et terminer le corps... cela avance KEyM.
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