Ilrestera de toi une larme tombĂ©e,Un sourire germĂ© sur les yeux de ton coeur.Il restera de toi ce que tu as semĂ©Que tu as partagĂ© aux mendiants du bonheur.Ce que tu as semĂ©, en dâautres germera.Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.Par Simone Veil . Ne restez pasNe restez pas Ă pleurer autour de mon cercueil,Je ne mây trouve â je ne dors pas.Je
Ă lâannonce dâun dĂ©cĂšs, il est parfois difficile de mettre des mots sur la peine et le chagrin ressentis en prĂ©sentant ses condolĂ©ances aux proches du dĂ©funt. Lorsquâon ne sait pas quoi dire, il est possible dâutiliser les mots dâun ou dâune autre. Chanson, texte, poĂšme de deuil⊠Depuis de nombreuses annĂ©es, les artistes Ă©crivent sur la mort et le deuil. Reste Ă chacun de trouver les mots quâil souhaite partager avec la famille en deuil. Voici quinze exemple de poĂšme de deuil. Des poĂšmes de deuil qui sâadresse au dĂ©funt Il restera de toi, Simone Veil Il restera de toi ce que tu as donnĂ©. Au lieu de le garder dans des coffres rouillĂ©s. Il restera de toi de ton jardin secret, Une fleur oubliĂ©e qui ne sâest pas fanĂ©e, Ce que tu as donnĂ©, en dâautres fleurira. Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera. Il restera de toi ce que tu as offert Entre les bras ouverts un matin au soleil. Il restera de toi ce que tu as perdu Que tu as attendu plus loin que les rĂ©veils, Ce que tu as souffert, en dâautres revivra. Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera. Il restera de toi une larme tombĂ©e, Un sourire germĂ© sur les yeux de ton coeur. Il restera de toi ce que tu as semĂ© Que tu as partagĂ© aux mendiants du bonheur. Ce que tu as semĂ©, en dâautres germera. Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera. Un poĂšme de deuil de Ludiane de BrocĂ©liande Je tâaime et tâaimerai Ce regard triste et froid Que jâavais remarquĂ© Il ne me trompait pas Tu ne mâavais rien dit Mais jâavais devinĂ© Que la vie te quittait Et que tu savais Il est des mots parfois Si durs Ă prononcer Que seul le silence En transporte lâessence Dans les Ăąmes Ă©corchĂ©es Je me souviens encore De ton dernier sourire De tes doigts dans les miens De tes mains diaphanes De tes lĂšvres entrouvertes Qui nâont pu prononcer Une derniĂšre fois Ces trois mots de lâamour Qui nous rĂ©unissaient Je ne tâai pas confiĂ© Que la vie ici-bas Sans toi ne serait plus Je nâai pas oubliĂ© Tout lâamour dans tes yeux Lorsquâils mâont dit adieu Demain dĂšs lâaube, Victor Hugo Demain, dĂšs lâaube, Ă lâheure oĂč blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu mâattends. Jâirai par la forĂȘt, jâirai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai, les yeux fixĂ©s sur mes pensĂ©es, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbĂ©, les mains croisĂ©es, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit. Je ne regarderai ni lâor du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et, quand jâarriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyĂšre en fleur. Un poĂšme de deuil de Marina TsvetaĂŻeva Je te remercie, mon amie, Pour ta respiration lĂ©gĂšre, La tendresse des mains qui somnolent Et le chuchotement des lĂšvres Somnolentes, pour ces tempes creuses, Pour lâarc de tes sourcils, et Pour cette absence dâangoisse, En toi, devant mon sang sauvage. Pour la paume de ma main posĂ©e Sur ma poitrine comme un mĂ©daillon, Pour ce feu qui sâest mis Ă couler Lentement, dans mes veines tendues. Pour ce regard redevenu clair, TournĂ© vers ton visage, et Pour ce que toi, mon ange, tu es Toi, Et que tu es auprĂšs de moi. Lire aussi 5 idĂ©es pour un hommage en photos Ă votre dĂ©funt PoĂšme deuil des mots qui donnent espoir Jâirai toucher ton Ăąme, Ludiane de BrocĂ©liande Quand je ne serai plus Que lâombre de moi-mĂȘme Lorsque la nuit prendra La teinte de mes jours Quand mon corps sera froid Comme le lit de lâeau Lorsquâenfin de lĂ -bas Viendra la dĂ©livrance Je rirai aux Ă©clats De mes dĂ©sespĂ©rances Chemin de vie, Madeleine CohĂ©rier Si ton cĆur est triste Donne-lui la semence De nouveaux espoirs. Cherche au plus profond de toi Et tu dĂ©couvriras des merveilles, Une partie que tu avais oubliĂ©e. Prends le temps de regarder ta vie. Va dans le jardin de ton Ăąme Et tu trouveras la plĂ©nitude. Si tu ne peux pas rĂ©aliser tes dĂ©sirs, Il te reste lâespoir quâun jour Tu aies dâautres joies. Si la pluie inonde ton visage Et cache tes larmes Dis-toi que le soleil les sĂ©chera. Souris Ă la vie, Car si aujourdâhui rien ne va, Il reste demain. Avance sur le chemin de vie Car au bout tu verras, Inscrit dans le ciel En lettres de feu, Le mot ESPOIR. Mon testament spirituel, SĆur Emmanuelle Je suis moi, vous ĂȘtes-vous. Ce que nous Ă©tions les uns pour les autres, nous le sommes toujours. Donnez-moi le nom que vous mâavez toujours donnĂ©. Parlez de moi comme vous lâavez toujours fait. Nâemployez pas un nom diffĂ©rent, ne prenez pas un air solennel et triste. Continuez Ă rire de e qui nous faisait rire ensemble. Priez, souriez, pensez Ă moi, priez pour moi. Que mon nom soit prononcĂ© comme il lâa toujours Ă©tĂ©, sans emphase dâaucune sorte, sans une trace dâombre. La vie signifie tout ce quâelle a toujours signifiĂ©. Elle est ce quâelle a toujours Ă©tĂ©. Le fil nâest pas coupĂ©. Pourquoi serais-je hors de votre pensĂ©e simplement parce que je suis hors de votre vue ? Je vous attends. Je ne suis pas loin, juste de lâautre cĂŽtĂ© du chemin. Vous