Il y a un an et demi, l'homme avec qui je vivais est mort en faisant l'amour avec moi, couché sur mon corps. Il a eu une rupture d'anévrisme. J'ai essayé de le réanimer mais sans succès, et quand le SAMU est arrivé, les ambulanciers n'ont pas réussi à le ramener. Le médecin m'a demandé de la prendre décision d'arrêter ou de continuer la réanimation. Quand j'ai compris qu'il était en train de mourir, j'ai voulu lui offrir la plus belle de mort en le laissant partir. J'avais la certitude qu'il ne reviendrait pas. J'ai participé à tous les instants jusqu'à qu'il soit mis en terre. J'avais perdu cinq kilos en un jour, mon corps était à moitié paralysé et je souffrais si fort dans ce corps qui n'obéissait plus à ma volonté... Et puis le temps a fait son oeuvre, la vie a repris ses droits, je suis retombée amoureuse. Mais c'était dur. Chaque fois que je faisais l'amour, j'étais tétanisée, me demandant si mon nouvel amant n'allait pas mourir aussi... Comment le supporterais-je ? Je sais que c'était stupide, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. J'ai voulu que l'homme qui m'avait quitté soit fier de ce que j'avais réussi à faire de mon chagrin, de cette épreuve. Et puis, un an plus tard, je me suis réveillée en colère. Une colère noire ! Pourquoi n'était-il pas mort dans notre cuisine, dans notre salon ? S'était-il seulement demandé ce que cela pouvait changé dans la vie de celle qui reste ? Pendant l'année qui a suivi, j'ai voulu regarder les choses du point de vue de l'âme, mais j'ai oublié que je ne suis qu'une humaine, juste une femme de 35 ans qui a perdu l'homme qui fut mon meilleur compagnon de route. Aujourd'hui, je suis en colère... Contre la manière dont il est parti, contre ce que cela engendre de difficultés dans ma vie de femme… Et même si le fait de sortir cette colère est très douloureux, je sens que si je ne l'acceptais pas, et ne la regardais pas en face, ce serait mourir un peu, refuser la vie à venir.