voyez, tout est bien. Le dernier message, Ali Chibani Lorsque jâarriverai, au bas de cette page, Et que le dernier mot indiquera la fin, Peut-ĂȘtre direz-vous, que cela est dommage Quâon ne puisse te voir, le lendemain matin. Lorsque vous y lirez, ce tout petit message, Peut-ĂȘtre en aurez-vous, un soupçon de chagrin, Peut-ĂȘtre, mĂȘme alors, me ferez-vous lâhommage, Ici, de quelques vers dĂ©posĂ©s en quatrains. Et si, je les perçois, au-delĂ des nuages, Et que je vois alors, se tendre quelques mains, Oublierai-je mon temps, oublierai-je mon Ăąge, Pour que vous mâentendiez, lĂ -haut, avec entrain⊠Amis, ne pleurez pas, la Terre est un passage, OĂč vouloir y rester, apparait comme vain, Nous y avons vĂ©cu et connu le partage, Ne gĂąchez pas lâinstant, trinquez avec du vin. Ă lire Elle organise des FĂȘtes du souvenir pour rendre hommage Ă nos dĂ©funts ! PoĂšme deuil ces textes qui Ă©voquent la tristesse Tristesse, Alfred de Musset Jâai perdu ma force et ma vie, Et mes amis et ma gaĂźtĂ© ; Jâai perdu jusquâĂ la fiertĂ© Qui faisait croire Ă mon gĂ©nie. Quand jâai connu la VĂ©ritĂ©, Jâai cru que câĂ©tait une amie ; Quand je lâai comprise et sentie, Jâen Ă©tais dĂ©jĂ dĂ©goĂ»tĂ©. Et pourtant elle est Ă©ternelle, Et ceux qui se sont passĂ©s dâelle Ici-bas ont tout ignorĂ©. Dieu parle, il faut quâon lui rĂ©ponde. Le seul bien qui me reste au monde Est dâavoir quelquefois pleurĂ© Un poĂšme de deuil de Caroline Ramuz Il est des chagrins muets, Des regrets indicibles Qui viennent tranquillement Grossir le flot de nos souvenirs, Comme des ombres Qui donneraient Plus dâĂ©clats Ă nos joies. Le voile noir, Anny Duperey Le chagrin cadenassĂ© ne sâassĂšche pas de lui-mĂȘme, il grandit, sâenvenime, il se nourrit de silence, En silence il empoisonne sans quâon le sache. Faites pleurer les enfants qui veulent ignorer quâils souffrent, Câest le plus charitable service Ă leur rendre. Lire aussi CrĂ©ez un mandala floral pour rendre hommage Ă votre dĂ©funt PublicitĂ©PoĂšme deuil le rĂ©cit dâune vie La vie et la mort, Jean Claude Lemesle La vie est comme une flamme qui scintille Alors tantĂŽt elle brille Puis hĂ©las soudain elle sâĂ©teint Cela sâappelle le destin Elle est faite par palier Quâil faut essayer dâescalader Est-ce lâessentiel De prendre cet escalier qui monte au ciel Mais hĂ©las chaque jour qui passe Est un grand combat et quoi quâon fasse Tout a une fin HĂ©las mĂȘme pour les humains Alors pourquoi penser Ă demain Les chercheurs essayent en vain De trouver une solution pour rallonger la vie Le corps humain sâuse vite et câest ainsi Alors dans ce monde de douleurs Aux tristes couleurs Un bĂ©bĂ© naĂźt il est beau plein de fraĂźcheur Et un petit vieux ridĂ© dans son coin meurt En partant dans ce monde de lâirrĂ©el Ou lĂ -haut tout est immortel Alors quand lâheure du grand dĂ©part aura sonnĂ© Ce petit vieux prendra cet escalier sans se retourner Ă lire Une cĂ©rĂ©monie personnalisĂ©e pour dire au revoir Ă ceux qu&8217;on aime Des textes cĂ©lĂšbres qui racontent la mort CĆur de cristal, FrĂ©dĂ©ric Lenoir La mort est comme la naissance. Lorsque lâenfant se trouve dans le ventre de sa mĂšre, lâunivers se rĂ©sume Ă ce quâil voit, sent, entend, perçoit. Il nây a donc, pour lui, aucun autre monde imaginable que la chaleur du ventre maternel. Et lorsque vient le moment du Grand Passage, celui de sa naissance, lâenfant est terrorisĂ© il va vers lâinconnu. Quelques instants aprĂšs ĂȘtre sorti du ventre de sa mĂšre, il se retrouve blotti contre elle ; Lâamour maternel le rassure, lâapaise, et il ne tarde pas Ă dĂ©couvrir et Ă aimer ce monde nouveau. Il en va de mĂȘme Ă notre mort, lorsque lâesprit quitte notre corps. Une lumiĂšre nous apaise et nous conduit progressivement non pas vers une nouvelle vie, car nous ne sommes jamais morts, mais vers un nouvel Ă©tat de vie. La nuit nâest jamais complĂšte, Paul Ăluard La nuit nâest jamais complĂšte. Il y a toujours, puisque je le dis, Puisque je lâaffirme, Au bout du chagrin Une fenĂȘtre ouverte, une fenĂȘtre Ă©clairĂ©e Il y a toujours un rĂȘve qui veille, DĂ©sir Ă combler, Faim Ă satisfaire, Un cĆur gĂ©nĂ©reux, Une main tendue, une main ouverte, Des yeux attentifs, Une vie, la vie Ă se partager. La nuit nâest jamais complĂšte. Lâadieu, Guillaume Apollinaire Jâai cueilli ce brin de bruyĂšre. Lâautomne est morte, souviens-tâen. Nous ne nous verrons plus sur terre Odeur du temps, brin de bruyĂšre, Et souviens-toi que je tâattends. Sur le mĂȘme sujet 20 exemples de condolĂ©ances touchantes pour une personne en deuil CondolĂ©ances pour un proche catholique, 15 exemples de messages 20 messages de condolĂ©ances pour accompagner des fleurs CondolĂ©ances 7 idĂ©es pour soutenir la famille du dĂ©funt Ă distance Quelques modĂšles de jolis cartes de condolĂ©ance
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Table des matiĂšresLa rencontre du Christ Unir mystique et politique Refus de lâinstitution ecclĂ©siale Contemplation acquise et passive Engagement dans la rĂ©sistance Exil aux Etats-Unis Le sens d'une mort dĂ©sirĂ©e Cette disposition de lâhomme Ă dominer autant quâil peut, Simone Weil lâappelle la pesanteur, en raison de son universelle attraction. Rien nâĂ©chappe Ă ce dĂ©sir de domination. Câest comme les poules qui se prĂ©cipitent Ă coups de bec sur une poule blessĂ©e ». Pour Ă©viter cette cruautĂ© naturelle, individuelle ou collective, il faudrait renoncer Ă dominer lĂ mĂȘme oĂč on en a le pouvoir retenir en soi lâappĂ©tit de puissance. Mais puisque la loi de la pesanteur est universelle, une telle retenue relĂšve du miracle. Lucide, Simone Weil lit les effets de cette pesanteur dans son propre comportement dans ses crises de migraine de plus en plus frĂ©quentes et violentes, elle ressent le besoin dâinfliger sa pesanteur Ă autrui. Celui qui souffre ne se tient plus en lui-mĂȘme ; il voudrait faire du mal pour combler ce vide en soi en le crĂ©ant chez autrui ». La grĂące, pour elle, serait de supporter le vide créé par la douleur et de renoncer ainsi Ă la force. Mais comment se dĂ©livre-t-on de ce qui est comme la pesanteur ? » Elle trouvera une partie de la rĂ©ponse dans ce que lâon peut appeler son expĂ©rience mystique. Simone Weil avait Ă©tĂ© Ă©levĂ©e dans l'agnosticisme, voire l'athĂ©isme le plus total. Ce n'est pas au sein d'une tradition religieuse quâelle rencontrera le divin, elle qui dĂ©clare nâavoir jamais, Ă aucun moment, cherchĂ© Dieu ». Elle n'affirmait ni ne niait, estimant qu'Ă©tant en ce monde, notre affaire Ă©tait d'adopter la meilleure attitude Ă l'Ă©gard des problĂšmes de ce monde et que cette attitude ne dĂ©pendait pas de la solution du problĂšme de Dieu » Attente de Dieu AD, pp. 70-7l. Câest ainsi qu'elle rencontra le christianisme⊠et plus directement le Christ. ImmĂ©diatement aprĂšs son annĂ©e dâusine, lors dâun voyage avec ses parents au Portugal, en 1934, elle vit une premiĂšre expĂ©rience forte â Dieu sensible au cĆur » â lui faisant dĂ©couvrir le christianisme comme la religion des esclaves » Ătant dans cet Ă©tat dâesprit, et dans un Ă©tat physique misĂ©rable, je suis entrĂ©e dans ce petit village portugais, qui Ă©tait, hĂ©las, trĂšs misĂ©rable aussi, seule, le soir, sous la pleine lune, le jour mĂȘme de la fĂȘte patronale. CâĂ©tait au bord de la mer. Les femmes des pĂȘcheurs faisaient le tour des barques, en procession, portant des cierges, et chantaient des cantiques certainement trĂšs anciens, dâune tristesse dĂ©chirante. Rien ne peut en donner une idĂ©e. Je nâai jamais rien entendu de si poignant, sinon le chant des haleurs de la Volga. LĂ j'ai eu soudain la certitude que le christianisme est par excellence la religion des esclaves, que des esclaves ne peuvent pas ne pas y adhĂ©rer, et moi parmi les autres AD, p. 75. En 1937, Simone Weil sĂ©journa deux jours Ă Assise Jâai passĂ© Ă Assise deux jours merveilleux. LĂ , Ă©tant seule dans la petite chapelle romane du XIIe siĂšcle de Santa Maria degli Angeli, incomparable merveille de puretĂ©, oĂč saint François a priĂ© bien souvent, quelque chose de plus fort que moi m'a obligĂ©e, pour la premiĂšre fois de ma vie, Ă me mettre Ă genoux. » AD, p. 75. Câest dans ce mĂȘme Ă©tonnement quâelle rencontre le Christ humble et pauvre, Ă lâĂąge de 29 ans En 1938, j'ai passĂ© dix jours Ă Solesmes, du dimanche des Rameaux au mardi de PĂąques, en suivant tous les offices. J'avais des maux de tĂȘte intenses ; chaque son me faisait mal comme un coup ; et un extrĂȘme effort d'attention me permettait de sortir hors de cette misĂ©rable chair, de la laisser souffrir seule, tassĂ©e dans son coin, et de trouver une joie pure et parfaite dans la beautĂ© inouĂŻe du chant et des paroles. Cette expĂ©rience mâa permis par analogie de mieux comprendre la possibilitĂ© d'aimer lâamour divin Ă travers le malheur. Il va de soi quâau cours de ces offices la pensĂ©e de la Passion du Christ est entrĂ©e en moi une fois pour toutes AD, p. 75. Cette possibilitĂ© d'aimer l'amour divin Ă travers le malheur » constitue une expĂ©rience mystique chrĂ©tienne authentique. François dâAssise pleurait que lâAmour ne fĂ»t pas aimĂ©. Ă Solesmes, Simone Weil est visitĂ©e par une grĂące Ă©tonnante Il y avait lĂ un jeune Anglais catholique qui m'a donnĂ© pour la premiĂšre fois l'idĂ©e d'une vertu surnaturelle des sacrements, par l'Ă©clat vĂ©ritablement angĂ©lique dont il paraissait revĂȘtu aprĂšs avoir communiĂ©. Le hasard â car j'aime toujours mieux dire hasard que Providence â a fait de lui, pour moi, vraiment un messager. Car il m'a fait connaĂźtre l'existence de ces poĂštes anglais du XVIIe siĂšcle qu'on nomme mĂ©taphysiques. Plus tard, en les lisant, j'y ai dĂ©couvert le poĂšme... qui est intitulĂ© Amour. Je l'ai appris par cĆur. Souvent, au moment culminant des crises violentes de maux de tĂȘte, je me suis exercĂ©e Ă le rĂ©citer en y appliquant toute mon attention et en adhĂ©rant de toute mon Ăąme Ă la tendresse qu'il enferme. Je croyais seulement lire un beau poĂšme, mais Ă mon insu, cette rĂ©citation avait la vertu d'une priĂšre. C'est au cours d'une de ces rĂ©citations que... le Christ lui-mĂȘme est descendu et m'a prise... Dans cette soudaine emprise du Christ sur moi, ni les sens ni l'imagination n'ont eu aucune part ; j'ai seulement senti Ă travers la souffrance la prĂ©sence d'un amour analogue Ă celui qu'on lit dans le sourire d'un visage aimĂ© AD, p. 76. Simone Weil rĂ©cite le poĂšme Love de George Herbert 1593-1633 pour ne pas rĂ©pandre sa douleur autour dâelle, pour ne pas souiller le monde de sa plainte. Elle le rĂ©cite en y appliquant toute mon attention », câest-Ă -dire en renonçant Ă la force, en consentant au vide, et câest ainsi quâelle lui trouve la vertu d'une priĂšre », et que le Christ lui-mĂȘme est descendu et mâa prise ». Amour mâa dit dâentrer, mon Ăąme a reculĂ©,Pleine de poussiĂšre et de Amour aux yeux vifs, en me voyant faiblirDe plus en plus, le seuil passĂ©,Se rapprocha de moi et doucement sâenquitSi quelque chose me manquait. Un hĂŽte, rĂ©pondis-je, digne dâĂȘtre dit Amour, ce sera le sans-cĆur, le trĂšs ingrat ? Oh mon aimĂ©,Je ne puis pas te regarder !Amour en souriant prit ma main et me dit Qui donc fit tes yeux sinon moi ? Oui, mais jâai souillĂ© les miens, Seigneur. Que ma fonteSâen aille oĂč elle a sais-tu pas, dit Amour, qui a portĂ© la faute ?Lors, mon aimĂ©, je veux dit Amour, et goĂ»te ma jâai pris place et mangĂ©. Pour Simone Weil, le paradoxe de cette expĂ©rience mystique, pourtant la plus personnelle de toutes les expĂ©riences, rĂ©side dans le fait quâelle est fondamentalement la mĂȘme pour les hommes et les femmes, quâils soient grecs ou chrĂ©tiens, musulmans ou juifs, en France, en Allemagne comme en Arabie, en Perse ou ailleurs. Le Christ lâa saisie comme il a saisi saint Paul et beaucoup dâautres. Au pĂšre Perrin elle avoue quâelle nâavait jamais pensĂ© quâun tel contact de personne Ă personne, ici-bas, entre un ĂȘtre humain et Dieu » fĂ»t possible. Jâavais vaguement entendu parler de choses de ce genre, mais je nây avais jamais cru. Dans les Fioretti, les histoires dâapparition me rebutaient plutĂŽt quâautre chose, comme les miracles dans lâĂvangile. » Le Christ lui-mĂȘme est descendu et mâa prise. » Sans se dĂ©partir de sa mĂ©thode, Simone Weil Ă©carte les soupçons qui pourraient venir Ă l'esprit de son lecteur. Comment a-t-elle senti cette emprise du Christ sur elle ? Ni les sens, prĂ©cise-t-elle, ni l'imagination nâont eu part Ă cette certitude. Dans le cĆur de sa souffrance mĂȘme, elle a senti la prĂ©sence de l'amour, amour analogue Ă celui quâon lit dans le sourire d'un visage aimĂ© ». Cette intuition nâest pas nĂ©e de lectures antĂ©rieures. Jamais auparavant elle nâavait ouvert la littĂ©rature mystique. D'ailleurs, jamais auparavant elle nâen avait eu l'appĂ©tit, comme si Dieu avait prĂ©servĂ© son intelligence de tout contact avec cette expĂ©rience, fĂ»t-elle livresque. Se rend-elle immĂ©diatement Ă cette rĂ©vĂ©lation ? Son amour sây rend, mais son intelligence sây refuse. Elle dĂ©cide alors de chercher ce que cette illumination peut recĂ©ler de vĂ©ritĂ©, avec toute son attention. Elle nâa pas peur de se lancer dans cette enquĂȘte. Puisque le Christ est vĂ©ritĂ©, câest lui qu'elle trouvera en y accĂ©dant. C'est donc vers lui quâelle reviendra, tout naturellement. Elle rentre de Solesmes avec sa mĂšre, impatiente de s'absorber dans ses investigations. Elle sait oĂč dĂ©couvrir les indices. Dans les livres. Un travail immense lâattend, mais elle a la foi La foi, câest lâexpĂ©rience que lâintelligence est Ă©clairĂ©e par lâamour. » De cette expĂ©rience elle ne parlera Ă personne, sinon, in extremis, au pĂšre Joseph-Marie Perrin et au poĂšte JoĂ« Bousquet, dans une lettre quâelle leur adressera Ă partir de New-York, sachant quâelle ne les reverra plus. Car elle est extrĂȘmement discrĂšte et pudique en ce qui regarde sa foi. Rien ne lui fait plus horreur quâune adhĂ©sion ostensible Ă une collectivitĂ©, Ăglise ou parti. Elle hĂ©site sur le seuil du baptĂȘme, et dĂ©cidera finalement dây renoncer pour prĂ©server la libertĂ© de son intimitĂ© avec Dieu. Sa foi reste secrĂšte, mais cependant agissante comme levain dans la pĂąte. Simone Weil cherche inlassablement le rapport entre mystique et politique, entre contemplation et action, entre connaissance surnaturelle et sciences. Le salut serait dâaller au lieu pur oĂč les contraires sont un. » Les heurts entre les diffĂ©rentes cultures ne la dĂ©couragent pas ; ils attisent son intelligence, excitent sa mĂ©thode analogique. PassionnĂ©e par les mythes grecs, elle voit par exemple le Christ dans la figure de PromĂ©thĂ©e, avec la dĂ©termination du temps et de lâespace en moins ». Dans la tragĂ©die dâAntigone de Sophocle, elle voit lâillustration de la parole Ă©vangĂ©lique Il vaut mieux obĂ©ir Ă Dieu quâaux hommes » Ac 4,19 et 5,29. Et lâaxiome dâArchimĂšde, Donne-moi un point dâappui et jâĂ©branlerai le monde » est pour elle une prophĂ©tie Le point dâappui est la Croix, intersection du temps et de lâĂ©ternitĂ©. » Simone Weil remet en question lâopposition traditionnelle entre les mythes des sources grecques et les mystĂšres chrĂ©tiens, si bien quâelle passera pour nâavoir pas vu lâoriginalitĂ© du christianisme cf. DaniĂ©lou, Moeller. Ă ses yeux, il nây a pas de doute que gĂ©omĂ©trie grecque et foi chrĂ©tienne ont jailli de la mĂȘme source, puisquâil y a conciliation entre vĂ©ritĂ© et justice. La civilisation occidentale souffre dâune scission entre culture et spiritualitĂ© et ce nâest quâen Ă©clairant vivement la relation du christianisme aux autres cultures dites paĂŻennes que cette fracture peut ĂȘtre surmontĂ©e. Tant que le hiatus demeure entre vie profane et vie spirituelle, le christianisme ne sera pas incarnĂ©, il nâimprĂ©gnera pas toute la vie profane comme il le doit, il en restera sĂ©parĂ© et par suite non agissant ». Il nây a pas le point de vue chrĂ©tien et les autres, mais la vĂ©ritĂ© et lâerreur. Non pas ce qui nâest pas chrĂ©tien est faux, mais tout ce qui est vrai est chrĂ©tien. » Il y a des vĂ©ritĂ©s explicites dans les autres religions que la religion chrĂ©tienne contient implicitement. Et vice versa, il y a des vĂ©ritĂ©s explicites dans le catholicisme que les autres religions contiennent implicitement. SW se sent chrĂ©tienne sans ambiguĂŻtĂ©, mais refuse de reconnaĂźtre au christianisme une primautĂ© spirituelle dans lâhistoire, dans lâespace ou dans le temps. ProfondĂ©ment touchĂ©e par la figure du Christ et son message, Simone Weil a manifestement beaucoup de rĂ©ticence Ă lâĂ©gard de lâinstitution ecclĂ©siale, en raison notamment de son amour des religions non chrĂ©tiennes, et surtout celle de la GrĂšce antique. Il faut se rappeler ici le regard que portaient alors la plupart des thĂ©ologiens Ă leur endroit Hors de lâĂglise, pas de salut ! » Ă la lecture de Attente de Dieu et surtout de Lettre Ă un religieux, on voit quâelle est Ă la recherche dâune certitude intellectuelle qui la contraigne Ă demander le baptĂȘme. Mais ses exigences rationnelles freinent une dĂ©marche qui semble pourtant trĂšs avancĂ©e Ă lâintime du cĆur. Elle aime dĂ©battre sans rĂ©pit, avec une impitoyable logique, jusquâĂ lâobstination cf. sa correspondance avec le pĂšre Joseph-Marie Perrin et le pĂšre Couturier. Parfois jusquâĂ lâexaltation. Dans sa recherche philosophique, elle a Ă©tĂ© marquĂ©e par le stoĂŻcisme cf. Intuitions prĂ©-chrĂ©tiennes. Mais son stoĂŻcisme nâest pas celui de la tradition romaine, marquĂ©e par un volontarisme austĂšre, mais bien plutĂŽt celui des Grecs, qui se montre ouvert Ă un univers religieux. En partant de lâharmonie cachĂ©e dans lâordre de monde, il culmine dans la contemplation du Logos, conçu comme un feu subtil qui pĂ©nĂštre lâunivers et lâordonne. Le stoĂŻcien grec consent » librement Ă la nĂ©cessitĂ© » qui prĂ©side au dĂ©roulement de lâunivers, dĂ©passe les contingences apparentes et pĂ©nĂštre ainsi dans le royaume de la beautĂ© parfaite. Son Ăąme, comme une Ă©tincelle, sâidentifie au feu subtil qui soutient lâordre apparemment aveugle du monde. Cette doctrine rejoint la mystique nĂ©o-pythagoricienne, fascinĂ©e par lâharmonie des nombres, qui a fortement marquĂ© Platon. Une tradition voudrait que celui-ci ait fait graver au fronton de lâAcadĂ©mie, lâĂ©cole quâil fonda Ă AthĂšnes Que nul nâentre ici sâil nâest gĂ©omĂštre ! » Cette tradition est trĂšs tardive â postĂ©rieure dâau moins dix siĂšcles Ă Platon â mais conforme dans l'esprit, comme on peut s'en convaincre en relisant ce que disait Platon des sciences propres Ă la formation du philosophe livre VII de la RĂ©publique, et en particulier du rĂŽle de la gĂ©omĂ©trie en RĂ©publique, VII, 526c8-527c11, qui sont des prĂ©alables destinĂ©s Ă tester et dĂ©velopper la capacitĂ© d'abstraction de l'Ă©tudiant, c'est-Ă -dire son aptitude Ă dĂ©passer le stade des sensations qui nous maintiennent dans l'ordre du visible et du monde matĂ©riel pour s'Ă©lever jusqu'Ă l'intelligible pur. Devant les malheurs du monde, Simone Weil se refuse Ă voir la Providence divine. Comment voir dans la bombe qui Ă©pargne ma maison mais qui anĂ©antit lâhĂŽpital voisin une manifestation de la Providence ? Elle prĂ©fĂšre parler dâun ordre impersonnel » du monde que de la volontĂ© de Dieu », comme lâenseignait la thĂ©ologie de lâĂ©poque. Pour la mĂȘme raison elle rejette les miracles, qui seraient des entorses au dĂ©roulement nĂ©cessaire » de lâunivers. La beautĂ© du monde est impersonnelle. Elle assimile lâespĂ©rance chrĂ©tienne Ă lâamor fati, dont elle voit la manifestation dans la passion de JĂ©sus, crucifiĂ© par un monde aveugle Câest en ce sens quâelle applique au christianisme la formule ambigĂŒe de religion des esclaves » des esclaves crucifiĂ©s par lâaveugle nĂ©cessitĂ© de la sociĂ©tĂ©. Avant la lecture du poĂšme de George Herbert, elle n'avait, comme on lâa dit, jamais lu un seul Ă©crit mystique AD, p. 45. Ce nâest quâen juin 1941, lors de son sĂ©jour chez Gustave Thibon quâelle dĂ©couvrira â en grec â les mots du Notre PĂšre. Elle sâengage aussitĂŽt Ă lâapprendre par cĆur, dĂ©couvrant la douceur infinie de ce texte » qui la saisit tellement qu'elle ne peut s'empĂȘcher de le rĂ©citer dĂšs lors presque continuellement. Se bornant Ă cette unique pratique religieuse, elle s'astreint Ă recommencer cette rĂ©citation jusqu'Ă ce qu'elle obtienne une attention absolument pure ». Elle connaĂźt alors cet Ă©tat que les thĂ©ologiens de la vie spirituelle ont nommĂ© la contemplation acquise » Parfois les premiers mots dĂ©jĂ arrachent ma pensĂ©e Ă mon corps et la transportent en un lieu hors de l'espace d'oĂč il n'y a ni perspective ni point de vue. L'espace s'ouvre. L'infinitĂ© de lâespace ordinaire de la perception est remplacĂ©e par une infinitĂ© Ă la deuxiĂšme ou quelque fois troisiĂšme puissance. En mĂȘme temps, cette infinitĂ© d'infinitĂ© s'emplit de part et d'autre de silence, un silence qui n'est pas une absence de son, qui est lâobjet dâune sensation positive, plus positive que celle d'un son. Les bruits, s'il y en a, ne me parviennent qu'aprĂšs avoir traversĂ© ce silence AD, p. 48-49. Simone Weil dĂ©crit ici ce que les thĂ©ologiens de la vie spirituelle nomment la nuit des sens », le sommeil des puissances », ou le silence des facultĂ©s de surface de l'Ăąme ». Jusque-lĂ son expĂ©rience ne dĂ©passe pas la contemplation acquise » ; mais voici qui ressemble au premier degrĂ© de la contemplation passive Parfois aussi, pendant cette rĂ©citation ou Ă d'autres moments, le Christ est prĂ©sent en personne, mais d'une prĂ©sence infiniment plus rĂ©elle, plus poignante, plus claire et plus pleine d'amour que cette premiĂšre fois oĂč il m'a prise. » AD, p. 49. De 1934 Ă 1941, Simone Weil est comme saisie par une vraie vie mystique. Sa rencontre avec le Christ, qu'elle sâefforce de rejoindre en participant aux souffrances du monde, marque une Ă©tape dans sa vie. Elle sait dĂ©sormais que quelque chose fait exception Ă la pesanteur, quâelle nomme la grĂące »⊠en contraste avec le rĂšgne de la force qui sâimpose dans le mĂȘme temps en Europe, tandis que lâAllemagne nazie envahit la France. Le 1er septembre 1939 la Wehrmacht envahit la Pologne, et le 17 câest au tour de lâArmĂ©e rouge, selon le pacte secret germano-soviĂ©tique. Le 1er septembre, câest aussi la mobilisation gĂ©nĂ©rale le 2 en Suisse. Le 3 septembre, dĂ©claration de guerre de la Grande-Bretagne et de la France ainsi que de lâAustralie et de la Nouvelle ZĂ©lande. Simone Weil rĂ©dige Quelques rĂ©flexions sur lâorigine de lâhitlĂ©risme. Le 10 mai 1940, dĂ©but de l'opĂ©ration Fall Gelb, offensive allemande Ă l'Ouest contre les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la France. C'est aussi le dĂ©but de la Bataille de France et la fin de la DrĂŽle de guerre. DĂ©clarĂ©e ville ouverte dĂšs la dĂ©bĂącle, Paris est occupĂ©e par la Wehrmacht le 14 juin 1940. Le 15 juin 1940, Simone Weil est obligĂ©e, en raison de ses origines juives, de monter Ă contrecĆur avec ses parents dans le dernier train qui quitte Paris en direction du sud, en zone libre ». Elle sâarrĂȘte dâabord Ă Nevers, puis, en raison de lâarrivĂ©e des Allemands, sâĂ©chappe en direction de Vichy quelques jours avant que PĂ©tain nây installe son gouvernement â juste le temps pour elle de sâoccuper du sort des prisonniers de guerre coloniaux â, et arrive enfin Ă Marseille, dâoĂč elle ne songe quâĂ sâembarquer pour lâAngleterre afin dây rejoindre les jeunes forces de la France Libre. Mais Ă Marseille elle ne demeure pas inactive. Elle Ă©crit dans les Cahiers du Sud, et distribue clandestinement, au risque de sa vie, les Cahiers du TĂ©moignage chrĂ©tien, créés pour lutter contre la collaboration avec le nazisme. Elle se prĂ©occupe aussi du sort de travailleurs indochinois regroupĂ©s au camp de Mazargues en leur distribuant ses tickets dâalimentation et en intervenant pour eux auprĂšs des autoritĂ©s. Elle se lie avec RenĂ© Daumal[1] et Lanza del Vasto, frĂ©quente la SociĂ©tĂ© dâĂ©tudes philosophiques de Marseille animĂ©e par Gaston Berger[2] et lit Initiations Ă la physique de Max Planck. Mais en octobre 1941 elle nâhĂ©site pas Ă abandonner ses travaux Ă©rudits Ă©tudes du Tao te King de Lao-tseu et des Upanishad pour aller travailler comme ouvriĂšre agricole chez lâĂ©crivain-agriculteur Gustave Thibon, puis aux vendanges dans le Gard Ă Saint-Julien-de-Peyrolas, ce qui fut vite un vĂ©ritable enfer pour elle, car la tuberculose commençait Ă la miner Un jour je me demandai si je n'Ă©tais pas morte et tombĂ©e en enfer sans mâen apercevoir, et si l'enfer ne consistait pas Ă vendanger Ă©ternellement. » La Pesanteur et la GrĂące, p. VI. Câest le dominicain Joseph-Marie Perrin qui lâa mise en relation avec Thibon. Elle sâentretient rĂ©guliĂšrement avec ce religieux sur les problĂšmes qui la tiennent Ă distance de lâĂglise. En 1942, elle suit la Semaine Sainte Ă lâabbaye dâEn-Calcat, sây entretient avec Dom ClĂ©ment Jacob qui la considĂšre comme hĂ©rĂ©tique. Ses parents la persuadent, difficilement, de quitter la France et de rejoindre son frĂšre AndrĂ© qui lâa prĂ©cĂ©dĂ©e Ă New-York. Le 14 mai, elle embarque pour les USA, via Casablanca. Le voyage dure un mois du 7 juin au 8 juillet durant lequel elle sent douloureusement se creuser lâĂ©cart qui la sĂ©pare de son pays natal. Consentant Ă contrecĆur Ă sâexiler aux Ătats-Unis pour mettre ses parents Ă lâabri de lâantisĂ©mitisme, elle frĂ©quente Ă New-York Jacques Maritain et le pĂšre Couturier. Mais elle ne rĂȘve que de rejoindre la RĂ©sistance, cherchant Ă sây s'engager au plus tĂŽt. AprĂšs de multiples dĂ©marches â elle Ă©crit Ă Jacques Soustelle et Ă Maurice Schumann â elle parvient enfin Ă embarquer pour Londres pour y rejoindre la France Libre. Le 10 novembre 1942, elle sâembarque sur un bateau suĂ©dois en partance pour Liverpool et rejoint le Conseil national de la RĂ©sistance. Elle se dĂ©mĂšne pour obtenir une mission en France occupĂ©e, ce qui lui est refusĂ© en raison de son Ă©tat de santĂ©. Elle est aussi, lui dit-on, trop connue des services allemands. Ce refus est pour elle comme une mort. Elle Ă©crit Ă un capitaine anglais Nâimporte quel degrĂ© de danger me serait bienvenu si seulement je pouvais faire quelque chose de rĂ©ellement utile. Ma vie nâa pour moi aucune valeur aussi longtemps que Paris, ma citĂ© natale, est soumise Ă la domination allemande. » Introduite par des amis dans la Direction de lâIntĂ©rieur de la France libre », on lui demande de travailler plutĂŽt sur ce qui pourrait ĂȘtre la future Constitution de la France, une fois libĂ©rĂ©e. Ce travail inachevĂ©, dans lequel elle investira ses derniĂšres forces, donne naissance Ă son maĂźtre-livre, LâEnracinement, dont le sous-titre Ă©claire bien le projet PrĂ©lude Ă une dĂ©claration des devoirs envers lâĂȘtre humain. Car lâhomme, Ă ses yeux, est un ĂȘtre de devoirs â celui dâabord de reconnaĂźtre ce qui le lie originellement Ă ses frĂšres â bien avant dâavoir des droits voir Ăcrits de Londres. Ă partir de ce moment, choisissant de se contenter de la ration alimentaire officielle allouĂ©e aux Français de France, elle distribue ses tickets de ravitaillement aux plus nĂ©cessiteux. Un trait encore elle sâest trouvĂ© une chambrette dans un quartier trĂšs pauvre de Londres, Holland Park, chez Mrs Francis qui doit prendre soin de ses deux enfants de 9 et 14 ans. Simone Weil consacre une part de son prĂ©cieux temps Ă leur raconter des histoires spĂ©cialiste des contes, elle en connaĂźt de merveilleux. JusquâĂ la fin elle reste tourmentĂ©e dans sa quĂȘte religieuse par la dichotomie, insupportable Ă ses yeux, entre dâune part sa foi au Christ, jointe Ă un ardent dĂ©sir de lâEucharistie, et dâautre part son impossibilitĂ© rationnelle dâaccepter certaines positions de lâĂglise. Elle allait Ă la messe tous les dimanches et souvent en semaine. Parfois Maurice Schumann lâaccompagnait, mais elle le quittait au seuil de lâĂ©glise parce quâelle prĂ©fĂ©rait ĂȘtre seule pendant lâoffice. Quatre mois de dĂ©sillusions et de privations achĂšveront de lâĂ©puiser. ExtĂ©nuĂ©e, souffrant de malnutrition, atteinte de tuberculose, elle est retrouvĂ©e inconsciente chez elle, un matin, par son amie Simone Deitz. Elle est alors hospitalisĂ©e Ă lâhĂŽpital Middlesex. Sur son lit dâhĂŽpital, elle reprend la lecture de la GĂźtĂą en sanscrit. En dĂ©saccord avec certaines orientations de La France Libre, reprochant au mouvement gaulliste ses prĂ©tentions Ă lâhĂ©gĂ©monie, elle dĂ©missionne de ses fonctions. TransfĂ©rĂ©e au sanatorium dâAshford Kent le 17 aoĂ»t, elle sây Ă©teint le 24 aoĂ»t 1943, Ă lâĂąge de 34 ans, dâune dĂ©faillance cardiaque. Elle sera enterrĂ©e dans la partie du cimetiĂšre rĂ©servĂ©e aux catholiques. Le prĂȘtre qui devait accompagner lâinhumation nâarrivera pas il a manquĂ© son train ! La vie de Simone Weil pourrait se rĂ©sumer dans cette phrase qu'elle Ă©crivait Ă G. Thibon Je n'ai jamais pu encore vraiment me rĂ©signer Ă ce que tous les ĂȘtres humains autres que moi ne soient pas complĂštement prĂ©servĂ©s de toute possibilitĂ© de malheur. » PG, p. VII. Dans un document connu sous le nom dâAutobiographie spirituelle elle avait Ă©crit au pĂšre Perrin Jâai toujours cru que lâinstant de la mort est la norme et le but de la vie. Je pensais que pour ceux qui vivent comme il convient, câest lâinstant oĂč pour une fraction infinitĂ©simale du temps la vĂ©ritĂ© pure, nue, certaine, Ă©ternelle entre dans lâĂąme. Je peux dire que jamais je nâai dĂ©sirĂ© pour moi un autre bien. » Note de l'auteur Cet exposĂ© est nourri des travaux des nombreux auteurs qui se sont penchĂ©s sur Simone Weil et auxquels je n'ai pas hĂ©sitĂ© Ă emprunter, tout en renonçant ici Ă en mentionner les rĂ©fĂ©rences, afin de ne pas en alourdir le propos.» Simone Weil une vie en quĂȘte de vĂ©ritĂ© 1/4Simone Weil une vie en quĂȘte de vĂ©ritĂ© 3/4 [1] PoĂšte, critique, essayiste, indianiste, Ă©crivain et dramaturge, RenĂ© Daumal 1908-1944 avait rencontrĂ© Simone Weil dans la classe dâAlain au LycĂ©e Henri IV. Ă Marseille, il lui enseigne le sanskrit, dont il avait composĂ© une grammaire. [2] Le pĂšre du chorĂ©graphe Maurice BĂ©jart.
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Lenracinement de Simone Weil - Simone Weil . Il nây a aucune possibilitĂ© de satisfaire chez un peuple le besoin de vĂ©ritĂ© si lâon ne peut trouver Ă cet effet des hommes qui aiment la vĂ©ritĂ©. L'enracinement de Simone Weil - Simone Weil . Nulle poĂ©sie concernant le peuple nâest authentique si la fatigue nây est pas, et la faim et la soif issues de la fatigue. Ćuvres
ï»żCitation de Simone Weil Trouvez la citation idĂ©ale de Simone Weil parmi 88 citations, proverbe, phrase, dicton, interview ou bon mot. Page 4 sur un total de 5 pages. <1245Liste de citations - Les citations de Simone WeilL'amour est un signe de notre misĂšre. Dieu ne peut aimer que soi. Nous ne pouvons aimer qu'autre chose. La Pesanteur et la GrĂące, Simone Weil, Ă©d. Plon, 1988 ISBN 978-2-259-19202-6, p. 74 - Simone Weil C'est un grand danger que celui d'aimer Dieu comme un joueur aime le jeu. La Pesanteur et la GrĂące, Simone Weil, Ă©d. Plon, 1988 ISBN 978-2-259-19202-6, p. 66 - Simone Weil Un critĂ©rium du rĂ©el, c'est que c'est dur et rugueux. On y trouve des joies, non de l'agrĂ©ment. Ce qui est agrĂ©able est rĂȘverie. La Pesanteur et la GrĂące, Simone Weil, Ă©d. Plon, 1988 ISBN 978-2-259-19202-6, p. 65 - Simone Weil Le temps est une image de l'Ă©ternitĂ©, mais c'est aussi un ersatz de l'Ă©ternitĂ©. La Pesanteur et la GrĂące, Simone Weil, Ă©d. Plon, 1988 ISBN 978-2-259-19202-6, p. 28 - Simone Weil Parmi les ĂȘtres humains, on ne reconnaĂźt pleinement l'existence que de ceux qu'on aime. La Pesanteur et la GrĂące, Simone Weil - Simone Weil La vulnĂ©rabilitĂ© des choses prĂ©cieuses est belle parce que la vulnĂ©rabilitĂ© est une marque d'existence. La Pesanteur et la GrĂące de Simone Weil - Simone Weil L'esprit succombant sous le poids de la quantitĂ© n'a plus d'autre critĂ©rium que l'efficacitĂ©. La Pesanteur et la GrĂące de Simone Weil - Simone Weil Pour ceux dont le je est mort, on ne peut rien faire, absolument rien. Mais on ne sait jamais si, chez un humain dĂ©terminĂ©, le je est tout Ă fait mort, ou seulement inanimĂ©. S'il n'est pas tout Ă fait mort, l'amour peut le ranimer comme par une piqĂ»re, mais seulement l'amour tout Ă fait pur, sans la moindre trace de condescendance, car la moindre nuance de mĂ©pris prĂ©cipite vers la mort. La Pesanteur et la GrĂące de Simone Weil - Simone Weil Depuis plusieurs siĂšcles, nous avions vĂ©cu sur l'idĂ©e de progrĂšs. Aujourd'hui, la souffrance a presque arrachĂ© cette idĂ©e hors de notre sensibilitĂ©. Ainsi nul voile n'empĂȘche de reconnaĂźtre qu'elle n'est pas fondĂ©e en raison. On l'a crue liĂ©e Ă la conception scientifique du monde, alors que la science lui est contraire tout comme la philosophie authentique. Ecrits historiques et politiques, En quoi consiste l'inspiration occitanienne, p. 80 - Simone Weil Toutes choses en ce monde sont exposĂ©es au contact de la force, sans aucune exception, sinon celle de l'amour. Il ne s'agit pas de l'amour naturel, comme celui de PhĂšdre et d'Arnolphe, qui est esclavage et tend Ă la contrainte. C'est l'amour surnaturel, celui qui dans sa vĂ©ritĂ© va tout droit vers Dieu, qui en redescend tout droit, uni Ă l'amour que Dieu porte Ă sa crĂ©ation, qui directement ou indirectement s'adresse toujours au divin. Ecrits historiques et politiques, En quoi consiste l'inspiration occitanienne, p. 80 - Simone Weil Toutes choses en ce monde sont exposĂ©es au contact de la force, sans aucune exception, sinon celle de l'amour. Ecrits historiques et politiques, En quoi consiste l'inspiration occitanienne, p. 80 - Simone Weil Le froid de l'acier est pareillement mortel Ă la poignĂ©e et Ă la pointe. Tout ce qui est exposĂ© au contact de la force est susceptible de dĂ©gradation. Ecrits historiques et politiques, En quoi consiste l'inspiration occitanienne, p. 80 - Simone Weil Frapper ou ĂȘtre frappĂ©, câest une seule et mĂȘme souillure. Ecrits historiques et politiques, En quoi consiste l'inspiration occitanienne, p. 80 - Simone Weil Ătre orgueilleux, c'est oublier quâon est DieuâŠ. La pesanteur et la grĂące, n°99 - Ed. Plon- 2009 - Simone Weil Le mal est Ă l'amour ce que le mystere est Ă l'intelligence. - Simone Weil Le PĂšre fait ĂȘtre le Fils par amour, parce que le Fils est le Bien. Le Fils ne veut pas ĂȘtre par amour, parce que le PĂšre seul est le Bien. Pour le PĂšre, Dieu est le Fils. Pour le Fils, Dieu est le PĂšre. Tous deux ont raison. La connaissance surnaturelle - Simone Weil L'amour est une chose divine. S'il entre dans un cĆur humain, il le brise. Le cĆur humain a Ă©tĂ© créé pour ĂȘtre ainsi brisĂ©. C'est le plus triste des gaspillages, quand il est brisĂ© par autre chose. La connaissance surnaturelle - Simone Weil Les publications destinĂ©es Ă influer sur ce qu'on nomme l'opinion ne doivent porter aucun prĂ©judice illĂ©gitime Ă aucun ĂȘtre humain. L'Enracinement - Simone Weil La libertĂ© d'expression totale, illimitĂ©e, pour toute opinion quelle qu'elle soit, sans aucune restriction ni rĂ©serve, est un besoin absolu pour l'intelligence. L'Enracinement - Simone Weil Je n'oublierai jamais le moment ou, pour la premiĂšre fois, j'ai senti et compris la tragĂ©die de la colonisation. [. .. ] Depuis ce jour, j'ai honte de mon pays. Depuis ce jour, je ne peux pas rencontrer un Indochinois, un AlgĂ©rien, un Marocain, sans avoir envie de lui demander pardon. Pardon pour toutes les douleurs, toutes les humiliations qu'on lui a fait souffrir, qu'on a fait souffrir Ă leur peuple. Car leur oppresseur, c'est l'Etat français, il le fait au nom de tous les Français, donc aussi, pour une petite part, en mon nom. C'est pourquoi, en prĂ©sence de ceux que l'Etat français opprime, je ne peux pas ne pas rougir, je ne peux pas ne pas sentir que j'ai des fautes Ă racheter. Qui est coupable des menĂ©es antifrançaises » 1938, dans Ăcrits historiques et politiques - Simone Weil Page 4 sur un total de 5 pages. <1245 - Marcel Achard - Douglas Adams - Emile-Auguste Chartier, dit Alain - Jean le Rond d' Alembert - Alexandre le Grand - Ali Ibn Abu Talib - Alphonse Allais - Woody Allen - Almanach Vermot - Jacques Amyot - Anonyme - Jean Anouilh - Guillaume Apollinaire - Louis Aragon - Hannah Arendt - Aristote - Antonin Artaud - Michel Audiard - Saint Augustin - Amadou HampĂątĂ© BĂąLes naissances et les dĂ©cĂšs de personnages cĂ©lĂšbresIls sont nĂ©s ce jour Simone Weil - DĂ©couvrez notre sĂ©lection des meilleures citations et proverbes de Simone Weil Alain AbbĂ© Pierre Alphonse Allais Woody Allen Apollinaire Aragon Aristote Audiard Balzac Baudelaire Beigbeder Bible Christian Bobin Bouddha Brel Camus CĂ©sar Coco Chanel Paulo Coelho CĂ©line Chruchill Coluche Confucius Coran Pierre Dac DalaĂŻ-Lama FrĂ©dĂ©ric Dard Desproges Dictons Einstein Freud Mohandas Karamchand Gandhi Khalil Gibran Che Guevara Sacha Guitry Victor Hugo Martin Luther King Lao-Tseu NapolĂ©on Ier Friedrich Wilhelm Nietzsche Platon PrĂ©vert Saint-ExupĂ©ry SĂ©nĂšque Shakespeare Socrate Boris Vian Voltaire Oscar Wilde Jean Yanne
Ilrestera de toi une larme tombée, Un sourire germé sur les yeux de ton coeur. Il restera de toi ce que tu as semé Que tu as partagé aux mendiants du bonheur. Ce que tu as semé,
RT@France2tv: « Il restera de toi » : l'émouvant et puissant poÚme de Simone Weil dit par François Cluzet. Ce soir à 21h05 : les artistes célÚbrent #
Ilrestera de toi ce que tu as donné. Au lieu de le garder dans des coffres rouillés. Il restera de toi de ton jardin secret, Une fleur oubliée qui ne s'est pas fanée. Ce que tu as donné En d'autres fleurira. Celui qui perd sa vie
tYLm3S. ulb4feios4.pages.dev/354ulb4feios4.pages.dev/361ulb4feios4.pages.dev/231ulb4feios4.pages.dev/188ulb4feios4.pages.dev/144ulb4feios4.pages.dev/151ulb4feios4.pages.dev/61ulb4feios4.pages.dev/350ulb4feios4.pages.dev/229
poĂšme il restera de toi simone veil